Frank Cho s’est fait une plutôt bonne réputation sur la qualité de ses dessins. Et Delcourt en profite pour nous faire découvrir Skybourne, une mini-série développée uniquement par l’artiste qui est aussi au scénario. C’est l’occasion de voir s’il est aussi bon dans ce domaine.

Dès le début, Frank Cho arrive à donner une ambiance très cinématographique à sa série. Il maîtrise son dessin, et on débarque en pleine action, durant laquelle une femme, Grace Skybourne, essaie de récupérer Excalibur, l’épée du Roi Arthur. Celle-ci n’est pas comme tout le monde, puisqu’elle a, c’est le moins qu’on puisse dire, quelques pouvoirs. Elle est notamment immortelle, invincible et possède une force surhumaine. Dans le deuxième chapitre, nous découvrons son frère, Thomas Skybourne, qui possède les mêmes dons. Isolé du monde, ceui-ci va être contacté afin de reprendre du service contre une menace qui se profile, très liée à ce qui arrive à sa soeur.

Ces immortels travaillent pour la fondation Mountain Top, créée par Thomas afin de récupérer et protéger les artéfacts magiques. En soi, la mythologie de la série n’est pas très originale. L’histoire est cependant sympathique de par sa connexion avec la légende du Roi Arthur. Cho introduit petit à petit ses éléments scénaristiques, et travaille ses personnages principaux. L’écriture est plutôt bonne, parfois un peu crue, parfois un peu facile, mais globalement maîtrisée. L’ouvrage fait penser à du Mark Millar lorsqu’il écrit des récits complets et qu’il s’applique, ou à une espèce de BPRD totalement décomplexé.

L’album se termine par une grosse baston que l’on voit venir de loin. Lorsqu’on arrive à ce moment, le récit devient moins passionnant et plus prévisible. La conclusion laisse d’ailleurs un goût d’inachevé à l’album. En effet, pour en savoir plus sur nos deux immortels, il faut lire le résumé de la quatrième de couverture de l’album : des enfants de Lazare, et ils ont apparemment un troisième frère du nom d’Abraham qui n’est même pas mentionné dans les pages de la BD. Tout ça donne l’impression que Cho n’a pas pu développer son histoire comme il le prévoyait, et c’est bien dommage.

C’est dommage, car l’album est très plaisant à lire. L’histoire à défaut d’être originale, est suffisamment bien racontée pour être prenante. Et Cho nous propose de très belles planches, fidèle à lui-même. Elles sont épurées, avec des décors et des vêtements simples, mais les personnages et leurs visages sont travaillés. Les créatures magiques sont aussi très chouettes, malgré leur classicisme. Le récit propose son lot d’action très bien mise en scène. La fin est malheureusement facile, mais ouverte, et on peut espérer avoir une suite un jour, même si c’est peu probable vu que Cho a mis un an et demi à sortir les cinq chapitres de la mini-série. L’album se termine sur une belle galerie de couvertures en bonus.