LORENZO DE FELICI, dessinateur de OBLIVION SONG, revient avec ce merveilleux récit complet, qu'il réalise seul (scénario, dessin et couleurs). Un récit à couper le souffle, rempli de créatures étranges et d'une stupéfiante beauté.
Emprisonnée dans une tour à l'intérieur des murs de la ville pâle, Kroma vit totalement dans l'obscurité, croyant qu'elle est la créature la plus maléfique qui soit. Cependant, là où son peuple ne voit qu'un monstre, le jeune et mystérieux orphelin Zet voit un être humain. Mais s'ils veulent survivre aux étranges rituels de la ville, ils devront surmonter le cruel destin de Kroma... quitte à risquer une mort certaine.

  • Julien
    Julien Staff MDCU

    il y a 1 an

    Un très beau récit, très poétique, au style qui se détache vraiment de toutes les publications indés actuelles. Une vraie petite perle pour laquelle vous devriez vous laisser tenter. 

La nouveauté comics de la semaine chez Delcourt se nomme Kroma, et est signée par un italien : Lorenzo de Felici, le dessinateur d’Oblivion Song. Cette fois, l’auteur est aussi au scénario, et nous allons voir s’il écrit aussi bien qu’il ne dessine.

L’histoire de Kroma se situe dans un univers post-apocalyptique, puisque les humains ont quasiment disparu. Seulement 1200 d’entre eux ont survécu, et sont réfugiés dans la cité pâle. En effet, dans ce monde, le danger vient de la couleur. De gros lézards sont apparus, envoyés par le roi des couleurs, et ils attaquent et tuent tout ce qui est coloré. Les humains ont donc appris à vivre en noir et blanc, et s’organisent autour d’un leader, nommé Makavi. Celui-ci est plus proche du gourou que d’un chef, et chaque année, pour se rappeler le danger des couleurs, il libère dans la cité pâle un monstre, enfant du roi des couleurs, afin de le recapturer. Sauf que ce monstre n’est qu’une fille, Kroma, avec des yeux vairons.

L’idée de cet album a mijoté plusieurs années dans la tête de De Filici avant qu’il ne se concrétise. Il l’a proposée à des éditeurs italiens et français, avant de travailler sur Oblivion Song, puis a fini par se faire éditer par Skybound. L’auteur voulait utiliser la couleur au centre de son récit, comme un élément qui agit sur l’histoire. Il gère donc tout : le scénario, le dessin et bien sûr, la couleur. Le monde qu’il nous montre, bien que post-apo, est du coup très coloré, car même si les humains vivent en noir et blanc, le récit va les amener au-delà des murs de la cité pâle.

L’histoire de Kroma est assez simple, mais transposée dans un bel univers inédit. Un peu comme dans le film Sans un bruit par exemple, l’auteur introduit une originalité, sauf que ce n’est pas les sons, mais les couleurs. L’idée est bonne, et bien intégrée. La narration est maîtrisée, et ce monde nouveau nous happe facilement. Le récit nous montre une humanité qui a baissé les bras, qui a renoncé à faire autre chose que survivre. Elle a abandonné la science, pour se complaire dans la croyance. Kroma, considérée comme mauvaise depuis sa naissance, est tiraillée entre accepter cette éducation et s’en libérer, assumer le fait qu’elle n’a jamais rien fait de mal. La personnification de ces deux aspects est d’ailleurs très bien trouvée dans l’album.

Pourtant, alors que les humains subissent leur état, le réveil va venir de la jeunesse. Le récit va alors s’intéresser à l’importance de prendre des risques, pour espérer voir la vie en couleur, et non en noir et blanc. C’est une ode à l’existence en compréhension de la nature, et non coupée d’elle, une histoire contre l’obscurantisme religieux. Au final, ce que nous rappelle l’album, est la nécessité de la communication. Tout ces aspects et ces éléments vont être vus par une fille qui s’éveille à la vie, et qui, malgré ses doutes, va tenter de dépasser son endoctrinement.

L’album est très réussi, et De Felici nous montre qu’il est capable d’écrire autant qu’il sait dessiner. Les dessins sont d’ailleurs très réussis, avec un beau travail sur les couleurs. Certaines planches, sans texte, sont vraiment sublimes. Je trouve ce travail encore meilleur que ce qu’il a pu faire sur Oblivion Song. Les bonus sont aussi assez riches, et permettent de mieux comprendre le projet. Ils proposent même quelques pages d’une version précédente du comics ! Kroma est donc une belle réussite, un récit complet bien construit et très bien raconté.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Les thèmes de l'album
- La narration
- Les dessins
- Les couleurs

LES POINTS FAIBLES

-

 

4.5

 

Conclusion

Kroma est un très bon récit complet se déroulant dans un univers original. De Felici, excellent dessinateur, nous révèle ses talents de scénariste. Si vous aimez les belles couleurs, foncez !