Auteurs : Mark Millar, Goran Parlov
Il y a quarante ans, Duke McQueen a sauvé une civilisation alien. De retour sur Terre, personne ne l’a cru. Depuis, ses enfants ont grandi, s a femme est morte.La vie n’a plus grand intérêt à ses yeux, jusqu’au jour où un garçon venu du monde qu’il a sauvé, lui fait une offre qu’il ne peut pas refuser : une dernière aventure.
(Contient les épisodes US Starlight 1-6, inédits)
Starlight est un récit très plaisant, concocté par Millar et superbement mise en image par la belle découverte Parlov. On plonge facilement dans cette histoire accessible à tous, qui s'avère être très satisfaisante. Seulement, il ne faut pas s'attendre à de grosses prises de risques, mais plutôt à de la simplicité efficace. C'est le genre de récit qui met de bonne humeur, qui fait du bien.
Pour résumé, Starlight est un comics de Science-Fiction/Space Opera divertissant, fun, décomplexé et surtout abordable pour tout lectorat. Le duo Millar/Parlov nous plonge dans un univers mêlant les inspirations de la BD franco-belge à l’animation japonaise. Une œuvre maîtrisée hommage à la science-fiction d’antan , mêlée à un dynamisme contemporain, qui se lit avec l’impression de se retrouver devant sa télévision ou devant un grand écran de cinéma. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’auteur des récits du MillarWorld a aussi vendu les droits de ce comic-book.
Millar aime bien s'inspirer d'autres oeuvres pour créer ses concepts. Flash Gordon est bien évidemment la référence qui vient à l'esprit quand on évoque Starlight, mini-série du Millarworld. Mais cette série a également un faux air d'un film Pixar. Le visage du protagoniste et son statut de héros à la retraite vous fait penser aux Indestructibles ? C'est plutôt vers Là-Haut qu'il faut regarder. Non, ne levez pas la tête, je parle du dessin animé où un veuf repart à l'aventure accompagné d'un jeune garçon. Du Flash Gordon mâtiné de Pixar ? Un mélange pour le moins original. Et si la formule s'avérait payante ? C'est ce que nous allons voir.
Une scène de liesse sur une lointaine et somptueuse planète. Puis, un réveil matin sonne. Un homme l'éteint, fume seul dans son lit, le regard vide. Il se douche, se rase et s'habille. Une scène quotidienne ? Non, car il ne s'agit pas d'un jour ordinaire mais celui d'un enterrement. Et notre fumeur n'est pas non plus un homme ordinaire. Duke McQueen est l'équivalent de Flash Gordon, un humain ayant sauvé le peuple d'une autre panète. Après toute une série d'aventures intergalactiques, il est rentré sur Terre pour y fonder une famille et reprendre une vie normale. Mais comment tourner la page après avoir vécu son heure de gloire ? Comment supporter d'être moqué par les gamins du quartier car personne ne croit à ses péripéties spatiales, pas même ses propres enfants ? Et surtout, comment réagir quand, une fois vieux et usé, l'aventure revient frapper à sa porte.
Il arrive parfois que Millar fasse dans la subtilité. Et l'on redécouvre que, derrière ses provocations, il est capable d'être juste. L'introduction de Starlight en est une preuve éblouissante. Alternant souvenirs d'un monde merveilleux et périlleux et scènes silencieuses de la vie actuelle de Duke, le premier chapitre présente avec une économie de moyen remarquable le passé de notre héros, sa personnalité et ses motivations. L'innocence et la splendeur du passé contraste douloureusement avec le cynisme et la cruauté de notre époque moderne... jusqu'à ce que le passé rattrape le présent. Plus linéaire, le deuxième épisode poursuit la construction de l'intrigue, abordant avec sensibilité l'amertume, la peur, le renoncement et, finalement, l'espoir. En 40 pages, la magie opère et le lecteur oscille entre excitation et nostalgie.
Progressivement, l'action se met en place, avec l'introduction du méchant, sadique et charismatique à souhait, de la lointane planète et de ses habitants. Une fois le cadre posé, le récit devient plus convenu, se déroulant comme une mécanique bien huilée. Certes, le lecteur aura sa dose de rebondissements mais n'aura plus de réelle surprise. Oubliés l'émerveillement et l'émotion. Millar aurait pu chercher à retrouver le charme naïf de la SF des pulps et la retranscrire dans un contexte plus mature, comme Kurt Busiek l'avait fait en ravivant la poésie des super-héros dans Marvels et Astro City. Hélas, il a préféré d'explorer d'autres sentiers, ceux plus conventionnels d'un récit d'action contemporain. Il respecte d'ailleurs parfaitement le genre en fournissant un divertissement de qualité. Des cascades, des situations désespérées et un héros noble et courageux, tous les ingrédients du cocktail sont là et distillés dans les bonnes proportions.
Si l'on se laisse emporter par la lecture, on regrettera que, passé l'introduction, Millar ne nous offre plus aucune piste de réflexion, se contentant d'un premier degré peu satisfaisant et d'un scénario à l'issue désespérement prévisible. A trop vouloir respecter les codes cinématographiques pour ratisser large, Millar a négligé toute l'originalité de son concept.
Finalement, la seule véritable surprise de Starlight aura été le choix de Goran Parlov en tant que dessinateur. En effet, l'artiste croate s'est surtout fait connaître pour ses travaux sur le Punisher et les séries du label mature Max dont l'ambiance est à mille lieues des aventure spatiales de Duke McQueen. Pourtant, Parlov s'impose rapidement comme une évidence. Son trait précis et léger, son cadrage sobre et très efficace assurent une excellente lisibilité. Chaque case est au service de l'histoire. Maîtrisant son art, il véhicule parfaitement l'émotion grâcé à l'expressivité de ses personnages. Le seul reproche que l'on pourrait lui faire est de simplifier son dessin au fil des pages. Une recherche du minimalisme réussie mais qui altère légèrement la cohérence graphique de l'ensemble.
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