Après une très longue pause, la rubrique Other Comics revient et normalement c'est pour durer. On reprend le même format qu'avant, un vendredi sur deux en alternance avec La Dernière Séance de Vélian et si tout va bien, il est même possible que la rubrique passe en hebdo d'ici l'année prochaine pour vous faire découvrir encore plus de titres (oui, bon là c'est samedi mais c'est parce que je commence à prendre du retard).
J'espère en tout cas vous donner envie d'acheter d'autres titres que ceux de Marvel et DC, car entre les oeuvres de jeunesse de futurs grands des comics ou les séries qui servent d'exutoire à des artistes bridés par les Big Two, il y a dans l'indé des centaines de titres à découvrir.

Pour ce grand retour, je vais vous parler tout simplement de la meilleure série noire de tous les temps: Criminal.




pourquoi ce titre? Deux raisons.
La première est la sortie du premier tome de Fatale aux éditions Delcourt, écrit par le même duo: Ed Brubaker et Sean Phillips et ensuite parce que le deuxième volume de l'édition Deluxe de Criminal vient de sortir aux États-Unis.

Sans que la série ne soit terminée, elle est pour le moment en hiatus le temps que Brubaker et Phillips concluent Fatale. Elle reviendra ensuite pour un septième arc, toujours par le même inséparable duo. Mais intéressons justement à ces deux collaborateur de toujours qui n'en finissent pas de rafler de prix et l'estime du public.

Brubaker/Phillips: The Sinners

Ed Brubaker est presque un vieux de la vieille maintenant. Il a commencé par publier des comics indépendant chez Top Shelf, comme le très autobiographique Low Life, qui le met en scène à une époque ou il avait des cheveux. Il dessine à ce moment là ses propres comics. Puis après diverses expériences il débarque chez DC et Vertigo ou il crée Scene of thé Crime avec aux dessins Michael Larke et un certain Sean Phillips à l'encrage. S'il restera en bon termes avec le premier, il va devenir très proche du second et ils vont dès cette époque créer un duo inséparable qui restera f!dèle à un seul style: le polar.




Si Brubaker continue d'écrire du super-héros, il va devenir un scénariste noir reconnu par tous. Il apporte même sa patte sur des titres comme Catwoman (que vous pouvez lire en ce moment dans la collection Ed Brubaker Presente: Catwoman chez Urban Comics) ou sur Gotham Central, qu'il co-écrit avec un autre scénariste de talent: Greg Rucka (promis, on reparle de Greg Rucka bientôt dans Other Comics).

Le duo Brubaker Phillips va travailler pour Wildstorm sur une série se situant dans l'univers de Jim Lee avec Sleeper, qui se focalise sur les aventures d'un infiltré dans l'organisation dirigée par TAO, l'un des ennemis des Wildcats.
Le titre durera 24 numéros étalés sur deux saisons de 12 épisodes. Le titre se détache totalement du côté super-héroïque de l'univers et ne colle pas vraiment avec l'image de Wildstorm de l'époque, ce qui n'empêche pas le public d'encenser l'écriture et les dessins sombres et torturés.




Brubaker se fâche alors avec DC et passe chez Marvel, tout en continuant Sleeper et concluant Gotham central du mieux qu'il peut. Il y fera un long run sur Captain America dans un genre plus action/espionnage mais donnera à Daredevil ce côté polar qu'il aime tant, à la suite du run de Brian Bendis. Michael Larke est d'ailleurs le dessinateur de ce run de l'homme sans peur.

En 2006, grâce à son statut de scénariste star, il crée, avec Sean Phillips Criminal dans le label Marvel Icon, (l'équivalent de Vertigo de la Maison des Idées). Partis pour faire une série régulière, ils se rendent rapidement compte que le scénario fonctionne mieux avec des arcs indépendants qui se croisent dans des lieux communs ou par des personnages récurrents, à la manière de Sin City. Ils intercalent d'autres travaux entre chaque arc, comme la série Incognito, toujours chez Icon pour revenir encore plus en forme par la suite.


La série continue toujours même si Brubaker et Phillips partent sur d'autres projets séparés. Après un sixième arc en 2011, le titre est en pause le temps de Fatale, une série plus proche de l'ésotérisme et du fantastique mais toujours par le même duo. Le huitième numéro de la série vient de sortir aux États-Unis et devrait en compter une vingtaine au final. Brubaker a ensuite promis de revenir sur Criminal, son seul projet officiel pour le moment car le scénariste vient de quitter Marvel et ne souhaite plus faire de super-héros.

Criminal: L'Empire du Crime

Après avoir travaillé chez Wildstorm dans un univers qui ne leur appartenait pas. Brubaker et Phillips ont trouvé chez Marvel Icon plus de liberté pour développer leur comic noir.

Ils créent des personnages bien plus sombres, dans un univers plus réaliste. Le premier arc se centre sur Leo Patterson, un criminel presque repenti qui n'utilise plus son génie de planification de crimes que pour voler des porte-feuilles dans la rue.
Il est recruté par un flic tripoux et une ancienne connaissance pour réaliser un hold-up de grande volée mais forcément, cela ne va pas très bien se passer et Leo va encore une fois être confronté à sa plus grande faiblesse: sa lâcheté qui lu vaut d'être la risée des bandits de la ville.




En cinq numéros, Brubaker présente très bien le personnage et lui donne un psychologie propre et à la fois des faiblesse tout à fais crédibles. On sent bien l'inspiration des fils noirs des années 40 mais transposés dans un contexte plus moderne.
Les dessins très sombres et noirs de Phillips ajoutent encore plus à
et les couleurs de Val Staples rajoutent à cet effet old-school avec les lumières de la ville qui se reflètent sur les visages des personnages dans la nuit. Staples est considéré comme un des artistes de la série au même titre que Brubaker et Phillips et on comprend largement pourquoi.

Après deux arcs parus en 2007, la série revient en 2008 pour un deuxième volume, sensé lancer un ongoing. Mais après 7 numéros et deux arcs, la voilà de nouveaux en hiatus pour mieux revenir en 2010.
Brubaker explique alors que le titre doit en fait être pris comme une suite de mini-séries centrées à chaque fois sur un personnage particulier. La numérotation est alors renouveler à chaque fois avec des #1.




On compte donc maintenant 6 arcs/mini-séries: Coward, Lawless, The Dead and the Dying, Bad Night, The Sinners, The Last of the Innocent.
Il y a aussi trois histoires courtes de quelques pages parues dans le Liberty Comics #1 et dans une anthologie Noir chez Dark Horse.

Comme dit plus haut, Brubaker et Phillips ont mis en pause Criminal pour se focaliser sur Fatale, qui parait chez Image Comics mais ils reviendront dans un peu plus d'un an pour une septième histoire. Et ce qui est fort, c'est qu'on sait déjà que ce sera génial parce que la qualité du titre n'a jamais baissé.

Comment ça se lit?

On commence par la VF avec Delcourt qui a sorti l'intégralité des six arcs dans six volumes au format Delcourt: couverture dur et bonus assez conséquent. Les traductions sont de qualité bien sur. rien à redire là-dessus.




En VO, vous pouvez vous procurer les TPBs, qui ont le même contenu que l'édition de Delcourt mais si vous voulez du classe, je ne peux que vous conseiller les Deluxe Edition.
De magnifique livres à la couverture blanche et aux innombrables bonus. Le deuxième tome vient de sortir, il contient les trois derniers arcs et c'est encore une fois un travail de folie sur l'édition.
La reliure est incroyable et permet une lecture très confortable. Un must-have dans une belle bibliothèque.


voilà, je crois que vous savez tout sur Criminal. Si vos parents aiment les films de flics des années 50 mais pas les comics, vous pourrez leur dire qu'il y a de la bonne bande-dessinée directement inspirée des films de Billy Wilder ou Fritz Lang.