Le nouveau phénomène du comic strip venu de Norvège !

Faites la connaissance de Jens, Gustave, Brego et leurs amis dans leurs aventures septentrionales. Entre un espace de co-working branché où personne ne fait rien mais développe une application smartphone pour cela, une dépression d’automne qui s’installe, Brego, le chien, qui aide Gustav pour son exposé scolaire sur les oiseaux puisqu’il est lui-même un caboiseau ou les sessions de camping en intérieur… Dans ce premier tome composé entre 2018 et 2019, plus de 270 strips sont compilés, témoignage de la naissance d’une série marquante et d’un auteur terriblement attachant.

Depuis le nord du cercle polaire arctique, on n’a jamais aussi bien mis en lumière la bêtise navrante, touchante, simplement humaine qui compose notre quotidien. Dans la plus pure tradition du comic strip (Calvin & Hobbes, Snoopy, Bones, Garfield…) Jens K. Styve arrive à être à la fois drôle, faussement naïf et le plus souvent clairvoyant.
Autobiographie passée par le miroir déformant d’un humour caustique, qui prend pour acteurs les membres de sa propre famille, ses collègues et son chien.

Dunce frappe droit au cœur !

Pas d'avis pour le moment.

C’est parti pour le nouveau label comics français, né au sein des éditions 404, et sobrement intitulé 404 Comics. Porté par Nicolas Beaujouan à la direction éditoriale, ce nouveau label nous promet quelques petites pépites avec une ligne éditoriale léchée et assez hétéroclite. Les deux premiers titres sortent aujourd’hui, à savoir Dunce (dont on vous parle ici) et Big Girls (dont on vous reparle très vite). En 2021, en termes de comics pur, on retrouvera la série Jonna de Chris Samnee, ainsi que The Autumnal dans un style plus « folk horror ». Le label proposera également de la création 100% originale, qui débutera avec Big Under Catacombes, en octobre. Vous pouvez retrouver tout le programme de l’année par ici.

Mais nous débutons donc avec Dunce, de l’auteur norvégien Jens K. Styve. Ce n’est pas une publication américaine, mais celle-ci s’inscrit dans la plus pure tradition du comic strip outre-Atlantique. Sans essayer de comparer, on pensera évidemment aux références que sont Bill Watterson et son Calvin & Hobbes, ou Charles M. Schulz et ses Peanuts. Dunce est devenu un vrai phénomène de la BD en Norvège, élu comics de la décennie et lauréat du Sproing Award (une sorte d’équivalent du Fauve d’or d’Angoulême). C’est donc presque tout naturel de pouvoir découvrir cette œuvre en France, ce qui est possible grâce à 404 Comics et une traduction soignée d’Alex Fouillet.

Ce premier tome de la série contient plus de 270 strips, publiés entre 2018 et 2019. On y suit la vie quotidienne de Jens, accompagné de son fils Gustave et de son chien Brego, ainsi que d’une galerie de personnages haut en couleur. L’auteur raconte donc son quotidien : la vie en Norvège, la relation avec son fils, le travail. On y retrouve toute la dérision et le second degré que l’on peut attendre de ce genre de strips humoristiques. On apprécie le recul que réussit à prendre l’auteur sur un récit en partie autobiographique, pour nous présenter les évènements du quotidien avec beaucoup de cœur et de finesse. Mais également avec beaucoup d’intelligence et de mordant, puisque l’on va y retrouver de nombreuses thématiques abordées avec un œil critique, et toujours beaucoup de dérision. On peut citer l’addiction au numérique, le consumérisme à outrance, les nouvelles manières de travailler dans les start-ups (des strips toujours extrêmement drôles tellement ils sont à la fois absurdes et très réalistes), la mode du hipster sous toutes ses formes. L’un des thèmes récurrents, qui imprime profondément le récit, est tout simplement la vie dans le nord de la Norvège, plus précisément à Tromsø, où vit Jens. C’est ce qui va donner un vrai ton au récit, et lui conférer son originalité et sa fraîcheur. Les hivers sont longs et rudes, les conditions météorologiques assez extrêmes, et disons le simplement, il n’y a pas grand-chose à faire ! La dépression saisonnière s’installe donc logiquement comme l’un des axes principaux de l'histoire. Une problématique qui n’est pas forcément traitée avec légèreté, il nous fait ressentir que ce ne sont pas des périodes faciles, qui peuvent avoir des conséquences assez néfastes sur le quotidien et la santé mentale. Mais il y amène toujours suffisamment d’humour pour être touchant et juste, sans tomber dans le mélodrame. Le personnage du fils est un outil narratif vraiment intéressant dans cette perspective, pour permettre de dédramatiser la plupart des situations, et les rendre également extrêmement touchantes.

   

   

Durant la lecture de Dunce, on aura souvent un petit sourire en coin ou un petit rire camouflé, et parfois, on ne pourra retenir un véritable éclat de rire des plus sincères. On se retrouvera aussi régulièrement à acquiescer concernant les thématiques proposées et le regard critique et piquant de l’auteur envers notre société contemporaine. Il pourra même nous faire réfléchir, nous forcer à nous poser quelques questions et à avoir, en retour, un regard critique sur nous-mêmes et certains de nos propres comportements. Bien sûr, tout ne sera pas drôle pour tout le monde. C’est toujours le risque avec l’humour, certaines blagues tombent un peu à l’eau. D’autres ne sont pas forcément comprises. Mais c’est un aspect qui est très subjectif et qui dépendra du lecteur et de son propre ressenti. On ne peut pour autant nier qu’il y a des moments très drôles et que dans l’ensemble, cette très belle œuvre de Jens K. Styve est touchante, sincère et pertinente.

   

Sur l’aspect graphique, on appréciera la mise en couleur, avec des tons très sobres et extrêmement chaleureux. Les dégradés en fond sont vraiment jolis et les variations de couleurs sont efficaces. Les tons bleu/gris/vert impriment forcément une certaine atmosphère nordique, mais ne sont jamais tristes ni froids pour autant. Au niveau du dessin, on retrouve des personnages "cartoonesques", extrêmement drôles et expressifs, dans la tradition du genre. Des personnages aux apparences assez longilignes et aux visages aux grands « becs », surmontés d'yeux oscillants entre des points et des gros globules, en fonction du contexte. On sent forcément les inspirations venant de grands auteurs qui l’ont précédé, voire des hommages à ceux-ci. On peut notamment penser à Franquin ou Trondheim.
Les strips présentés sont majoritairement composés de quatre cases, avec quelques variantes régulières. Ils sont majoritairement organisés sur une seule page, par lignes de trois, mais là aussi avec quelques variantes. Alterner l’organisation de ces strips et des cases sur les pages, permet de rendre la lecture plus dynamique et un peu moins redondante. On est parfois amené à se demander ce qui peut valoir à un strip en deux cases d’être présenté en grand sur deux pages, avec une case par page, mais ce n’est en rien gênant à la lecture.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Les thématiques abordées
- L'atmosphère nordique
- L'humour et la sincérité
- L'aspect contemporain
- Les couleurs

LES POINTS FAIBLES

- Quelques blagues qui ne font pas mouche (le risque du genre)

 

4.5

Pas si cancre que ça !

Conclusion

Du comic strip dans la plus pure tradition du genre : drôle, mordant, pertinent et très contemporain. Avec une touche d’originalité et de fraîcheur nous venant tout droit de Norvège.