Scénariste : MCFARLANE Todd, NILES Steve, HOLGUIN Brian
Coloriste : HABERLIN Brian, KEMP Dan
Illustrateur : MEDINA Angel, JONES Nat, SHARP Liam

Spawn – Dark Ages – resté inédit en album et indisponible depuis plus de quinze ans – complète l’univers du personnage, en pleine année de célébration de la création de la série Spawn par Todd McFarlane.

Nous délaissons pour un temps Al Simmons, le Spawn contemporain, pour visiter le XIIe siècle. Cette fois-ci, la malédiction des Hellspawn a frappé Lord Covenant, un chevalier britannique tué au cours des croisades. Revenu à la vie et de retour sur ses terres, il va devoir choisir entre défendre les plus faibles et se ranger du côté des forces corrompues du mal.

Pas d'avis pour le moment.

Après Hellspawn (critique), Delcourt continue à explorer l’univers de Spawn avec d’anciennes séries qui étaient sorties en parallèle de la principale. C’est donc au tour de The Dark Ages d’être réédité en deux grosses intégrales, et nous allons nous intéresser à la première sortie il y a peu.

Dans la série principale Spawn, son créateur, Todd McFarlane, s’amuse à introduire des éléments à la mythologie de son personnage, dont un aspect très intéressant : Al Simmons, le Spawn habituel est loin d’être le seul à avoir subi cette malédiction. D’ailleurs, il avait prévu dès le debut de raconter l’histoire de plusieurs Spawn. C’est dans cette optique que la série Spawn The Dark Ages a été créée, puis publiée aux Etats-Unis de 1999 à 2001. En France, Sémic l'a sortie à l’époque en kiosque avec à peu près un an d’intervalle. Depuis, elle n’a eu aucune autre publication, la rendant très difficile à trouver pour un lecteur français. Enfin, jusqu’à aujourd’hui puisque Delcourt a décidé de la ressortir en deux intégrales. La série fait 28 chapitres, et 14 sont contenus dans ce premier tome.

L’album se déroule au moyen âge, et même si aucune date n’est précisée, certains éléments nous permettent de situer l’époque (environ début du XIIème siècle). Malgré tout, si vous pensez réviser votre Histoire ici, détrompez-vous ! Le scénariste, Brian Holguin, ne s’attarde pas trop sur ce genre de détail, mais il va tout de même nous dépeindre un Moyen Age très sombre, et très violent. L’album se divise globalement en deux histoires, et la première nous montre la génèse du Spawn que l’on va suivre. Lord Covenant possède des terres en Angleterre, et y gouverne un peuple. Il va choisir de partir en croisade, et moura. Il revient alors en Spawn sur ses terres, pour découvrir que le Baron Rivalen a pris sa place, et fait subir sa tyrannie à son peuple.

Clairement, la série recycle de nombreux éléments de la série principale, et la transpose à une autre époque. Il y a même certaines choses qui ne servent pas beaucoup, mais qui sont tout de même incorporées, comme l’histoire d’amour entre Covenant et une servante avant sa mort. Une bonne idée scénaristique est de faire raconter les premiers chapitres à des conteurs, ce qui permet de remplacer la légende urbaine habituelle, et colle très bien à l’époque. Et même si c’est vite abandonné par Holguin, la narration sera toujours très présente. Beaucoup de textes et peu de bulles de dialogues seront la marque de fabrique de l’album. On a plus l’impression parfois de lire un livre illustré qu’une bande dessinée.

 

Le style est donc particulier, et il faut s’y faire. Le début est d’ailleurs assez brouillon, et les parallèles avec la série régulière sont nombreux. Le choix qu’a fait Holguin pour raconter l’histoire de ce nouveau Spawn n’est peut-être pas le plus simple, et si vous n’avez jamais lu de Spawn, ça risque d’être compliqué de tout saisir. En revanche, pour les amateurs de Spawn, il est très intéressant de voir ce point de vue différent. D’autant plus que Cog est présent et qu’on apprend des choses sur son compte, qui nous font demander parfois si ce n’est pas plutôt lui le personnage principal. En effet, Covenant n’est malheureusement pas bien passionnant, et pas très bien développé : il semble souvent passif à ce qui se passe autour de lui. Le premier arc permet d’introduire le personnage en mettant le maximum d’éléments liés à Spawn. Après ce passage un peu obligé, le second arc de l’album offre une histoire plus originale.

Elle se déroule une centaine d’années plus tard, et a même un prélude qui se passe 200 ans plus tard. C’est le genre de petite folie que peut se permettre le récit : nous avons un Spawn qui va vivre plusieurs centaines d’années. Bien sûr, on ne connaitra pas tous les détails de ce qu’il a vu, mais cela donne une certaine dimension que l’on ne retrouve pas dans la série classique. Dans le deuxième récit, on découvre le personnage de Maeve, une jeune fille de 14 ans rappelant Jeanne d’Arc. Afin de lutter contre les forces du mal, elle va lever une armée d’enfants, et va chercher Spawn pour qu’il les forme au combat. L’histoire est très cruelle, et plutôt intéressante même si l’on reste dans certains aspects un peu trop dans les pires choses des années 90, avec notamment une Maeve un peu trop souvent dévétue, sans qu’il y ait un sens particulier.

Encore une fois, la transposition de Spawn au moyen âge est plutôt bien faite, et on en apprend plus sur Cog. Au niveau des dessins, la totalité de l’album est gérée par Liam (McCormack-)Sharp, sauf pour un chapitre dont s’occupe Angel Medina que les lecteurs de Spawn connaissent bien. Le style de Sharp est assez dur, et peut paraitre difficile au début, mais on apprend à l’aimer. En fait, on a l’impression que l’artiste n’a pas pu passer le temps qu’il aurait dû sur ses dessins. Il en ressort des planches très inégales. Certaines sont vraiment magnifiques, avec un découpage audacieux, et d’autres semblent être faites à la va-vite. C’est dommage, mais globalement ça passe vu l’ambiance sombre du récit. De plus, en bonus, Delcourt nous propose une galerie de couvertures et de croquis pour voir tout le talent du dessinateur. Medina, quant à lui, reste fidèle à lui-même, et a donc un style très éloigné de celui de Sharp. Il ne serait pas étonnant qu’il soit juste venu sur la série pour dépanner. Bref, l’album a des qualités, mais risque de diviser.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Un Spawn différent
La période
L'ambiance

LES POINTS FAIBLES

Un dessin inégal
Beaucoup de texte

 

3

Pour les amoureux de Spawn !

Conclusion

Un premier tome sur deux d’une série nous racontant l’histoire d’un autre Spawn pendant le moyen âge. La narration est parfois lourde, et les dessins irréguliers, mais les amoureux de Spawn y trouveront leur compte, surtout que la série était jusque là difficilement trouvable.