RetroComics # 7 : Wolverine (1982)

RetroComics # 7 : Wolverine (1982)
Mes chers amis, aujourd’hui je vous propose une excursion dans des contrées qui nous sont encore inconnues. Nous allons faire un petit tour dans le Marvel Universe des années 80, ce voyage nous emmènera d’abord au Canada puis au Japon. Je ne fais pas durer le suspens plus longtemps, j’imagine que de voir Marvel, Canada et Japon dans la même phrase vous a mis la puce à l’oreille… oui, nous allons aujourd’hui parler du mutant à l’ossature métallique : Wolverine.






Je ne m’étendrai pas sur le skillset proposé par le personnage, je pense que tout le monde le connait. Il possède l’agilité et la férocité d’un félin, peut guérir de n’importe quelle blessure, a l’intégralité de ses os recouvert d’adamantium et est célèbre pour ses griffes en adamantium rétractable dans une gaine située dans ses avant-bras qui font « SNIKT ! » lorsqu’il les sort.
Avant de partir pour le Canada puis le Japon de la fin des années 80, je vous propose un petit retour sur la genèse de ce personnage et les raisons de son existence au sein de l’univers Marvel.




Certains des lecteurs et fans de Marvel des années 2000 auront sans doute remarqué un lien assez étroit entre ce dernier et l’incroyable Hulk , et bien sachez qu’il existe vraiment si vous en doutiez puisque Wolverine est apparu pour la première fois dans la dernière case de The Incredible Hulk #180 ! Sa présence fut ensuite totale dans le numéro suivant de la même série. Il est l’œuvre de Len Wein et a prit forme majoritairement grâce à John Romita qui est responsable de son design, mais fut dessiné pour la première fois pour publication par Herb Trimpe (pour ceux ne connaissant pas ce dernier, sachez qu’il est à l’origine de pas mal de chapitres du Hulk du Silver Age. Les deux autres, je ne les présente plus.)
Le personnage est surtout devenu célèbre l’année suivante puisqu’il fut intégré aux All-new, All-different X-men, dès le Giant-sized X-men #1 de Mai 1975.
Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est belle et bien la première série consacrée au mutant griffu, sobrement intitulée « Wolverine » et parue de Septembre à Décembre 1982.
Pour ceux qui ne l’ont jamais lu et ne savent pas qui sont les hommes derrière ce projet, je vais faire taire tout de suite le suspens. L’équipe artistique est juste composée de Chris Claremont au scénario et Frank Miller au dessin (mais on apprend que celui-ci n’y est pas pour rien dans l’idée et le scénario de la série dans la préface du TPB).




Accrochez vos ceintures, il est maintenant temps de mettre le moteur en route et de nous diriger vers notre destination !
Nous ne savons pas encore où nous sommes mais la première page est très frappante. Il s’agit ni plus ni moins d’une pleine page gros plan sur le visage de Wolverine , et une seule case de texte y est associée. Cette dernière contient la phrase qui collera le plus à la peau au personnage toute sa vie jusqu’à aujourd’hui : « I’m the best there is at what I do, but what I do best isn’t very nice ».



Le ton est donné, on a bien affaire au personnage que l’on connait bien, ou tout du moins comme on le connait à l’époque. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, mais comme vous le savez, Wolverine est le plus vieux des X-men de seconde génération et il y a un vrai écart entre lui et les autres niveau âge. C’est le plus bestial d’entre eux et il n’a jamais été montré comme quelqu’un réfléchissant avant de foncer dans le tas. En clair, c’était la «powerhouse» de l’équipe, certainement la plus grosse force de frappe de cette jeune formation.
D’ailleurs petite précision d’entrée, cette mini-série en 4 épisode est la première entièrement vouée au personnage mais ne propose en aucun cas une origin-story, elle s’inscrit clairement dans les évènements de son époque et l’on peut trouver une sorte de suite directe à cette dernière dans Uncanny X-men 172 et 173.
Notre périple nous mène d’abord au Canada natal de notre ami. Nous le suivons d’ailleurs lors d’une confrontation avec un Grizzly. Cette confrontation et un passage dans un bar servent à poser le personnage. Pour nous lecteurs «des temps modernes» cela nous permet de nous replonger immédiatement dans le statut du personnage de l’époque, c’est bien écrit et toujours intéressant à lire. Je ne répéterai d’ailleurs pas cette phrase tout au long de cet article, mais sachez que c’est valable pour les quatre chapitres constituant cette série limitée. Nous avons affaire à du grand Chris Claremont, tous les dialogues sonnent très justes, ils font tous avancé le dialogue et décrivent très précisément les rapports entre les personnages et leur évolution au cours de ces quatre numéros.
Du côté graphique, il y a vraiment un très gros travail de Frank Miller également. C’est très coloré et vraiment dans le style de l’époque, on sent vraiment que c’est sorti au début des années 80 et c’est un gros point fort pour le titre, car je pense que si on avait eu un McFarlane sur le titre, ça n’aurait vraiment pas rendu aussi bien.



J’ai décidé de ne pas trop aborder l’histoire au cours de cet article car l’histoire est vraiment un gros coup de cœur pour ma part, et je suis certain que c’est une série limitée qui devrait plaire au plus grand nombre. On y suit Wolverine retournant au Japon, il va tenter de retrouver sa bien-aimée Mariko Yashida mais sera vraiment surprit lorsqu’il apprendra qu’elle est maintenant mariée et que ses obligations familiales l’emprisonnent.
Je ne vous raconterai rien de plus, sachez juste qu’il y a des ninjas, des samurais, une tueuse professionnelle, de l’amour, des trahisons, des responsabilités, et bien plus encore.
Comme vous l’aurez comprit, ce récit est un condensé de sentiments. Miller et Claremont nous les font passer avec brio. Les dialogues sonnent toujours très juste, il y en a très peu qui sont inutiles et le lien entre nous lecteurs et ces personnages s‘établit très facilement. En plus de cela, Frank Miller a fait du très bon travail, les personnages sont très expressifs, et il excelle à la fois dans les scènes calmes et les scènes d’action. Les angles choisis sont toujours judicieux et certaines perspectives semblent vraiment sublimer l’action se déroulant sous nos yeux.
Avant de passer au traitement du personnage, il me faut insister sur un point qui m’est assez cher. En tant que grand passionné des cultures américaine et asiatique (japonaise et chinoise en particulier), j’ai réellement adoré cette série limitée car les deux bonshommes maîtrisent vraiment leur sujet. On a bien un certain choc des cultures, d’abord par le fait que Wolverine soit un «gaijin» pour les japonais (un étranger), mais c’est également une bête parmi les hommes, ce qui nous fait donc une sorte de double choc culturel. Ce choc des cultures dans ce comic book est parfaitement mis en lumière par le boulot des deux artistes qui se sont vraiment documenté pour réaliser cet ouvrage. On retrouve énormément de références à la culture japonaise, que ce soit le théâtre traditionnel ou dans les propos qu’ils tiennent. L’histoire qui semble au départ n’être qu’une nouvelle histoire avec Wolverine se transforme en véritable film de samurai. Dans la mise en scène de l’action, il apparaît évident que ces deux là on dû se bouffer quelques films du maître Akira Kurosawa avant de s’atteler à la tâche, et bien leur en a prit car ils ont parfaitement saisi l’essence de ses œuvres qui pourrait leur servir dans la mise en place d’un comic book centré sur ce personnage. Les références à la culture japonaise sont en tout cas nombreuses et les initiés verront forcément ce dont je viens de vous parler tellement ça saute aux yeux. Pour les gens qui ne connaissent pas grand-chose à cette culture, ils ne seront pas perdus car il se dégage de cette histoire une forte impression d’exotisme au final très rafraîchissante car la majeure partie de la production actuelle de Marvel se passe soit sur le continent américain, soit dans l’espace ! Beaucoup de scènes utilisent aussi très habilement les jeux de lumières et notamment les contrastes clair-obscur, concept très important dans la culture bouddhiste asiatique.
Je n’irai pas plus loin dans les détails concernant la culture en elle-même, mais on a presque l’impression que Frank Miller a fait un voyage au Japon pour l’occasion tellement visuellement c’est convainquant ! Les bâtiments sont très bien représentés, vous me direz que des photos, ça se trouve facilement, mais là où il fait fort, c’est dans le réalisme des intérieurs. Dans toutes les scènes en intérieur, on se retrouve vraiment au sein de maisons japonaises typiques. Dans la culture nippone, le vide a son importance et c’est un des principes de base de la composition des intérieurs qui sont sensés être très épurés, constitués de beaucoup de lignes de séparation droites. Il y a de manière générale très peu de courbes dans les intérieurs japonais classiques et ce grand principe est totalement respecté par Miller. Il suffit même de jeter un œil aux ornements qu’il place au sein des maisons pour se rendre compte que ce gars là à tout comprit tant cela semble réaliste.



Bien entendu, je suis vraiment rentré dans les détails avec ce paragraphe précédent, et les personnes ne sachant pas tout ça ne le remarqueront certainement pas, mais c’est un point vraiment intéressant car au final, le cadre est vraiment respecté. Pour ma part, je suis vraiment sensible à ce genre de détail, surtout lorsque ça concerne un pays ou une culture qui me passionne car je trouve que de manière générale, les pays et lieux hors continent américain exploités dans les comic book sont à tort réduits à leur plus simple expression. Il suffit de voir comment la France est perçue, la plupart du temps elle est réduite à la Tour Eiffel, Montmartre et les grands boulevards du baron Haussman du XIXè. Ah non, j’allais oublier l’exception Batman Incorporated qui nous propose un Clichy-sous-Bois…. à mille lieues de ce qu’est cette ville en réalité (Grant Morrisson avait dû l’utiliser juste parce qu’il lui est arrivé de tomber sur BBC News en 2005 et pour pas dire «Paris» quoi…). Enfin bref, ne nous égarons pas.
Il me faut maintenant aborder maintenant le character development du principal intéressé ! La situation initiale est simple : Wolverine est un animal dans le corps d’un homme, c’est le plus vieux et le plus brutal des X-men, mais c’est également très rapidement devenu un « fan’s favorite » pour cette bestialité qui, il faut bien l’avouer, fait parfois vraiment plaisir à voir. Là, où Claremont et Miller font fort, c’est justement qu’ils vont totalement briser cette image en environ 80 pages et réorienter le personnage dans une nouvelle direction.




La portée de cette histoire s’étend bien plus loin que les quelques épisodes sortis les années suivantes puisque le Wolverine actuel a été largement décrit dans cette histoire.
Tout d’abord, élément important, on y apprend qu’il a aimé (… et aime toujours d’ailleurs). Ce n’est donc pas du tout le colosse au cœur de pierre que l’on pourrait penser, mais comme il le dit « what i do best isn’t very nice », on peut donc en déduire qu’il est ainsi plus pour préserver son entourage qu’autre chose. Tout au long de ce récit, on apprendra à bien mieux le connaitre et Chris Claremont nous fait vraiment rentrer dans la tête du personnage et l’on se sent vraiment plus proche de lui une fois la dernière page lue. En plus de rendre cette évolution passionnante, ils développent également toute une galerie de personnages autour de lui et c’est très intéressant de voir avec quel genre d’homme il est ami. Dans cette série limitée, on a vraiment affaire à une déconstruction puis reconstruction du personnage pièce par pièce. Le personnage s’épuise physiquement face à l’adversité et est anéanti moralement par la perte a priori à jamais de Mariko , ainsi que la mort de son ami japonais. Tout cela va pousser le personnage à réfléchir sur lui-même, lui qui a toujours refusé l’attachement et la prise en compte des sentiments dans ses actions, il découvrira en fait qu’en les acceptant, il peut être tout aussi bon, voire meilleur. Bon, je vous concède que comme je vous le dit, ça peut sembler un peu niais, mais c’est vraiment beaucoup mieux écrit par Claremont (bon quand je dis beaucoup mieux… ne vous attendez pas à rencontrer oxymores et autres allitérations, il fait quand même parler Wolverine avec son langage très familier). Comme je l’ai dit précédemment, c’est une véritable histoire de samurai et Wolverine va donc être confronté aux notions d’honneur, de dignité mais surtout de devoir, et c’est assez intéressant de voir son évolution au cours de ces quelques dizaines de page.




Pour conclure, je vous incite fortement à découvrir ça. Je ne suis pas particulièrement un fervent admirateur du personnage mais c’est tellement bien mis en image et tellement bien écrit que ça serait dommage de passer à côté. On a deux artistes qui excellent dans leur rôle et qui partagent la même vision du personnage. Il est évident qu’ils se sont en plus fortement documentés sur la culture japonaise et c’est un vrai plus dans cette histoire qui parvient à s’élever de la masse des comics de super-héros, en dépassant ce cadre de travail en allant lorgner d’un autre cadre assez célèbre pour toucher tout le monde, mais permettant vraiment une approche subtile qui plaira bien entendu aux connaisseurs (je ne dis pas ça dans un sens pompeux, lorsque je dis connaisseur – ce que je me considère en ce qui concerne cette culture – je ne dis pas un expert, mais quelqu’un qui a passé un petit moment à s’y intéresser, rien de plus).
Tout ça pour vous dire que c’est du très bon comic book et de l’excellent Wolverine , cette histoire se place aisément en tête de tout ce que j’ai lu concernant le personnage de par sa double nature (histoire de super héros / histoire de samurai), vous pouvez la retrouver en VO dans le TPB intitulé simplement Wolverine , dont la couverture est noire. En VF, je ne suis pas encore en mesure de vous donner une réponse, mais je trouverai ça pour vous, je profiterai d’un prochain numéro pour revenir dessus.




Dernier argument avant de vous quitter pour vous pousser à vous le procurer…. C’est sur cette série là qu’est basé le scénario de The Wolverine , le prochain film consacré au personnage, donc essayez de le lire avant que le film n’arrive, ce qui me fait espérer que l’on peut aisément tabler sur une réédition de cette mini-série en français courant 2013, dans le mois précédent la sortie du film.
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  • Alan scott
    Alan scott

    il y a 12 ans

    Très bonne review, en vf la mini est présente dans le premier volume de l'intégrale wolverine qui est à un prix indécent sur e bay (une centaine d'euros je crois). Le mieux pour ceux qui n'ont pas l'intégrale, c'est d'acheter "je suis wolverine" aux éditions bethy encore dispo sur e bay pour un prix entre 5 et 10 euros avec papier glacé et couverture cartonné contenant la mini au complet.

  • Batdetective
    Batdetective

    il y a 12 ans

    Merci de l'info...^^

  • Coconut 71
    Coconut 71

    il y a 12 ans

    Tout simplement la meilleure histoire jamais faite sur le personnage, juste devant Weapon X et Old man Logan...

  • susano-wo
    susano-wo - Rédacteur de l'article

    il y a 12 ans

    Oula, j'ai pas lu Weapon X mais je trouve que c'est très loin devant Old Man Logan. Cette maxi est quand même vraiment surévaluée alors qu'elle a pas mal de défauts. La mini Wolverine en est quasi exempte je trouve.

  • Shiroi Ryuu
    Shiroi Ryuu

    il y a 12 ans

    C'est mark millar, tout ce qui est mark millar est bon pense les fans. Je dis ça mais j'adore millar aussi ....

  • francis castiglione
    francis castiglione

    il y a 12 ans

    Si vous devez lire une seule histoire de Wolvie c'est celle là (et Wolverine & the X-men mais c'est plus une série x-men donc bon...)

  • K'Ian
    K'Ian

    il y a 11 ans

    Super reviex , et c'est rassurant pour moi , détracteur des dessins de Miller sur Batman The Dark Knight Strikes Again qu'il a fais aussi des très bonne choses :) .

  • Jeje
    Jeje

    il y a 11 ans

    Un album format 100% de cette histoire a fait ou fait encore l'objet d'une offre chez les buralistes (4 kiosques panini achetés l'album offert).

  • Jeje
    Jeje

    il y a 11 ans

    Pour la vf de l'offre c'est http://wtcomics.mdata.fr/panini-fete-marvel-now-en-offrant-une-bd/ donc couverture blanche au lieu de noire

  • Le Berty
    Le Berty

    il y a 11 ans

    Je confirme que pour l'achat de 2 titres Marvel Now les kiosques offrent le TOB Wolverine. C'est le moment ou jamais.