Comic Backstage #3

Comic Backstage #3
Bienvenue pour ce troisième épisode de Comic Backstage, la rubrique qui parle de ceux qui font les comics qu'on adore acheter. On en profite pour vous souhaiter un joyeux Noël en espérant que vous ayez pleins de beaux livres sous votre sapin.

En cette fin d'année, on change un peu le principe de la rubrique. Fini donc les news business puisque le site couvre assez bien l'actualité des comics (enfin, on trouve. Après c'est que notre avis). Doc va commencer par passer à la moulinette le duo Frank Miller/David Mazzucchelli et je vous parlerais de l'incroyable Gail Simone. Leto concluera en beauté avec John Cassaday. Bonne lecture à tous!

C'est parti les amis!




Pour ce troisième numéro, je parlerai d’un couple qui n’a été ni prolifique (2 œuvres en tout et pour tout à deux), ni omniprésent (l’un n’est plus dans le milieu tandis que l’autre s’en éloigne petit à petit) et inscrit dans une durée extrêmement courte (2 ans en tout et pour tout) mais qui en deux œuvres aura su contenter tout le monde et s’inscrire de manière durable dans l’Histoire du Mainstream et, luxe assez rare, du Comic book en général.

Ces deux œuvres ont été lues par beaucoup mais ne pas parler d'au moins une d'elles aurait été une faute, tout comme ne pas citer ce fantastique dessinateur qui malheureusement ne semble plus du tout intéressé par les comic books. Je parle du couple : Miller et Mazzuccheli. (M&M’s pour les intimes).

Les deux œuvres ? Oh rien de bien extraordinaire : Batman Year One, considéré par beaucoup comme l’une des meilleures œuvres mettant en scène l’Homme Chauve-Souris et Daredevil Born Again qui est son pendant pour l’Homme sans Peur chez Marvel.

Je vais cependant me contenter de Year One qui réunit tout ce que ce couple a fait sur Daredevil : « Détruire »-Construire-Toucher.

Frank Miller, un auteur pour le moins atypique.



Celui-ci entre en effet dans de très nombreuses catégories, tantôt « L’auteur qu’il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie au risque de n’être qu’un amateur de comics de bas étage pour le restant de ses jours » et tantôt « Ah ouai le gars raciste et réac et facho qui n’aime pas les Arabes », oui en effet malheureusement, l’auteur qui a été extrêmement prolifique durant plusieurs années est plus connu aujourd’hui pour ses saillies médiatiques et ses œuvres extra-Bdiennes que pour son travail de scénariste-dessinateur sur les comics . Entretenant un avis assez ambigu sur pas mal de thématiques ... (Langage diplomatique à peine dissimulé).

Notre cher ami est issu d’une famille extrêmement modeste, plusieurs frères et sœurs ses parents sont de fervents Irlandais catholiques, ces particularités ont probablement eu une grande influence sur les idées de l’auteur. Un esprit profondément anti-capitaliste (Libertarian Power) , dans plusieurs œuvres, cette mentalité de haine contre la société de consommation se fait ressentir, ainsi pouvons nous voir dans Martha Washington, l’héroïne principale (dont le nom devrait vous dire quelque chose) lutter contre les entreprises agro-alimentaires (Fast Food) qui dominent le monde, abreuvant celui-ci de leur mauvaise nourriture esclavagiste.



Une autre thématique qui lui est chère est la violence, elle est quasi omni-présente dans ses œuvres, mais la plus connue est probablement Sin City, histoire très noire suivant une enquête dans une ville corrompue, celle-ci jaillit au travers d’actes de criminels (et pas des petits d’ailleurs) et est soulignée par la volonté de vouloir créer une histoire en noir et blanc.



L’auteur ne s’arrête pas là puisqu’il récidive dans les années 80 avec Batman et son récit Batman The Dark Knight Returns, œuvre très sombre, quasiment fataliste montrant une société en perdition, violente, dans laquelle un vieux Bruce Wayne affaibli doit reprendre son costume pour lutter contre l’insécurité qui perdure dans le monde.

Le dernier trait que l’on retrouve chez l’auteur, et qui est malheureusement celui qui est le plus connu et médiatique de l’auteur est son conservatisme, nous savions déjà qu’il avait une passion pour la violence, la sécurité et l’interventionnisme, qu’il soit politique ou économique, ce qui le rapproche des sphères conservatrices américaines, son adhésion à la thématique assez controversée du choc des civilisations ne fait que renforcer cela, notamment au travers de 300.

Ici, nous allons nous concentrer sur son aspect le plus bénéfique, le plus enrichissant pour la mythologie d’un personnage qui sans en avoir réellement besoin (quoique) se trouve bien muni par cet apport génial. (Vous ne savez pas de quel héros je parle, rien de plus normal puisque j’évoque les deux héros). Profondeur, esprit « adulte », intelligence, récit fini, autant de caractéristiques qui y sont retrouvées.

Mazzuccheli : Trois petits tours et puis s’en va.


Auteur fort peu connu malgré l’impact presque inconscient qu’il a eu sur les lecteurs de comic books au travers de ces deux travaux. Cet artiste (dont on ne connaît pas grand-chose a commencé ses premiers travaux sur Daredevil , il a travaillé, comme je l'ai rappelé précedemment pour le génial Born Again et se tourne un an plus tard vers DC en suivant le maître Miller.



Et depuis ? Plus rien, ou presque. Une oeuvre acclamée par la critique : Asterios Polyp narrant l'histoire d'un professeur ... d'art (tiens donc). Puis : Enseignant. A Rhode Island ainsi que quelques travaux éparses pour le New Yorker. Visiblement dégouté par le marché commercialement commercial du comic book qui devait fort probablement l'empêcher de développer de manière aussi extravertie ses délires narratifs que l'on retrouve d'ailleurs parfaitement dans l'idéologie du New Yorker. Au moins n'a-t'-il pas abandonné le 9ème Art.

Batman Year One.

Avant toute chose, il faut replacer le récit dans son contexte. Dans les années 80, Batman est dans ce que l’on pourrait appeler une phase de transition (La fin de la phase critique et le début d'une nouvelle page). Bien propre à ce personnage puisque j’exclue ici âge d’or, d’argent et j’en passe et des meilleurs (autant d’âges que le reboot a oublié).

Ayant abandonné depuis quelques décennies (17 ans pour être exact) son carcan de personnage, disons ridicule, grâce aux grand couple O’Neil-Adams qui au début des 70’s ont entrepris un travail titanesque de réinvention du personnage : Finie la caricature de la série TV. Fini le côté humoristique. Bienvenue à de nouvelles origines et à une véritable noirceur.



Comme vous le constatez, avec Year One ce n'est nullement une révolution de noirceur que l'on apporte au personnage puisque le couple O'Neil-Adams s'était déjà attelé à ce soucis avec brio. Couple qui d'ailleurs n'a pas seulement apporté de la profondeur à Batman puisque le Vert de chez DC leur plaisait tout autant.

Mais parallèlement, ce dernier s’est installé dans une forme de « routine ». 2 ans après Crisis on Infinite Earths, les récits de Doug Moench ne révolutionnent rien (J’adore Moench qui selon moi apporte LA véritable ambiance de Gotham mais il ne veut pas modifier la continuité ou apporter de nouveaux éléments dans son run pré Year One, et tant mieux) et que reste-t’-il de mieux pour attirer un nouveau public et le fidéliser, et d' offrir une rampe d’accès en offrant une sorte « d’event » au personnage sans chambouler l’univers de ce dernier avec une purge inutile :

Ses débuts pardi !

Il est d’ailleurs à noter que cet origin story s’inscrit dans une dynamique impressionnante puisque deux ans plus tard arrivera sur grand écran le Batman de Tim Burton et que seulement un an plus tard disparaissait le second Robin , une tournure donc que ce travail de Miller.

Le dessin est des plus classiques : A priori. Nous sommes dans une ambiance des plus noires avec un trait fin, crayonné et un encrage « pastel ». Les formes irrégulières qui parsèment le récit nous apportent une impression fort nébuleuse. On semble être plongés dans un rêve, ou mieux : Des souvenirs.


Nous sommes envoyés dans le passé sur le fond du récit bien évidemment puisque l’histoire fait office de flash back, mais sur le dessin aussi cette voie est suivie. Les personnages apparaissent petits (ce qui rebut fort souvent les lecteurs néophytes d’ailleurs), comme s’ils avaient été dessinés dans un journal .



Normal, puisque Batman , sa naissance est née d'un véritable fait divers et surtout mis en scène comme un fait divers comme le montre la couverture du premier numéro de Year One.

Au même titre, le costume de Batman apparaît fortement classique : Ni armure, ni technologie extravagante (à une exception près). Un costume qui fait très « juste au corps » et renforce l’aspect humain du personnage qui n’est qu’un échos au fait que Batman n’apparaît que très peu au dépends de Bruce Wayne .



Au même titre, le véritable héros est le Commissaire Gordon qui vole la vedette à notre héros : Un étonnement pour l’époque où rares étaient les titres qui étaient empruntés par un run par un personnage secondaire. Le tout fait très années 40, une fois de plus un clin d’œil à la naissance du personnage. M&M’s jouent en nous faisant une bien belle mise en abîme : Nous sommes plongés dans le récit tout en étant sans cesse rappelés à l’ordre par Miller : Ceci est un hommage à ce personnage. Et les clins d’œil nombreux ne sont là que pour forcer le trait.



Dans cette même optique, le travail des couleurs à son importance. Nous sommes dans un travail saturé, d’exagération. Une hyperbole permanente qui réussit parfaitement son coup. Lorsque nous sommes dans l’obscurité, cette dernière est exagérée le plus possible, les aspects les plus noirs ressortent (prostitution, tromperies, corruption, mort).

A la lumière, une fois de plus tout est exagéré : Fuseaux des torches, lumière de la lune, explosions. Tout éclate à notre vue, toujours avec ce contraste étonnant établit avec les traits sombres qui sont juste à côté.



Le découpage et les cases narratives narratives sont par contre loin du classicisme apparent (mais inexistant) des caractéristiques précédentes.

Pour le découpage il est extrêmement dynamique, rares sont les gaufres à 4-8 cases, tout est distendu, tout est pensé méticuleusement.

Les scènes les plus lumineuses se voient offrir des cases grandes, pour couvrir le plus possibles d’espace et toucher l’esprit (scène plongeantes sur la ville, scènes d’action) tandis que les scènes noires sont comprimées fort souvent (à quelques rares exceptions telles que la scène entre Gordon et sa femme dans le lit du couple : Terriblement bien mise en scène).


La narration est inscrite elle dans des feuilles, comme arrachées : L’aspect journalistique est une fois de plus offert sur un plateau à moins que ? Le narrateur est tantôt Gordon (feuilles jaunes et police d’imprimerie) : Nous sommes dans une optique de rapport policier. On imagine aisément la machine à écrire crépiter dans un bureau fumeux de Gotham.

Tantôt c’est Bruce Wayne qui s’exprime (Feuille grise et écriture manuscrite) : Ce dernier écrit ses pensées, comme dans un journal intime. Seul à connaître ce secret, tiraillé par ce dernier (en dehors d’Alfred des plus rares ici) il se livre entièrement à ce confident inerte et nous donne toutes ses pensées (à l’instar des confidentes qui ont fort souvent été utilisées dans les récits classiques du XVIIème siècle).



Voilà donc ce qu'il en est sur cette oeuvre, ou du moins sur l'un des aspects les plus négligés de cette dernière. La cohésion remarquable entre les deux artistes, une cohésion qui se retrouve sur les divers points cités ont sans nulle doute jouer pour beaucoup dans le succès critique et historique de l'oeuvre qui s'est véritablement imposée au fil des ans comme la référence de l'univers du Caped Crusader. A tel point que s'il fallait donner une oeuvre d'entrée, ce serait celle-là. Il est cependant à noter que le dessin en rebute plus d'un, comme si bizarrement le lecteur néophyte qui débarque dans le comic book refuse de voir une touche de franco-belge et s'attend à quelque chose de plus strictement "comics".

Une œuvre complète qui aura le mérite de toucher à un univers mainstream et de montrer que même dans de la BD américaine, même avec des superhéros, même avec l’omniprésent et longuet Batman : Un travail intelligent peut être fait. Un travail complet qui lie avec plaisir scénario et dessin.

Un goût d’amertume reste cependant au fond de la gorge lorsque l’on se dit que Mazzuccheli a totalement abandonné l’idée de revenir dans du mainstream et que Miller semble plus préoccupé par le cinéma et les comic books réactionnaires (et profondément idiots) aujourd’hui que par un travail appliqué et méticuleux comme il pouvait le faire auparavant.

Quelle sale époque …





Une auteur à la hauteur des hommes

Avant d'entrer directement dans le sujet, je voudrais revenir sur la démarche qui m'a amenée à choisir Gail Simone comme l'artiste que je souhaitais mettre en avant dans ce numéro.
Après deux auteurs étiquetés Marvel, j'ai cherché pendant plusieurs dizaines de minutes (c'est long) des auteurs DC, modernes et dignes d'intérêt sans pour autant avoir une carrière qui s'étende sur plusieurs DCnnies (la bonne blague). Et j'ai eu du mal.
Alors bien sûr, les auteurs phares comme Morrison ou Johns sont plutôt jeunes et sont les porte-voix de la ligne éditoriale mais les autres sont soit des vieux routards du comics (Levitz, Wolfman, etc), soit des auteurs méconnus attendant de percer. Donc déjà un premier obstacle chez DC alors que chez Marvel, il y a (selon mon avis, soyons bien clair) plus d'opportunités pour de nouvelles têtes, plus jeunes.

Ensuite, généralement, les auteurs de comics sont des hommes. Et ce constat, on peut le faire partout, chez tous les éditeurs. Depuis le temps qu'on écrit des comics, peu de femmes se sont fait un nom en écrivant les péripéties de nos héros. Mais sans aborder très profondément le machisme permanent dont sont victimes les femmes dans cette industrie, tant sur le plan professionnel que sur les psychés des personnages dans les titres, il ne fait pas bon être de sexe féminin quand on lit ou écrit des BD. En tout cas, cela complique grandement les choses.


Quelle horreur quand même…



Alors raison de plus pour parler de la grande Gail Simone, auteur de beaucoup de choses chez DC et un peu chez Marvel et de sa prolifique carrière assez particulière et finalement assez récente.


Les débuts d'une carrière: une fan prend la plume

Après avoir suivi des études de théâtre à l'université, Gail Simone change de voie et épouse la profession de coiffeuse. Selon elle, ce métier a développé une curiosité pour l'autre et les rapports humains dont elle assume se servir encore aujourd'hui.




Mais en parallèle de son métier, Gail a une passion: les comics. Elle est consciente que la majorité du lectorat est constitué d'hommes et qu'elle est à part dans son groupe d'amis. Sans être pour autant engagée dans une lutte anti-machisme, elle prend conscience de l'inégalité de traitement dont souffrent les personnages féminins dans ses lectures. Avec plusieurs autres personnes, elle crée en 1999 le site Women in refrigerators (des femmes dans le réfrigérateur) dans lequel elle répertorie toutes les morts ou les sévices subies par la gente féminine dans les comic books.
Le nom fait référence à la découverte par Kyle Rayner du cadavre de sa copine "stockée" dans son frigo dans Green Lantern #54 paru en 1994. Toujours disponible à cette adresse : ADRESSE A METTRE, vous pourrez y retrouver entre autres des perles comme:
"Karen Page (accroc à la drogue, ancienne star du X, infectée du sida, morte)"

Très drôle, ce site sera très visité et de nombreux auteurs viendront même réagir avec plus ou moins de sérieux (cf Warren Ellis).
Par la suite, le site d'actualité comics CBR proposera au nouveau phénomène d'écrire une rubrique régulière qu'elle nommera You'll all be sorry! (vous serez tous désolés!) où elle détourne avec humour les travers du monde des comics et de ses auteurs.

La chronique ADRESSE ICI est hebdomadaire et durera d'octobre 1999 à mai 2003. Entre temps, grâce aux contacts qu'elle noue avec les membres du site, on lui propose d'écrire une histoire de son choix chez Bongo Comics, l'éditeur spécialisé dans la franchise des Simpsons en comics. Son script plait et elle entame une collaboration de plusieurs années enchaînant plusieurs titres simultanément.




Bongo n'est pas un éditeur très reconnu, que ce soit par la critique ou même les fans de comics mais c'est là que Simone se forme et apprend la narration et le travail d'auteur professionnel.

En plus de cela, elle trouve du temps pour écrire sa première création personnelle chez Oni Press: Killer Princess. Dessiné par Lea Hernandez, cette série en trois numéros s'est étalée sur trois ans et raconte l'histoire de trois jeunes filles universitaires, en apparence normales et sans histoire, mais qui se trouvent être des assassins hors pair.




On sent déjà une préférence pour écrire des personnages féminins dans ses premières oeuvres originales.

Par la suite, Marvel lui propose de prendre la suite de la série Deadpool en 2001. Le personnage charismatique et grande gueule l'inspire et elle s'engage complètement sur ce premier emploi chez une major américaine.




Mais après seulement 5 numéros, la série est rebootée et rebaptisée Agent X. N'ayant aucune influence sur le travail éditoriale de Joe Quesada, elle subit mal ce changement. Elle écrit les 10 premiers numéros avant de se fâcher avec ses patrons et de partir chez la concurrence où on lui propose la série Birds of Prey (BoP).


L'arrivée chez DC




Cette équipe est composée uniquement de femmes, toutes issues de l'univers de Batman . L'équipe change très souvent de membres mais quand elle commence ses scénarios au numéro #56 en août 2003, l'équipe est centrée autour de Black Canary, Oracle et Huntress .

C'est avec ce titre que Gail Simone va véritablement lancer sa carrière. Elle y restera quatre ans avec 52 numéros consécutifs . Elle y décrit des femmes fortes et indépendantes, capables de s'unir pour affronter des dangers auxquels seuls les héros masculins osent répondre.




On est bien loin de l'image classique des héroïnes faibles et un peu simples d'esprit. Oracle est le vrai leader de la bande et l'élément central, Black Canary et Huntress sont des agents de terrains hors pair. D'autres viendront leur prêter main forte comme Lady Blackhawk, Big Barda, Power Girl ou Hawkgirl .
Simone se sent dans son élément en mettant en scène les femmes. Chuck Dixon qui lança la série en 1999 ne parvenait pas à rendre aussi fort ses personnages féminins. Simone parvient à les intégrer à la continuité et fait intervenir des gros bras DC comme Batman avec qui elles parviennent à rivaliser. Ces héroïnes sont sexy mais avant tout efficaces.


En plein milieu de son run sur BoP, elle parvient à écrire pour d'autres séries dont certaines primordiales dans sa carrière.

En premier, elle soumet une mini-série sur un personnage oublié de l'univers DC: Rhosyn "Rose" Forrest dans Rose & Thorn. En six numéros, elle revisite l'histoire de cette jeune femme schizophrène qui cherche vengeance après l'assassinat de ses parents par un groupe nommé les 100. Rose est un personne très calme alors que Thorn est plus encline à utiliser la force et la violence gratuite pour arriver à ses fins.




Ensuite, 8 numéros d'Action Comics dessinés par l'immense John Byrne (c'est pas rien) entre 2005 et 2006. Si ce n'est pas entré dans les annales, avoir la possibilité d'écrire sur un tel titre fait vraiment bien sur son CV.

Elle enchaîne chez Wilstorm (DC donc), avec l'énième tentative de relaunch de Gen 13 dont elle signera les 13 premiers épisodes.

En 2006, on la charge également d'une nouvelle série sur un personnage secondaire avec The All New Atom . Après 18 numéros, elle laisse la place au très bon Rick Remender qui poursuivra jusqu'à l'épisode #25 et la fin de la série.


Enfin en 2005, elle participe à l'évènement Infinite Crisis en ressortant d'un fond de tiroir l'équipe des Secret Six lors du prélude au crossover. Alors que les vilains se rassemblent pour défier tous les héros de la Terre, un petit groupe refuse d'entrer dans le mouvement et va jouer sa propre partition à l'écart des autres.




Si on compte bien, à ce moment, elle écrit près de quatre titres simultanément sans compter les projets qu'elle met en place et dont on va parler plus tard. Une telle cadence est rare chez les artistes de comics.


Baptisée Villains United, la mini compte seulement six épisodes (paru dans le Big Book Infinite Crisis Prélude 2 chez Panini. Détail qui tue: dans les crédits à la fin du tome, Gail Simone est présentée comme un homme…). Elle y introduit de nouveaux personnages et démarre une série qui recevra de très bonnes critiques mais un accueil plus modéré du public.


La consécration

En 2007, elle concrétise un projet personnel qu'elle avait en tête depuis des années avec Welcome to Tranquility chez Wildstorm. L'histoire se déroule dans la ville de Tranquility, lieux de repos pour super-héros et vilains à la retraite. Bien sûr, une telle cohabitation n'est pas toujours très pacifique et des évènements vont venir chambouler le tranquille quotidien des anciens.
Le récit s'inscrit dans le Wildstorm Universe et fait intervenir les personnages de la franchise comme Gen 13 ou Authority.




En septembre 2007, elle met fin à son run sur Birds of Prey mais débute en 2008 deux titres phares qui vont consolider sa réputation d'auteur confirmée.

Simone se voit donner la scénarisation du plus grand personnage féminin de l'histoire des comics, la reine des amazones: Wonder Woman. Le troisième volume des aventures de Diana a commencé en 2006 avec un nouveau numéro #1 mais c'est au #14 que Gail débute son récit.
Pendant 30 numéros, elle va développer la psyché d'un personnage qui avait du mal à évoluer dans une époque moderne. Le personnage est censé être une figure mythique, divine mais elle va lui donner un côté plus humain, allant même jusqu'à lui donner une vie sexuelle, ce qui n'avait jamais été fait avant. Qu'une femme écrive les histoires de l'amazone semble logique au final et Simone s'en sort très bien. Ces histoires sont de qualité et donnent un nouveau souffle aux ventes même si elle n'atteignent pas les sommets.
En 2010, elle est forcée à abandonner le titre pour fêter le numéro anniversaire #600 en juillet 2010. C'est ensuite Straczynski qui prendra la suite en modifiant le costume avec l'abandon de la jupe pour un pantalon.

En novembre 2008, DC lui fait confiance et lui offre une autre série. La suite de Villains United devient une série régulière baptisée Secret Six, du nom originel de l'équipe.




Elle enchaîne les arcs et modifie l'équipe selon ses scénarios mais parvient à conquérir un coeur de fans assez nombreux pour permettre à la série d'exister sans pour autant être un succès en terme de ventes.
Malheureusement, seul le premier arc a été publié par Panini en France dans le Big Book Infinite Crisis: un an plus tard 2.

Entre les 36 numéros, elle fait son retour sur la série qui l'a fait connaître: Birds of Prey lors de l'évènement Brightest Day. La numérotation reprend au #1 mais l'équipe est toujours sensiblement la même et Simone maîtrise toujours ses héroïnes à la perfection.




Elle écrira 13 numéros avant que DC n'annonce le reboot total de sa gamme pour septembre 2011. Pour Simone, cela signifie l'arrêt de Secret Six mais aussi de Birds of Prey. Elle a d'ailleurs réagit assez vivement à cette nouvelle car DC a indiqué qu'ils ne prendraient pas en compte les derniers développements de son run sur BoP.

À noter aussi qu'elle a donné une suite à Welcome to Tranquillity chez Wildstorm en juillet 2010 qui se terminera en août 2011 avec le sixième numéro.


Maintenant

Pas vraiment fâchée avec DC, Gail Simone fait partie du reboot DC. Elle a co-scénarisé les premiers numéros de The Fury of Firestorm avec Ethan Van Sciver avant de partir du titre pour des divergences artistiques.

Mais surtout, elle a relancé un personnage féminin qu'elle connait bien: Batgirl. Enfin, elle connait bien Barbara Gordon qui l'incarne car dans l'univers pré-reboot, Barbara avait été paralysée des jambes après que le Joker lui ai tiré dessus. Elle était ensuite devenue Oracle , la source d'information secrète et recluse pour tous les membres de la bat-family.




Après quatre numéros sortis, on peut maintenant dire que Simone était l'auteur qu'il fallait pour cette série. Elle parvient encore à donner une consistance à Barbara, et fait du titre une très bonne surprise malgré l'immense inquiétude des fans qui criaient au scandale de ne plus la voir dans son fauteuil.

Voila encore une femme à ajouter sur le CV de Simone. D'ailleurs, maintenant que vous connaissez mieux sa carrière, rentrons un peu plus en détails sur l'intérêt qu'elle parvient à donner aux héroïnes dans ses scénarios.


Une femme écrirait mieux sur les femmes?


Pour le moment, nous n'avons que survolé le contenu de ses histoires dans toutes ses séries mais en allant plus loin, on se rend compte que la majorité de sa carrière est liée aux personnages féminins.

Women in refrigerator n'était pas anodin, elle avait remarqué que les femmes subissaient plus de mauvais traitement que les hommes dans les comics. Sans doute parce que peu de femmes écrivaient ces histoires, et quand on y réfléchit, il semble évident qu'une femme est mieux à même d'écrire Wonder Woman que n'importe quel homme, aussi bon scénariste soit-il. L'égalité des sexes est loin d'être atteint dans ce milieu, la preuve en est les graphiques sortis régulièrement par Bleeding Cool: lors du relaunch DC en septembre, seul 1,9% des postes sont occupés par des femmes.

Dans les comics, il y a plusieurs profils d'héroïnes. Il y a celle qui est plus proche de l'homme, comme Wonder Woman la guerrière ou Miss-Hulk, la bodybuildée. Ensuite, on a la sexy, plus charismatique par son physique que par son comportement comme Power Girl , Supergirl, Black Cat. Certaines, sous la plume de très bons artistes ont su évoluer et s'adapter à notre époque. Miss-Hulk, justement est une avocate très renommée, Supergirl est apparue torturée dans beaucoup d'histoire mais en règle général, elles sont sous-exploitées par rapport aux hommes.
Alors, je ne dis pas que c'est forcément la faute des auteurs, mais il faut se rendre à l'évidence, le lectorat est principalement masculin et il faut s'y adapter. On apprécie de temps en temps (je parle en tant qu'homme) de voir le décolleté de Powergirl plutôt que de s'attarder sur ses problèmes existentiels.

Cependant, en contre exemple, il est bon de parler également de titre comme Y the last man, écrit par un homme et dessinée par une femme qui mettent en avant les femmes de manière très originale.
Adam Warren également parvient dans Empowered à décrire une héroïne sexy (avec des scènes très érotiques) mais qui subit justement ce statut d'objet de désir et qui doit vivre avec, dans sa vie personnelle et professionnelle de justicière.


Pour en revenir à Gail Simone, son approche n'est pas celle d'une engagée pour la cause féminine. Elle n'avait pas prévu le succès de Birds of Prey. Elle est simplement plus inspirée par les héroïnes que par leurs alter-égos testostéronés.
Lorsqu'elle écrit la mini Rosa & Thorn, elle met en avant un personnage avec lequel elle a grandie. Il se trouve que c'est une femme, et cela apporte des changements par rapport à si ça avait été un homme. Elle explique que le sexe entre dans le processus d'écriture mais qu'il n'est pas le facteur déterminant des décisions que ses personnages prennent. C'est juste un chiffre de l'équation.

Elle explique qu'elle s'attache très facilement aux personnages, que c'est même primordial dans sa façon d'écrire, alors avec une cinquantaine de numéros de BoP, elle a eu le temps de développer leurs relations.
Lorsqu'elle reprend en main Wonder Woman , elle devient étiquetée comme une artiste engagée dans la cause féminine. Au lieu de lutter contre, on se rend compte en lisant ses interviews qu'elle ne se voit pas ainsi. Elle écrit sur des femmes qui n'ont pas besoin de se justifier d'exister dans un monde d'hommes. Elle ne parle pas du conflit homme/femme, elle passe au dessus.
Dans l'univers collectif, Wonder Woman était précurseur d'une vision de la femme forte et indépendante, bien avant Xena ou Buffy. Elle a ajouté une dimension plus humaine et actuelle au personnage.

Malgré elle, elle est devenue la porte-parole des femmes dans les comics, lectrices comme auteurs.
En prenant souvent position pour la défense des homosexuels, qu'elle trouve trop peu exploités dans les comics (Batwoman, Hulkling et la version Ultimate de Colossus sont bien seuls), elle créera même un couple lesbien dans Secret Six, preuve que le sujet la touche.
Même lorsqu'elle écrit pour d'autres séries, elle se focalise sur les femmes. Caitlin Fairchild est le rôle central dans son Gen13. Killer Princess parlent d'étudiantes espionnes.


Sans le vouloir, Gail Simone est devenue une des rares scénaristes de comics actuelles en seulement dix ans. Mais ce n'est pas seulement ce qui fait son talent. Elle peut tout aussi bien écrire sur un héros ou une héroïne comme Wonder Woman que sur un équipe comme les Secret Six.
Ce qui fait la force de ses scénarios, c'est la modernité qu'elle donne aux personnages et aux côtés plus humains et proche des hommes que les scénaristes masculins ont tendance à occulter.
Grâce à elle, l'univers DC a évolué plus rapidement, pour mieux appréhender les problèmes de société actuels. Et elle l'a encore prouvé avec Batgirl dès septembre dernier.




John Cassaday est un dessinateur de comics né en 1971 au Texas. La particularité de ce dessinateur est qu'il travaille en alternance avec les Big Two et les indépendants. A l'instar d'Alex Ross ou J. Scott Campbell, il est très prisé comme cover artist mais il sait aussi produire de magnifques pages internes. Peu productif, il a aussi dessiné pour le marché européen avec "Je suis Légion" chez les Humanoïdes Associés (scénario de Fabien Nury) qui fut ensuite publié sur le marché US. Ses deux plus gros succès reste à ce jour Astonishing X-Men avec Whedon (le créateur de Buffy ) et Planetary avec Warren Ellis (je vous conseille le très bon Other Comics à ce sujet).

LES DEUX BIG BOSS DE DC :





LONE RANGER ET BUCK ROGERS (DYNAMITE):



PLANETARY :







MARVEL :









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  • susano-wo
    susano-wo

    il y a 12 ans

    Super article ! Ca donne vraiment envie de découvrir batman Year One pour la première partie ! J'ai bien aimé la seconde partie sur Gail Simone que j'ai pour ma part découvert avec batgirl, et je trouve que cette série fait vraiment partie des meilleures du relaunch. La 3e parte est un peu plus anecdotique, mais c'est toujours un plaisir de revoir des covers de cassaday !

  • Leto320
    Leto320

    il y a 12 ans

    La galerie, c'est juste un bonus xD

  • Khiryu
    Khiryu

    il y a 12 ans

    Il manque juste 2 "ADRESSE A METTRE"/"ADRESSE ICI", à remplacer dans l'article par les urls correspondantes ;)