Série iconoclaste annulée par DC Comics (sous la pression de groupes religieux intégristes aux US) où elle devait initialement être publiée, Le Retour du Messie est un titre aussi irrévérencieux que drôle.
Dieu ordonne à Sunstar - le super-héros le plus puissant de la Terre - d'accueillir son fils, autrement dit Jésus, en tant que co-locataire, afin de lui apprendre à utiliser ses pouvoirs de manière plus... puissante et spectaculaire. Jésus, choqué par la façon dont les humains ont déformé son message et celui de son père, jure de tout faire pour remettre les choses en place.

  • Zarkoneil
    Zarkoneil

    il y a 3 ans

    Qu'on ne se trompe pas, c'est pas une bd humoristique, il y a des moments rigolomais la bd n'est pas orientée poilade. C'est plutôt des impressions personnelle sur le message laissé par JC (Jesus Christ, pas Jean-Claude) et ce qu'il en a été compris par les hommes. Ca se laisse lire sans problème mais on cherche avec nos yeux de Français pourquoi cela à déclenché toutes ses histoires aux US...

La review du jour est un titre proposé par Delcourt. Il s'agit du comics Le retour du messie verset 1. Il est écrit par Mark Russell et est dessiné Richard Pace et Leonard Kirk. Il est sorti le 31 mars pour 15.95 euros.


Dieu ordonne à Sunstar - le super-héros le plus puissant de la Terre - d'accueillir son fils, autrement dit Jésus, en tant que co-locataire, afin de lui apprendre à utiliser ses pouvoirs de manière plus... puissante et spectaculaire. Jésus, choqué par la façon dont les humains ont déformé son message et celui de son père, jure de tout faire pour remettre les choses en place.

Dieu : Tu les laisses te faire un procès ? Mais tu es con comme la lune, ou quoi ? C'est pour quoi faire cette croix ? QUOOI ?!

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il serait de bon de parler un petit peu de la création de ce comics. Ce n'est sans doute pas une grande surprise si je vous dis que ce comics a eu quelques problèmes. Forcément, avec un sujet pareil d'un côté, et les mouvements religieux américains de l'autre, il y avait fort à parier que les auteurs se fassent taper sur les doigts avant même que le titre ne sorte. Et bien sûr, cela n'a pas raté ! De fil en aiguille, la publication est repoussé puis, c'est carrément DC Comics qui se retire du projet. On retrouve donc le titre, quelques temps plus tard, mais chez Ahoy Comics.

Dieu : Tu les laisses crucifier le fils du tout-puissant... De quoi j'ai l'air, moi, maintenant ? Cela m'apprendra à avoir fait un fils unique.

Avec un synopsis pareil, il est possible de faire des merveilles ou de se ramasser comme jamais. Dans le cas de l'oeuvre de Mark Russell, on s'approcherait plus de la première possibilité. L'approche est intelligente et l'auteur utilise à merveille le décalage entre Jesus et le super-héros bien que, dans les faits, on pourrait tout aussi bien parler de décalage entre Jesus et notre monde. Le fils de Dieu possède un caractère tourné vers le pardon, le partage et possède une foi sans bord en l'être humain. Sauf que bien sûr, dans notre monde, donner une petite tape sur la joue d'un malfrat en lui disant de ne pas recommencer a peu de chance de fonctionner. En ce sens, le décalage est fort et permet des situations extrêmements drôles. On peut penser à Sunstar qui casse la figure des méchants et Jesus qui, juste après, les soigne. Toujours du côté des personnages, Dieu est exceptionnel. C'est sans doute la grosse surprise de ce premier tome. Pour résumer, l'auteur lui a donné le rôle d'un père qui réagit à peu près comme tout autre père (avec un côté déconneur en prime). Ainsi, lorsque Jesus accepte de se faire crucifier, il va exploser de colère et sortir des trucs du genre "putain mais t'es con ou quoi ? Pourquoi tu te laisses faire ?". Les dialogues de l'oeuvre sont plutôt bons, mais il est vrai que les punchlines de Dieu sont clairement au-dessus. Pour finir, et comme on aurait pu s'y attendre, on notera que le titre apporte également sa part de réflexions. Cela peut aller de la réflexion étalée sur plusieurs pages à la simple phrase (comme le fait que l'on part du principe que le fils de Dieu soit un immigré uniquement parce qu'il s'appelle Jesus).

Finalement, le seul défaut réside peut-être dans la construction de l'oeuvre. Les idées et les scènes ne sont pas forcément amenées de manière logique. On n'est pas dans la suite de gags, mais on ne peut nier pour autant que l'auteur a préféré, de temps à autre, placer trois idées, trois situations, plutôt que de se focaliser sur la première et de la développer. 

Concernant le traitement de la religion, il est fait avec intelligence. L'auteur a clairement fait ses devoirs et place quelques éléments assez pertinents ci et là. Bien sûr, les personnages sont tournés en dérision mais cela ne va pas plus loin. Cela reste une fiction qui, de plus, n'a pas de réel message si ce n'est celui du divertissement. Tout cela pour dire que le but n'est pas de "régler ses comptes" avec la religion. Que l'on soit croyant ou non, on peut donc parfaitement laisser sa chance à l'oeuvre Le retour du messie. Il faut juste avoir un peu d'humour et, bien sûr, aimer les BD.

Dieu : Franchement, c'est un bon gamin. C'est juste que je l'ai surprotégé. Il n'a aucun instinct de survie. C'est ma faute, vraiment. J'étais trop souvent absent durant sa jeunesse.

Concernant la partie graphique, le titre a une approche qui se fait assez rarement dans le sens où deux artistes se passent le relais, chacun ayant une partie bien précise à gérer. Ainsi, Leoard Kirk va se charher des séquences super-héroïques et Richard Pace va se charger des séquences religieuses. Le choix est intelligent et nous permet d'avoir deux univers parfaitement représentés. La colorisation n'est pas en reste et est également pour beaucoup quant au résultat final. Les covers sont également bien imaginées et parfaitement représentatives de l'ensemble de l'oeuvre. Par exemple, la cover principale est on ne peut plus claire quant au monde qui sépare le super-héros et Jésus.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Le principe général
- Les punchlines de Dieu
- Le décalage entre Sunset et Jesus
- Des scènes très drôles
- Pas de règlement de compte

LES POINTS FAIBLES

- Quelques scènes confuses

 

4.5

Vivement le retour du tome 2

Conclusion

L'auteur a su utiliser les ressources de son synopsis. Les idées sont bonnes, nombreuses et, souvent, très drôles. Il y a des scènes plus confuses mais rien de catastrophique non plus. Les deux artistes font également un taff de qualité.