PULP est un thriller, une réflexion sur une vie de violence et un hommage appuyé aux Pulps, délivrée par la dream team constituée de Ed Brubaker et Sean Phillips.
Max Winters, un écrivain de Pulps dans les années 1930 à New York, est entraîné dans une histoire qui rappele celles qu'il écrit pour cinq cents le mot - des histoires mettant en scène un hors-la-loi du Far West qui rend justice à coups de revolver. Max sera-t-il aussi efficace que ses héros face à des braqueurs de banque, des espions nazis et des ennemis issus de son passé?

Pas d'avis pour le moment.

Après Mes Héros ont toujours été des junkies et Sale Week-end, et avant Un Été Cruel qui sortira à la fin du mois, Ed Brubaker et Sean Phillips signe un nouveau récit complet à l’ambiance polar, avec Pulp. C’est toujours édité par Delcourt, et toujours dans un format « nouvelle », d’environ 70 pages.

Les deux auteurs nous plongent cette fois dans la fin des années 1930, plus précisément à New York, alors que l’Europe est sur le point d’entrée dans la seconde guerre mondiale. Pour nous dépayser encore un peu plus, ils y ajoutent une grosse touche de western, que l’on vit à travers l’écriture d’un comic book, mais également des flashbacks. Max Winter a vécu ses jeunes années durant la fin du siècle précèdent, et a donc connu les dernières années d’une amérique version Far West. Et son expérience, il la romance aujourd’hui en écrivant des pulps de western. Brubaker revient une nouvelle fois vers une thématique qu’il apprécie, parler des auteurs, des créateurs, des écrivains, de l’envers du décor, et de la difficulté du métier. C’était évidemment palpable dans Sale Week-end, ça l’est à nouveau ici alors que Max a beaucoup de mal à s’offrir un salaire raisonnable en étant pigiste. Et ce quand il ne se fait pas carrément remplacer par moins coûteux que lui. On sent qu’il y a toujours un aspect très personnel dans ce thème, pour un Brubaker qui est encore récemment monté au créneau pour réclamer plus de reconnaissance pour la création du Soldat de l’Hiver, désormais star du grand et petit écran.
Les rues au bord de la rupture du New York de 39 et les grands espaces américains, l’ambiance varie donc légèrement par rapport aux derniers one-shots du duo. Et pourtant, on y retrouve toujours cette patte « Criminal », cette ambiance polar pleine de charme imprimée par Sean Phillips. Les séquences « far west » ont une colorisation différente très inspirée. On est proche ce qui avait été fait sur Sale Week-end déjà. On est donc loin d’être dépaysé, finalement. C’est l’univers qu’on aime, et c’est toujours un bonheur d’y replonger.

Une autre thématique du comics est moins familière à Brubaker. Je n’ai pas forcément le souvenir de l’avoir bu aborder le nazisme, en dehors de ses travaux sur Captain America, bien évidemment. Des histoires sur la seconde guerre mondiale et le nazisme, il y en a pléthore, et pour le dire gentiment, ça commence doucement à nous fatiguer. Mais l’angle utilisé ici et assez original et intéressant, la montée du mouvement politique d’Hitler au sein même du peuple américain, qui n’est pas encore concerné par cette guerre qui arrive. L’ennemi est déjà sur place, et ce n’est pas quelque chose que l’on entend souvent. Cette approche va permettre au scénariste de faire un parallèle avec l’époque Western, lors de laquelle les bandits étaient clairement identifiés, alors qu’ils sont désormais plus vicieux et plutôt infiltrés. Les lignes bougent, les camps et les alliances changent, et Max se retrouvent à travailler au côté de personnes avec lesquelles il n’aurait jamais penser s’entendre. L’ennemi de mon ennemi est mon ami.
Et puis on nous parle de nostalgie d’une époque révolue. De la difficulté à trouver sa place dans un monde qui nous a dépassé et donne l’impression de ne plus être le nôtre. Cette histoire pose des questions fondamentales, une fois que l’on n’a plus rien à perdre, jusqu’où est-on prêt à aller ? Qu’est-ce qu’on laisse derrière nous ? L’héritage qu’on offre est plus important que notre vie actuelle dénuée de sens ? Je ne sais pas si on a la réponse une fois arrivé à la dernière page, mais c’est un polar dans la plus pure tradition du genre, qui se finit rarement totalement bien. Et c’est exactement tout ce que l’on souhaite.

Brubaker et Phillips excelle dans le genre et n’ont presque plus rien à prouver. Ils continuent pourtant de le faire, et sont d’autant plus efficaces sur ce format court en one-shot. On retrouve des personnages paumés aux destins tragiques. Une ambiance lourde, qui s’installe tranquillement pour monter crescendo. Un rythme parfaitement maitrisé. Et une histoire qui donne l’impression de pouvoir partir en vrille à tout moment. Une fois de plus, on est aspiré par la lecture et il est difficile de ne pas dévorer la BD d’une seule bouchée.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- L'ambiance
- La thématique politique
- Du polar pur, sombre et tragique
- Les dessins de Sean Phillips

LES POINTS FAIBLES

-

 

4

Encore une réussite !

Conclusion

La recette polar en one-shot de Brubaker et Phillips est toujours aussi efficace, les thématiques abordées toujours aussi appréciables, et c’est à chaque fois un bonheur de se plonger dans cet univers.