Sorti en avril dernier, le premier tome de Lazarus était très prometteur, même si l’on se demandait un peu où les auteurs voulaient en venir, comme je l’expliquais dans sa critique. On attendait donc avec une certaine impatience ce deuxième tome, et il n’aura pas fallu attendre longtemps, puisqu’il sera en librairie mercredi prochain. D’ailleurs le tome 3 arrivera en novembre, ce qui montre que Glénat mise beaucoup sur cette série. Et on verra que l’éditeur a eu une plutôt bonne idée.

Inutile de vous présenter de nouveau les auteurs, Greg Rucka au scénario et Michael Lark au dessin, vous les connaissez, et sinon, j’en parle dans la critique du tome 1. Idem pour l’histoire, je rappelle juste que l’on situe dans un avenir, où chaque pays est contrôlé par une famille. Chaque membre de la famille gère un domaine, et le Lazarus est un super-soldat de la famille qui gère en quelque sorte sa défense. On suit plus particulièrement la famille Carlyle qui contrôle les Etats-Unis, et plus précisément leur Lazarus, Forever. Alors qu’on découvrait dans le premier tome la traitrise d’un des membres de la famille, le tome 2 part dans une direction assez différente. Alors bien sûr, rien de ce qui s’est passé n’est oublié, notamment ce texto que Forever a reçu lui disant qu’elle n’est pas vraiment apparentée aux Carlyle, mais ça ne serait pas choquant de commencer la série ici.

Nous avons globalement trois fils scénaristiques dans ce deuxième album. Le premier a été initié dans le tome précédent, et nous montre l’entrainement et la jeunesse difficile qu’a dû subir Forever. L’objectif est de mieux la connaitre, et de révéler son humanité malgré qu’elle soit formée pour être une arme. Cette profondeur, et ce travail sur le personnage sont nécessaires, et permettent de tracer un parallèle avec le présent, qui est notre autre trame scénaristique, où Forever part à la poursuite de terroristes. Elle est toujours aussi froide, malgré la tendresse que semble lui porter sa sœur, et son job ingrat. Lorsque l’on voit la misère de son peuple, les terroristes sont ici des gens désespérés tentant de survivre. Et bien que Forever semble parfois montrer un semblant de compassion, elle exécute sans sourciller le boulot qu’elle est chargée de faire.

La dernière trame scénaristique est totalement détaché de Forever, et se focalise une famille de « déchets » (tous ceux qui ne sont pas de la famille, et qui ne travaillent pas pour eux). C’est une histoire très intéressante, car elle nous permet de voir l’envers du décor. On découvre la souffrance de ces gens qui vivent dans la misère, et dont on ne soucie pas. Leur espoir ne tient qu’à une chose : la Montée. Il s’agit de tests permettant de trouver parmi les « déchets », ceux qui pourraient travailler pour la famille. En plus de travailler son personnage principal, cet album prend donc le temps de nous présenter plus en détails ce qu’est devenu le monde. Et pour ne rien gâcher, le dessin de Lark est toujours aussi bon. Son trait est plus fin qu’avant, et son style réaliste aide à créer une ambiance excellente.

Les deux histoires du présent vont finir par se croiser, et de manière plutôt inattendue. Le récit est très efficace, et donne l’impression que Rucka sait où il va. On décèlera peut-être quelques facilités, mais généralement la lecture est passionnante, et on a du mal à lâcher le bouquin. Cependant, on a encore cette impression que l’histoire principale n’a pas tant avancée que ça. Clairement, pendant ce tome 2, on voit l’injustice du système en place, et l’héroïne ne remet rien en cause. En gros, on suit principalement les méchants ici, et on se doute que ça ne durera pas jusqu’à la fin. Rucka couvre bien ses traces, et on se demande bien comment tout cela va évoluer. Pourtant, on sent que l’auteur a un plan, qu’il place ses pions, qu’il prend son temps. Le récit s’inscrit indéniablement dans la durée, et s’il reste tout aussi captivant, on risque d’avoir une saga passionnante à suivre.