Kurt Busiek (Astro City, JLA/Avengers, Marvels) et le regretté Carlos Pacheco (Superman, Avengers Forever) nous entraînent dans cette superbe fresque uchronique d'initiation, d'espoir, de guerre et d'amour, sublimement mise en images.
1915, la Guerre a embrasé l'Europe, et ce feu menace de se répandre sur le monde entier. Le jeune Fletcher Arrowsmith quitte sa ville natale de Herbertsville, aux États-Unis, contre la volonté de son père, pour se joindre à l'Unité d'élite aérienne, un escadron de combattants de l'air basé à Acadia. Il va y apprendre à voler avec les dragons, et les sorts qui vont permettre de libérer Galia.

Pas d'avis pour le moment.

Arrowsmith, la série de Kurt Busiek et du regretté Carlos Pacheco, revient chez Delcourt. Deux tomes sont prévus, le premier est sorti récemment, et nous allons voir ce que ça vaut.

La série Arrowsmith a débuté en 2003 dans le label Cliffhanger de Wildstorm. Elle a vite été traduite en France par Editions USA qui la publie en 2004 en deux albums, puis sort une intégrale en 2005. Si à l’origine, les auteurs prévoyaient tout un univers, avec plusieurs suites, le destin en a décidé autrement, et cette première mini-série en 6 numéros est restée seule quelque temps. Jusqu’en 2022 pour être précis, année où les auteurs parviennent à proposer une nouvelle mini-série, mais chez Image Comics cette fois. Delcourt profite donc de ce retour pour éditer la première mini-série dans le tome qui nous intéresse aujourd’hui, et la seconde prochainement.

L’intrigue se déroule en 1915 dans un monde uchronique. Comme chez nous, la Première Guerre Mondiale fait rage, mais à la différence, la magie et des créatures fantastiques sont présentes. Il s’agit d’un univers de fantasy, mais proche du nôtre concernant les évènements qui s’y déroulent. Nous suivons le personnage de Fletcher Arrowsmith, un américain. Comme son pays ne participe pas officiellement à la guerre en Europe, Fletcher choisit volontairement de s’engager pour partir sur le front. Il rejoint les Unités d’Elite Aérienne. Grâce à une connexion magique avec un petit dragon, les membres de cette unité peuvent voler, ce qui leur donne un avantage au combat.

Le préambule nous perd un peu dans son monde riche et complexe, mais lorsque la série commence vraiment, tout devient plus simple. L’histoire est celle d’un jeune insouciant qui veut bien faire, et qui a des principes. Il part donc pour la guerre, et se prend la réalité en pleine figure. Ce genre de récit n’a rien de fondamentalement original, mais il est très bien raconté, et le fantastique rajoute un élément très intéressant. Le monde d’Arrowsmith est cohérent, et donc crédible, malgré la prépondérance de la magie. A aucun moment, l’univers prend le pas sur l’histoire. Il s’agit avant tout d’une fresque historique, dont la fantasy sert à contourner la précision de notre Histoire.

Ce choix de l’uchronie permet aux auteurs d’avoir la liberté de raconter leur récit comme ils le veulent, tout en traitant de sujets bien réels. Les éléments fantastiques servent bien souvent d’analogie avec des choses bien connues. Pour le lecteur, il permet aussi l’émerveillement, et le plaisir de découvrir un monde nouveau. Le thème de la guerre est très bien traité. Le fantastique, les dragons ou les gens qui volent pourraient laisser penser à un récit proche du super-héros. Ce n’est absolument pas le cas.

En effet, les combats ne sont pas au centre du récit, et sont toujours des moments assez terribles. La mort n’épargne personne, et l’album n’hésite pas à nous montrer l’horreur de la guerre. D’ailleurs, le choix de la Grande Guerre n’est pas anodin, car le manichéisme y est moins évident que pour la Seconde. Il n’y a pas de héros dans Arrowsmith, et Fletcher va l’apprendre de la manière la plus dure.

Les planches de cet album nous rappellent à quel point Carlos Pacheco va manquer au monde du comics. Ses dessins sont magnifiques, sobres, maîtrisés, avec un trait propre. Les designs sont réussis, la narration parfaitement claire. La lecture de l’album est extrêmement satisfaisante. Delcourt nous propose en plus un bel album, et surtout de précieux bonus. A côté des classiques postface, galerie de couvertures et autres croquis se trouve le dossier qui a permis de vendre la série avant sa réalisation. Mieux encore, Busiek a fait appel à un auteur, Lawrence Watt-Evans, pour concevoir tout l’univers d’Arrowsmith. Dans les pages du dossier réalisé par ses soins, il y a tout un univers riche passionnant à découvrir, même si tout n’a pas été exploité ou suivi par le comics.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- L'histoire
- La narration
- L'univers original
- Les dessins

LES POINTS FAIBLES

- Qu'on ne sache pas quand arrive la suite ?

 

4.5

 

Conclusion

Ce comics est une pépite que Delcourt nous propose dans une édition ultime. Cette histoire d’un garçon qui part au front d’une Première Guerre Mondiale dans un univers de fantasy est une fresque passionnante à lire, avec des dessins parfaits. A lire !