En 24 heures, 1 million de personnes ont disparu sans laisser de traces: parmi elles, Lois Lane, la femme de Superman, le protecteur de la planète Terre. Quelle est sa part de responsabilité dans cet événement. Quelle conséquence cette absence aura-t-elle sur le moral et la volonté du héros? Un homme d'acier peut-il être brisé ?
(Contient les épisodes US Superman (1987) #204-209)

  • Zarkoneil
    Zarkoneil

    il y a 6 ans

    Nul

Superman est de retour dans la collection Eaglemoss dans un récit qui y a sa place logique. En effet, Pour Demain est un récit complet dessiné par Jim Lee que vous avez déjà vu sur Batman – Silence et Justice League – Aux Origines. L’artiste est une superstar des comics, et l’histoire qui nous intéresse aujourd’hui avait suscité une grosse attente avant sa sortie. Nous allons voir si c’était mérité.

Il faut remonter un peu dans le temps pour comprendre qui est Jim Lee. A la fin des années 80, l’artiste explosait sur les X-Men chez Marvel. La seule mention de son nom sur une couverture assurait de nombreuses ventes, dont Lee ne touchait pas un centime. Il a donc fui et monté sa propre maison d’édition en 1992 avec d’autres stars de Marvel : Image Comics, notamment le label Wildstorm. Du coup, lorsqu’il a vendu Wildstorm à DC en 1998, et fini par annoncer qu’il allait dessiner un arc complet de Batman, le petit monde des comics s’est embrasé. Le résultat, vous l’avez eu entre les mains, il s’agit de Batman – Silence qui sort en 2003. Le succès est énorme, si bien que DC veut de nouveau utiliser l’auteur sur un autre de ses personnages phare : Superman. Après une année sur Batman, il enchaine donc, en 2004, sur une année de Superman, ce qui donnera Pour demain, publié en deux tomes chez Eaglemoss.

Devant le succès de Batman, l’attente était grande pour cet arc de Superman. Au scénario, on retrouve Brian Azzarello, un auteur plus connu pour des titres indés comme 100 Bullets. Ce dernier va nous pondre de bonnes idées de départ. Lorsque le récit commence, on comprend qu’un million de personnes a disparu de la surface de la Terre. Oui, en gros, c’est le pitch de The Leftovers, mais sept ans avant. Superman se remet en question, et décide d’aller voir un prêtre pour se confier. En effet, parmi les personnes disparues se trouve Lois Lane. L’idée de base est donc plutôt bonne, et Azzarello a d’autres choses intéressantes à nous offrir. Par exemple, Superman va s’interposer dans une guerre, rappelant cette fois le pitch de Batman V Superman, et la réaction très négative de l’humanité. Bref, les idées sont bonnes, mais leur développement est malheureusement très décevant, et plombe vraiment une grosse partie de l’arc.

La relation entre le prêtre et Superman est assez ambiguë. Le héros a souvent le droit à une représentation messianique, ce qui est le cas ici, le prêtre défendant sa croyance en Dieu tout en glissant vers la foi en Superman. Il y aurait pu y avoir quelque chose de ces discussions, puisqu’on devient intime avec le héros qui paraît plus que jamais humain. Pourtant, les dialogues sont assez mal écrit. Azzarello essaie de rendre subtile cette métaphysique de comptoir en ne disant pas clairement les choses, mais en écrivant un texte tout en sous-entendu. Il n’y a cependant rien de très fin dans la réflexion, ce qui a pour conséquence de simplement être chiant. Le début de l’histoire est donc d’une lourdeur assez marquée. C’est pareil pour l’implication de Superman dans une guerre, qui pose la question du rôle du héros dans les conflits armés du monde. Les conséquences de son acte ne sont pas vraiment traitées en profondeur, et on passe vite à autre chose. Même Batman V Superman propose quelque chose de plus intéressant sur ce point.

La deuxième partie du récit, donc dans le tome 2, propose une ambiance totalement différente. L’action est bien plus présente, et la lecture plus agréable. Pourtant, Azzarello, à vouloir être trop spirituel, nous perd un peu dans son histoire. Ses sous-entendus rendent la compréhension parfois difficile. De plus, certains points semblent rester en suspens même une fois les deux bouquins finis. On finit de plus sur une baston classique, et toute la réflexion que le scénariste a voulu injecter dans le récit au début tombe finalement à l’eau. Malgré de bonnes idées, l’histoire est assez décevante. Et même si tout n’est pas à jeter, elle est prétentieuse, peu claire et mal construite. Il reste tout de même un gros point fort du récit, c’est que c’est une histoire complète, isolée du reste de l’univers DC. Cependant, pour une fois, peut-être qu’une histoire un peu plus simple, comme ce qu’avait fait Jeph Loeb sur Batman – Silence aurait été plus efficace, car ce qui faisait l’attrait de cet arc, c’est bien sur le dessin de Jim Lee.

Lorsque Lee a été annoncé sur Batman, il y avait de quoi être sceptique. En effet, son dessin est réputé pour être propre, lisse et lumineux, ce qui ne semblait pas trop coller au héros. Finalement, le pari fut largement gagné. Lee a travaillé ses planches, a osé certaines choses, et c’était magnifique. Puis, on a appris qu’il allait ensuite passer à Superman. Ce dernier semble plus coller à son style, donc on était en droit d’attendre une tuerie. Là encore, c’est une déception. Enfin, une demi-déception. On retrouve le style très travaillé de l’artiste, et certaines planches sont magnifiques, mais on en trouve aussi certaines qui semblent être bâclées. Peut-être a-t-il manqué de temps, mais c’est un peu dommage sachant le travail qu’il avait fait sur Batman. D’ailleurs, Lee n’expérimente plus du tout dans cette histoire, contrairement à Silence. On n’a que du dessin très classique. La galerie de personnages est aussi moins connue, bien qu’on puisse voir Batman et Wonder Woman. Nous avons le droit ici à un Jim Lee bien moins en forme que sur Batman – Silence, mais il reste au niveau de sa réputation. Enfin, les bonus des albums nous montrent une galerie de couvertures.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Les dessins de Lee
Les idées d’Azzarello
Certaines scènes

LES POINTS FAIBLES

Quelques planches bâclées
Un développement pas assez poussé

 

3

Dommage

Conclusion

Beaucoup trop d’attente sur ce récit provoque une déception. L’histoire aurait pu être plus intéressante, et les dessins plus travaillés, mais ça reste un arc majeur de Superman.