RetroComics #11: Les disciples de la Justice League

RetroComics #11: Les disciples de la Justice League
Mes chers amis, notre précédente escapade dans le passé côté DC nous avait amené à (re)découvrir la Justice Society, avec un évènement crucial de son existence : la mort de Batman . Une fois n’est pas coutume, je vous propose aujourd’hui de retourner dans les années 80 pour découvrir une autre célèbre équipe de la Distinguée Concurrence : les New Teen Titans.

Mon choix s’est porté cette fois sur un numéro 100% action. Il s’agit de The New Teen Titans #31 de Mai 1987 (numéro extrait du second volume de la série donc). Ce chapitre conclut un arc débuté quelques numéros plus tôt, plus exactement lors du #28 avec la résurrection de Brother Blood, même si sa Church of Blood était déjà présente depuis 2 chapitres au sein des pages de la revue.






Nous retrouvons donc dans ce #31 les New Teen Titans opposés à Brother Blood… et Raven ?! En effet, cette dernière semble être sous son emprise, tout comme une bonne partie de la population américaine (… ou en tout cas au moins du côté de Washington D.C. ainsi que de New York, comme on le voit sur une double page). Pendant que les Jeunes Titans affrontent Brother Blood, nous retrouvons John Stewart, Katma Tui, Batman et Superman qui tentent de gérer la crise qui sévit dehors. Je ne vais pas vous révéler toute l’histoire, même si vous vous doutez certainement de son issue (et oui, la série ne s’est pas arrêtée après ce numéro 31 !). L’épilogue du chapitre est l’occasion pour tous les couples de se reformer et de chacun partir de leur côté, sauf le pauvre petit Changeling, qui reste malheureusement pour lui tout seul.




Parlons justement maintenant de la composition de cette jolie équipe : Wonder Girl, Raven (ici passée aux mains de l’ennemi), Starfire, Robin, Changeling, Cyborg, Flash et Jericho. Ce que j’apprécie personnellement, c’est que l’on a vraiment l’impression d’avoir affaire à version rajeunie de la Justice League, et nul doute qu’avec quelques années de plus, ces héros en auraient l’étoffe.


Les New Teen Titans modernisés


Le premier point positif de cette formation dans l’état dans laquelle je l’ai trouvé, c’est d’avoir Wonder Girl pour leader. Je trouve que le rôle de leader est bien trop souvent occupé par des hommes, et donc pour une fois bien que l’on n’ait que trois femmes au sein de l’équipe, c’est l’une des trois qui la dirige ! Et sérieusement, c’est toujours trop rare à notre époque. Malgré les avancées réalisées dans les mœurs quant au regard porté sur la condition féminine, dans les comics, ces dernières ne sont quasiment jamais leaders au sein d’une équipe majoritairement masculine. On a l’impression que pour qu’une femme soit à la tête d’une équipe super-héroïque, cette dernière ne doit être composée que de femmes et c’est bien dommage ! Car à elle seule, Wonder Girl symbolise ici vraiment la femme moderne : forte, indépendante et meneuse d’hommes.

Si Donna Troy a ici le rôle de la femme forte, Starfire n’est pas en reste, elle a bien entendu plutôt le rôle de la super-héroïne sexy malgré son origine extra-terrestre (elle vient de Tamaran, dans le système Vegan, et sa véritable identité est Koriand’r) mais est également montrée comme une femme assez forte, élément flagrant lorsque l’on voit pour la première fois la couverture de ce numéro 31 où elle soulève Flash par le col d’un seul bras (hic !!). Le casting féminin est complété par Raven , super-héroïne bien plus sombre que les deux autres, ce qui se comprend aisément lorsque l’on sait qu’elle est née de l’union entre une humaine, Arella, et Trigon, un démon. Son pouvoir principal est l’empathie, elle peut absorber les émotions des autres pour les ressentir elle-même, à plusieurs reprises, elle est même parvenue à les instiller chez ses adversaires. Ses pouvoirs lui servent donc majoritairement en soutien, car elle a la capacité de soigner rapidement et très efficacement en supprimant la douleur chez ses amis. Cependant, les auteurs ont toujours été flous sur l’avenir de ces émotions, nous ne savons pas si elle les stocke et les ressent jusqu’à la fin de ses jours, ou si ses dernières la quitte dès le combat fini.


Nous avons donc un trio de femmes assez fortes, qui sont entourées d’hommes vraiment différents mais complémentaires. Le rôle de l’homme fort est occupé par Cyborg , qui jouit aussi de ses capacités cybernétiques de par sa nature d’homme-robot. Il y a ensuite le jovial Changeling (alias Beast Boy) qui a comme pouvoir principal de pouvoir changer d’apparence. Robin que l’on ne présente plus apporte son intelligence et son agilité. Flash apporte sa vélocité. Jericho, le fils de Slade Wilson, alias Deathstroke , peut posséder ses ennemis juste en les regardant.
Au final, un grand éventail de pouvoirs est couvert, cette équipe peut tout faire. Pour une fois, elle fait la part belle aux femmes et s’appuie sur des personnages attachants auxquels le lecteur peut facilement s’identifier. Même au niveau ethnique elle est assez diverse avec un afro américain, un homme à peau verte et une femme à peau orange.





Après ces quelques divagations quant à la composition ma foi forte intéressante de cette équipe, je vous propose d’aborder l’aspect majeur qui ressort de ce chapitre (et j’imagine des précédents y amenant)… Marv Wolfman et Paul Levitz nous y parlent sans concession d’un phénomène sociologique ayant pris une grande ampleur médiatique internationale entre la fin des années 70 et les années 80 : les sectes religieuses. En effet, ces groupes religieux aujourd’hui associés à une certaine forme d’extrémisme (dans certains cas certainement à tort) ont à plusieurs reprises totalement défrayé la chronique suite à des affaires de suicides collectifs ou d’agressions sexuelles. Les Etats-Unis sont quant à eux bien plus marqués par ce phénomène car le principe de liberté religieuse (et non de laïcité comme c’est le cas en France et dans la plupart des pays d’Europe) fait partie des principes fondateurs du pays. Au final, ce qui est de notre côté de l’Atlantique considéré comme secte religieuse, est là-bas l’égal d’une religion et chacun est donc libre de la pratiquer. Je trouve ça donc très intéressant de voir le regard que posent les citoyens d’un pays ayant cette liberté comme pilier.

Bien entendu, nous sommes ici bien loin des affaires ayant défrayé la chronique avec Brother Blood et sa Church of Blood. En effet, il semble évident que Wolfman et Levitz nous dépeignent ici une secte ne cherchant absolument pas à tendre vers un idéal spirituel. Et oui, Brother Blood reste un Villain de comic book et son objectif principal est forcément de contrôler le monde ! Les deux scénaristes mettent en valeur ici les sectes et leurs dangers, mais il est clair qu’au final ils ne se sont pas réellement mouillés. Brother Blood reste un simple Super Villain de comics et l’église qu’il a formé n’a aucune ascension spirituelle servant d’excuse à ses agissements. C’est forcément dommage car s’il y a bien un medium permettant de partager ses opinions sans forcément les imposer, c’est bien le comics (comme nous le verrons dans un numéro à venir plus tard dans l’année) !




Pour finir, il est temps de considérer ce comic book pour ce qu’il est : un comics de jeunes super héros ! Les séries de ce style comme New Warriors, Young Avengers ou les Teen Titans ont véritablement leur place dans le marché des comics ! Je pense qu’il est important que certains héros soient jeunes et plus enclins à faire des erreurs que les machines de guerre que sont les Batman , Superman ou Wolverine . Ces séries proposent en règle général des héros adolescents, ou jeunes adultes, et se révèlent souvent plus profondes que leurs homologues plus adultes, car l’adolescence est un âge permettant un éventail bien plus large d’histoires. Cet âge à la croisée des chemins entre l’enfance et l’âge adulte permet d’aborder des thèmes très sérieux (comme ici les sectes religieuses) mais avec la fraîcheur et l’innocence de garçons et de filles pas encore totalement responsables. Ces personnages ont d’ailleurs l’avantage d’être de parfaits compagnons de lectures des jeunes lecteurs, mais proposent également des histoires plaisantes à lie pour les lecteurs plus vieux, les ramenant à leur jeune âge tout en développant des histoires au raisonnement mature. On trouve en outre dans ces séries plusieurs niveaux de lectures et elles sont d’autant plus réussies lorsqu’elles sont confiées à des artistes confirmés.



Finalement, The New Teen Titans #37 propose un divertissement de qualité, des scènes d’action très bien maîtrisées et une galerie de personnages vraiment intéressante. Ces derniers sont jeunes et encore vulnérables, ce qui offre une possibilité d’identification bien plus forte aux lecteurs de tous âges. Pour autant, le fond n’est pas laissé de côté au profit de la forme puisque Wolfman et Levitz nous proposent une petite satyre des sectes religieuses, bien que l’on regrette que cette dernière n’aille pas légèrement plus loin dans son propos.


Comme d’habitude, n’hésitez pas à rendre visite à notre nouveau partenaire, la librairie ApoKlyps, qui se fera un plaisir de vous aiguiller dans vos lectures et votre découverte de cette fabuleuse équipe.


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  • Ji-Day
    Ji-Day

    il y a 11 ans

    Merci pour cet article.