Scott Snyder & Francesco Francavilla s'associent pour ce récit de pure horreur, où il est question d'un film d'horreur classique disparu qui produit des effets surnaturels comme "The Ring", mais avec une créature digne de celle du Lagon noir.

Un passionné enquête sur un ancien studio de cinéma qui aurait brûlé et finit par tomber sur ce projet. Il remonte la piste du réalisateur, qui vit reclus dans une maison de retraite. Selon lui, une goule hanterait son hospice, et la découverte d'une vieille bobine de La Nuit de la Goule risque bien de réveiller la bête, que le film soi-disant disparu avait détruit.

  • Julien
    Julien Staff MDCU

    il y a 1 an

    Scott Snyder s'avère être très irrégulier sur ses dernières séries, et il s'agit sans doute ici de l'une des plus appréciables dans le lot. Il n'a plus grand chose à prouver dans le genre de l'horreur, qu'il affectionne particulièrement, et on le retrouve dans son jardin avec une intrigue assez prenante, qui mêle des mythes de l'horreur à la fascination pour le cinéma et la créativité. Francavilla est évidemment lui aussi fait pour ce genre d'ambiances et de récits, comme il l'avait déjà prouvé au côté de Snyder sur Detective Comics. Ce n'est pas exempt de défauts, Snyder a encore tendance à en faire un peu trop, ce qui impacte le rythme et l'efficacité de ses dernières créations, mais on est quand même face à du très bon comic book. 

Après Démons et Clear, La Nuit de la Goule est la troisième publication issue de la collaboration entre Best Jacket Press, le label de Scott Snyder, et les éditions Delcourt. Cette fois-ci, l’auteur retourne à ses premiers amours, avec un récit d’horreur.

L’album débute avec Forest Innman et son fils Orson qui se dirigent vers un hospice pour y rencontrer un réalisateur de films d’horreur. Ce dernier vit sous un autre nom, et semble être captif de cet hospice. Ce qui a poussé Forest à le retrouver est la découverte de fragments d’un film : La Nuit de la Goule. Selon lui, il s’agit du plus grand film d’horreur jamais réalisé, et il souhaite le faire découvrir au monde. Cependant, des choses étranges semblent se dérouler dans l’hospice, et il va découvrir des choses assez dérangeantes.

Scott Snyder est familier de l’horreur, car il a notamment commencé sa carrière dans les comics avec American Vampire chez Vertigo, après s’être fait remarquer par Stephen King. Dès le début de l’album, sa connaissance du genre permet de distiller une ambiance étrange. Son récit est régulièrement entrecoupé de passage du film disparu, ce qui lui permet de raconter deux histoires en parallèle qui vont finir par s’entremêler. Le scénario du film en lui-même, bien qu’assez classique, propose un bonne histoire de monstre, rappelant les vieux films d’horreur. Cette ambiance déborde dans le récit principal, et donne un cachet particulier à l’album.

Composée de six chapitres, l’histoire est teintée de mystères qui vont se dévoiler progressivement. Malgré quelques problèmes de rythme, la narration est suffisamment bien construite pour nous captiver, sans s’ennuyer. Snyder se détache pour une fois de tout texte explicatif, et ne propose que des dialogues, ce qui donne un aspect très cinématographique au récit. L’ambiance va glisser vers le Lovecraftien, avec ses sociétés secrètes, et ses monstres ancestraux. La double narration permet d’introduire les divers éléments de cet univers de manière fluide.

Le dessin de Francesco Francavilla colle très bien au genre horrifique. Ses aplats de couleur, et la prédominance du noir et des couleurs chaudes, donnent une ambiance particulière, à la fois cinématographique et angoissante. Son découpage participe aussi à créer une atmosphère étrange, avec notamment des plans avec des angles de cadrage inhabituels. Il s’amuse aussi avec les arrière-plans, insérant des formes étranges. Le dessinateur ne pouvait pas être mieux choisi pour ce style de récit.

Tout n’est cependant pas parfait. Snyder se laisse aller parfois à quelques facilités scénaristiques. Il fait des choix de narration qu’il aurait pu éviter, créant notamment quelques lacunes dans le rythme. Ces défauts se retrouvent souvent dans ses scénarios, mais restent relativement peu nombreux dans La Nuit de la Goule. Selon moi, il s’agit sans aucun doute de la meilleure publication de Snyder chez Delcourt. Il arrive à tenir son histoire sans baisser d’intensité dans l’horreur, ce n’est pas fréquent, même au cinéma. Le dessin sert parfaitement l’intrigue, et il en sort un récit complet très réussi, répondant aux codes des films de monstres tout en y rajoutant une nouvelle dimension.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Hommage aux vieux films
- Une narration bien trouvée
- Les dessins

LES POINTS FAIBLES

- Quelques problèmes de rythmes

 

4.5

 

Conclusion

Cet album est un excellent hommage aux films de monstres, et un récit d’horreur maîtrisé, et superbement mis en image. Malgré de légers défauts, ce récit complet est une réussite !