COMIC BACKSTAGE #2

COMIC BACKSTAGE #2

Bonjour à tous pour ce deuxième numéro de Comic Back Stage, la rubrique qui vous parle des artistes qui sont derrière les comics qu'on aime tant. On a un programme chargé aujourd'hui alors accrochez-vous. Leto vous parlera d'abord de l'actualité chaude du mois et surtout des changements d'artistes (très nombreux) des New 52 puis Doc plongera dans l'univers très spécial qui lie Grant Morrisson et Frank Quitely. Puis Fitz vous dira tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Rick Remender. Enfin, last but not least, on vous a réservé l'interview de Mike Allred réalisée au Lille comics Festival. Le tout accompagné par une magnifique galerie d'illustrations sélectionnées par l'ami Leto. Cher lecteur, nous te souhaitons une bonne lecture.

Je sais que vous êtes tous impatients de lire les articles de Docteur et Fitzlionheart ainsi que l'ITW d'Allred mais vous allez d'abord vous farcir les news de Leto. Je commence bien sûr par DC qui, après avoir fêté à la NYCC le succès du reboot, a fêté les excellents chiffres de vente du mois d'Octobre. Comme si cela ne suffisait pas, les éditeurs chez DC font enfin leur travail en assurant la nouvelle politique de l'éditeur : zéro retards (impensable il y a quelques années). On a donc chaque mois une valse des dessinateurs mais aussi des scénaristes, les titres survivants à leur créateurs. Voici une liste non exhaustive des décisions prises ce mois-ci pour les épisodes qui seront publiés en février. - Rob Liefeld va écrire et dessiner un épisode de Hawk & Dove. C'est obligé, il a un dossier compromettant sur Dan Didio, non ??? - Federico Dallacchio n'est plus aux dessins de Suicide Squad, il remplacé par Tom Raney - Keith Giffen ne fait plus les dessins de O.M.A.C, ce sera au tour des deux Scott, Koblish et Kolins - Aaron Lopresti et Matt Ryan quittent la JLI, Marco Castiello arrive - Cliff Chiang est remplacé par Tony Akins juste pour deux numéros Wonder Woman - Dan Jurgens ne fera plus que le scénario de Green Arrow car Ignacio Calero sera aux dessins - Javier Pina prend la place de Jesus Saiz sur Birds Of Prey Ivan Brandon n'écrira plus Men of War - Ron Marz lui aussi quitte sa série (Vodoo) pour un changement de direction selon DC, changement qui prendra le visage de Josh Williamson avec notamment un crossover en compagnie de Stormwatch de Grifter - L'éditeur Rex Ogle quitte DC et Gail Simone Firestorm - Dan DiDio et Jerry Ordway reprennent la série DC Universe Presents avec une histoire sur les « Challengers Of The Unknown » (on reste dans le décalé et c'est pas plus mal) - Oliver Nome prend la place de Gianlua Gugliotta et Wayne Faucher sur Mister Terrific - Marco Rudy va dessiner le numéro 6 de Swamp Thing - Sholly Fisch dessinera le Backup de Action Comics - Enfin, Nicola et Trevor Scott dessineront la série Superman pour son second arc Voilà, il est maintenant temps de parler un peu de Marvel. La raclée en terme de ventes s'est traduite par plusieurs annulations de séries mineures : Ghost Rider, Daken, X-23, Black Panther et Herc. Il y aussi Punisher Max qui arrive à son terme (comme par hasard) et Alpha Flight qui passait de mini-série à série et qui au final ne sera qu'une mini-série. C'est mieux que All-Winners Squad qui a été annulé au bout de 5 épisodes, ne pouvant finir l'histoire prévue en 8 épisodes. Marvel traverse une grave crise et cela se ressent au niveau du management. Comme d'habitude, c'est Bleeding Cool qui rapporte ces tensions internes. Des employés de longue date sont remplacés par des stagiaires, les éditeurs de séries et franchises sont de moins en moins nombreux mais gèrent de plus en plus de séries, etc...C'est une gigantesque chasse aux coûts qui est organisée par l'ancien propriétaire et actuel président du groupe, Isaac Perlmutter (qui a vend l'entreprise a Disney mais est resté aux commandes). L'ambiance n'est pas très saine et si Marvel a bel et bien gagné la bataille du crossover 2011 et se prépare au raz-de-marée Avengers au cinéma, le reboot osé de DC a changé la donne. L'éditeur doit donc réduire sa voilure pour se recentrer sur ce qui marche avec un énième titre Avengers par exemple en mars. Voilà, c'est fini pour les news, je laisse la main à Docteur. Aujourd’hui pour changer, c’est une nouvelle fois d’un couple d’Outre-Manche dont je vais parler, et un couple qui paradoxalement bien que très connu de par leur nom, restent assez méconnus auprès du public français de par leurs œuvres en duo. Je parle bien évidemment des Ecossais Grant Morrison et Frank Quitely.
Tout le monde connait bien évidemment ce couple, essentiellement au travers de leur collaboration, tout récemment éditée en Francophonie sur All Star Superman et surtout sur la série Batman & Robin ayant connu un énorme succès suite à la sortie du magazine Batman Universe. Si vous avez d’ailleurs l’occasion … n’achetez pas ce magazine qui est absolument introuvable sauf à des prix pharamineux et prenez la Vo, Morrison est un des auteurs qui doit se lire absolument en version originale, certes il est difficile à appréhender et je vous souhaite du courage pour suivre son run sur Batman mais aller vers la Vf c’est rater l’un des tous meilleurs textes de l’histoire du comic book, rien que ça. Maintenant que la parenthèse est faite, attardons-nous sur les deux personnages ; Un dessinateur à part Quitely est un auteur Ecossais né en 1968, rapidement son trait particulier est repéré par le monde du comics underground typiquement britannique.
D’abord embauché chez Electric Soup, recueil de comics trips écossais à l’humour assez décalé, il travaille sur son bébé : The Greens, parodie d’un comics trip typiquement scottish nommé the Broons. Ses cases aux dessins « surréalistes » sont déjà là , style que l’on peut retrouver encore aujourd’hui pour le bonheur de certains qui y voient un style enfin particulier dans le monde du comic book (et dans le style assez classique Dcien) et pour le malheur d’autres qui ne supportent mais son emportement pictural. Naturellement, comme tout dessinateur britannique qui se respecte, il se retrouve très vite dans le fameux Judge Dredd megazine pour lequel il fait de nombreuses covers plus somptueuses les unes que les autres. Il termine sur deux séries en tant qu’illustrateur : Shimura, dépeignant une sorte de Judge Dredd japonaise dans le Tokyo du futur et Missionary Man.
Son travail extrêmement particulier, mariant old school et originalité à la perfection, fut remarqué Outre-Atlantique et l’étape la plus logique avant d’atterrir chez Dc, fut de commencer avec Doom Patrol et Flex Metallo qui étaient à l’époque chez Vertigo. Avec Morrison ...
Un scénariste à part Morrison est tout comme Quitely né à Glasgow en 1960, une vingtaine d’années plus tard il débarque dans les comics avec sa première création Gideon Stargrave personnage que l’on retrouvera plus tard dans son œuvre mythique : The Invisibles. A l’instar de son ami écossais, lui aussi débute dans une revue d’Edimbourgh avec ce personnage : Near Myths, publiant des histoires ayant trait à la Fantasy et à la Science Fiction. Durant ces années, il est extrêmement prolifique multipliant les personnages, histoires et travaux et se crée une véritable place dans la scène comics British.
Ce tremplin, il l’utilisera pour proposer directement à Dc Comics sa Justice League et ses New Gods, refusé naturellement. C’est donc naturellement qu’il se tourne vers l’autre géant : Marvel UK. Son travail le plus notoire est probablement sur Le titre britannique le plus connu mondialement avec Judge Dredd : Doctor Who, place privilégiée pour exprimer son ton à part. Et ce ton à part va évidemment se tourner vers 2000 A.D en 87, ayant sa propre série : Zenith dans laquelle il se met à découdre le statut superhéroïque . Il profite pour intégrer comme à son habitude une réalité sociale et historique pour mieux la critiquer (les bombes atomiques,etc.). Dc cette fois ne ratera pas sa chance et l’embauche, lui est offert le titre Animal Man.
Héros cantonné à son statut de « basique », Morrison révolutionne ce dernier et le genre en général multipliant les trames narratives, les mises en abîmes et les situations incongrues pour son personnage, il représente un ton complètement à part dans la scène comics. La rencontre Les deux étaient faits pour se rencontrer, tous deux à part, en dehors du mainstream, c’est la période la plus chamboulée pour DC détruisant le statut quo en vigueur (6 ans après Crisis on infinite Earths) qui voit ces deux lurons arriver, comme si le contexte fou était la meilleure occasion pour adopter ces deux artistes un peu fous. Dc a besoin d’un ton à part, face à un Marvel qui fonctionne du tonnerre (Le début des années 90 portant les X-Men à leur apogée), la Maison décide pour contrecarrer son adversaire historique de faire dans l’originalité et charge les deux artistes . Après que Morrison ait accompli un run d’anthologie sur la Doom Patrol, c’est sur le spin off qu’il collabore avec Quitely en 1996. 4 Oeuvres, 4 messages Je vais me concentrer sur 4 oeuvres qui selon moi représentent parfaitement ce couple au travers de 4 points cruciaux ; L'Elargissement d'un univers ou du moins l'Enrichissement de ce dernier avec JLA Earth2, la Réinvention d'un autre avec les New X-Men, la Création entière d'une histoire située dans une dimension externe au support d'origine avec All Star Superman et enfin l'Hommage rendu au passé avec Batman & Robin. Même si ces différentes caractéristiques se retrouvent bien évidemment dans chaque oeuvre, celles que j'ai prises représentent bien l'esprit. JLA Earth 2. Ce récit s'inclue dans l'Ere de Morrison sur la JLA. Ce dernier avait repris le titre et faisait preuve d'un classicisme malgré tout prononcé (oui il y avait bien évidemment un ton différent, néanmoins nous n'étions pas face à un bouleversement fondamental à l'instar de ce qu'était et représentait Animal Man). Morrison se devait donc de se défouler bien quelque part et ce fut donc un monde du Multivers qui fut choisi pour cela.
Nous sommes plongés dans un monde qu'à priori on ne reconnaît pas et qui pourtant ressemble à celui de base. Certains indices dissimulés montrent néanmoins que quelque chose ne va pas. Rapidement on se rend compte que ce monde est l'inverse de celui que l'on connaît : Les Bons ne le sont pas tandis que les Mauvais à l'instar de Luthor luttent contre l'injustice. Quitely nous livre des vilains semblables à la JLA que l'on connaît mais chez chacun d'entre eux, il y a quelque chose qui sonne faux ; les traits de Superwoman (contraire de Wonder Woman ) sont durs, Superman lui est semblable sauf sur son costume, la Chauve Souris devient un Hibou , Flash et Green Lantern ont les traits cachés derrière un masque de verre. Luthor lui reste le même en apparence. Morrison se fait plaisir, et utilise ce système pour apporter quelques petites critiques au statut de super héros et au sacro-saint manichéisme. Le récit qui semble étonnamment linéaire en son milieu avec une étonnante facilité pour le Bien se renverse complètement à la fin; les couleurs deviennent celles de l'Apocalypse, il y a saturation dans l'image, le classique jeu de cases est chamboulé à chaque situation catastrophique. Le twist final est un pied de nez à ce que l'on pensait et à ce à quoi on s'attendait. Alors que dans le monde classique on gagne toujours, là on doit se résigner à perdre, un gout amère nous reste dans la bouche et Morrison a pu livrer son message tandis que Quitely s'est amusé à nous donner son interprétation des personnages. Seuls Superman et Luthor sont plus ou moins épargnés dans leur look, pourquoi ? Luthor qui reste le même ne serait-il pas si différent de son semblable de la Terre classique au final ? Et Superman ne serait-il pas nécessairement moins totalitaire que Ultraman ? On reste sur cette question, ils ont réussi leur coup à merveille... New X-Men. A la différence de tous ses précédents titres, Morrison débarque sur New X-Men et chez MArvel en position claire de force, il devient mine de rien une superstar du comics où son ton à part et son extraordinaire talent d'écriture ont sur s'imposer. C'est donc sans grande surprise que lui est confié l'univers mutant. Dans cette position confortable quoi de mieux que de décider de faire ce que l'on désire ? Et Momo ne s'en privera pas : Il installe SON nouveau statut quo, reconstruit certaines choses qui avaient du être éliminées par le passé, réinstallent certains personnages et en introduit d'autres. Il refait les images des personnages A sa manière.
Ainsi, Quitely se voit confier, certainement sous l'égide bienveillante du scénariste, le relooking complet des X-Men : Look moderne avec cuir, un Wolverine complètement en dehors des codes précédents (oubliés les masques et le costume jaune/violet). On peut remarquer un design très british, presque Destroy chez certains des personnages qui se rapprochent plus de l'image de punks qu'autre chose, Morrison connaît le statut conservateur de Marvel et décide de marquer le coup avec l'aide de son ami Ecossais. La révolution qu'il y a dans l'Histoire se retrouve donc à servir une réinvention que veut Morrison dans les mentalités Marveliennes. Malheureusement, on sait tous à quels points de tels bouleversements et changements sont difficiles à maintenir dans un univers aussi dense, surtout lorsque Morrison s'amuse à marquer cette Histoire de grands coups de hache dans la continuité des mutants. A l'instar d'un certain Straczynski sur Spider-Man , Morrison sera retenu come un excellent compteur mais comme quelqu'un d'indomptable et à l'Histoire terriblement instantané. A l'instar donc du look des héros de Quitely, les bases qu'il a reposées seront elles aussi fortement revues. All Star Superman . Le grand retour du couple, cette fois pour s’attaquer au personnage de légende : Superman. Pour ne pas prendre de risque et probablement pour offrir plus de liberté à Morrison, le récit se situe néanmoins hors continuité. Libérés de toute contrainte, les deux Ecossais vont pouvoir libérer leur imagination, et ils ne se gèneront pas. Dès le début le ton est donné : Superman va mourir . Ce constat, ce présage extrêmement noir et terrible (surtout pour un numéro qui est censé être dans la lignée des All Stars et donner plus de vie) plombe le lecteur. Alors qu’ils auraient pu faire le choix de poursuivre dans un ton mélodramatique à l’instar du titre « La Mort de Superman » c’est paradoxalement tout l’inverse qu’ils feront, prenant à contre pied le lecteur et se jouant de lui. Cela passe par trois axes : La narration. Empruntée est dans un ton « Journal Intime » du quotidien, on nous dépeint ce qu’il se passe, sans mélancholie mais avec un appétit de vivre évident. Les cases d’ailleurs font penser à des pages de livre, multipliant les doubles pages Quitely nous offre un découpage classique mais dynamique. Elles se suivent, nous exposent chaque fois des scènes mettant en avant Superman ou un autre personnage. L’humour. Paradoxalement très présent que ce soit au travers du personnage d’Atlas ou de Lex Luthor , Quitely se joue de cela enchaînant les scènes comiques de situation et extrêmement visuels. Nous sommes pleinement dans du Charlie Chaplin ou du Laurel et Hardy, sans tomber dans l’humour lourd et perpétuel les dessins sont à double lecture nous avons l’action de base mais aussi derrière, en second plan ou caché une situation qui prête à sourire.
Les couleurs. On en prend plein la vue, ce numéro mortuaire, nous fait exploser les yeux de par le déchainement de couleur. Véritable hymne à la vie voulu par Morrison, les couleurs chatoyantes, et les personnages hors norme sont légions. Nous sommes presque dans du Pulps des années 50 colorisé. Son imagination débordante rend un subtile hommage à cette époque qui l’a marqué, comme tout fan de Science Fiction, de super héros ou des premiers cris de la Fantasy à grande échelle. Superman n’est ici pas épargné et est transposé dans un monde fou, qui peut basculer à tout moment … Bizarroement. Batman & Robin Dans la droite ligne de leur retour chez Dc avec All Star Superman et de l’énorme run de Morrison sur Batman , l’auteur écossais se lance sur le titre qui suit la « mort » de Bruce Wayne : Batman & Robin. Dans ce titre, il introduit complètement dans le Batverse Damian Wayne (mis en place depuis Batman & Son) et fait appel à son artiste fétiche : Quitely. Le couple est parfait, Morrison envisage ici de dépeindre Gotham de manière très noire. Presque sale et perverse. Le nouveau vilain crée pour l’occasion : Mr Pig n’en est que le meilleur exemple. Quitely qui maitrise très bien un trait très gras semble être le meilleur choix pour cela. Son travail des visages rend les personnages à la limite du dégoutant, la sueur, le sang transpire de son œuvre. Morrison suit dans la narration adoptant un ton qui nous met extrêmement mal à l’aise. Tant sur le fond que le contexte nous sommes dans le lourd perpétuel (magnifiquement contrebalancé par les excellents dialogues de l’auteur).
Sur le dessin et la narration aussi. Sans jamais tomber dans le gore gratuit et adoptant souvent une certaine pudeur, Quitely dépeint de manière géniale ce que veut nous transmettre .S ur les couleurs par contre c’est tout autre chose, plus de noirceur, plus d’ombres exagérées, le style lumineux de Quitely domine. Visages éclairés, couleurs pétantes on est dans le kitsch pur et dur . Un subtile écho de l’auteur une fois de plus à l’Histoire de la série. Depuis son arrivée sur le Batverse, Morrison construit un immense hommage au Golden et Silver Age, le couple Batman & Robin représentant parfaitement cette époque (que ce soit en comic book ou en série TV) est son vecteur et l’encrage l’outil. Sur le travail des visages d’ailleurs on retrouve cette odeur de fivties-sixties, la tête disproportionnée du jeune Damian , extrêmement Cartoonie, les lèvres et traits du visage exagérés. Une communion parfaite qui résulte d’années de collaboration, la preuve que deux artistes sont aussi essentiels l’un qu’à l’autre ; sans la patte de Morrison, Quitely n’aurait pu basculer dans un style kitsch parfaitement en relation avec le sens de l’ongoing. Sans le talent de Quitely, Morrison n’aurait jamais pu transmettre ce qu’il désirait (bien que les artistes ayant suivi le jeune Ecossais n’aient pas fait honte à l’auteur avec des styles bien différents cependant). Un achèvement parfait pour une collaboration parfaite, fort heureusement les deux auteurs sont loin d'en avoir fini, alors que Momo comme on l'appelle est en plein sur le reboot DC avec sa Maxi Série Leviathan achèvement de près de 5 ans sur le Batverse et sur le reboot de Superman et que Quitely a fini son court travail sur DC Universe: Legacies nous ne pouvons souhaiter qu'une seule chose : Une nouvelle collaboration ... sur de l'indé si possible Au tour de Fitz maintenant de vous parler d'un artiste qu'il aime particulièrement. Les débuts On ne connait pas vraiment l'âge de Rick Remender mais ce n'est pas un nouveau venu dans le monde des comics. Aujourd'hui il a la charge de plusieurs séries en exclusivité chez Marvel mais c'est chez les éditeurs indépendants qu'il a su montrer tout son talent. Sa bibliographie est trop fournie pour que je vous détaille toutes ses créations, on ne parlera donc pas de toute son oeuvre mais de ses scénarios majeurs ou importants qui font de lui un auteur à part dans l'écurie Marvel.
Il approche pour la première fois l'univers du dessin grâce à l'animation. À la fin des années 90, il participe à la production de films comme Le Géant de Fer, Anastasia, ou encore Titan A.E.
Mais son esprit créatif est limité dans ce travail et il décide avec des amis de publier un comics au scénario sérieux et engagé: Captain Dingleberry, l'histoire d'un super héros dont le pouvoir est d'avoir un passage dimensionnel dans le c… euh postérieur (pardon aux plus sensibles). Ce qui lui permet entre autres de faire apparaitre des petits colombins en costume pour l'aider… un chef d'oeuvre donc.
la preuve
Il débute également la série Black Heart Billy , avec Kieron Dwyer à propos d'un punk combattant des nazis qui tentent de transformer le monde en zombie pour faire naitre le quatrième Reich. Deuxième pitch de dingue
Le milieu Puis c'est le trou noir, au niveau de sa carrière artistique du moins. Il restera actif dans les comics en encrant les dessins de Dwyer sur Avengers de 2001 à 2003 mais il ne sortira rien de sa propre création. Il hésite encore quant à la voie à suivre, que ce soit dans le comics ou non et même s'il ne préfère pas le dessin au scénario. Il faudra plusieurs années pour le voir réapparaitre sur plusieurs projets chez plusieurs éditeurs et dans les milieux du jeu vidéo et de la musique. En 2005, il occupe un poste à temps plein chez Electronic Arts ou il scénarise le jeu Dead Space en collaboration avec Warren Ellis. En plus de cela, il collabore avec le label de punk rock Fat Wreck Chords, qui a permis la première publication de Black Heart Billy en 2000, pour illustrer plusieurs pochettes d'albums pour NOFX, No Use For A Name et d'autres groupes du label.
Puis c'est la folie. Entre 2005 et 2007, il est partout. Chez Image, avec Doll and Creature; Sea of Red; Strange Girls; Last Christmas et XXXZombies. Chez IDW, ou il poursuit Black Heart Billy et sort Night Mary une mini-série en cinq numéros. Chez Dynamite ou il signe un one-shot avec le très bon dessinateur français Paul Renaud sur Red Sonja. Chez Mirage, sur les Tortues Ninja. Mais surtout chez Dark Horse avec Fear Agent. Sa meilleure création (selon moi en tout cas), qui sera la première de trois séries indispensables. Le meilleur: Dark Horse La première fois qu'il collabore avec le cheval noir, c'est en 2005 comme dessinateur pour la mini-série adapté du film éponyme avec Bruce Campbell: Man with the Screaming Brain. La même année, il débute Fear Agent comme scénariste avec Tony Moore au dessin.
Remender y raconte les aventures spatiales de Heath Huston, un agent de la peur, un peu alcoolique dont le boulot consiste à éradiquer les menaces extra-terrestres dans l'univers. C'est de la pure science-fiction old school. Heath va être entrainé dans une intrigue temporelle très (mais alors très) compliquée. Cet anti-héros va devoir sauver la terre et régler quelques problèmes personnels au fil de l'aventure. Le dessin est parfaitement maitrisé et donne une atmosphère kitch (assumée) à l'univers. Le but est de rendre hommage à la SF avec des costumes de cosmonautes et des monstres tout en écrivant un histoire moderne et dynamique. Remender décrit Heath comme un mix entre Han Solo, pour le côté héroïque et humoristique et le capitaine Kirk pour les aventures spatiales ubuesque et pseudo-romantique. Le dernier numéro, le #35 est sorti le 2 Novembre outre-atlantique. L'éditeur français Akiléos a eu la permission de publier la fin de la série en avance avec un sixième tome sorti le 3 novembre dernier. En 2008, deux nouvelles séries sont publiées. La première, The End League raconte l'histoire d'une équipe de super-héros dans un monde ou une catastrophe planétaire a donné à une partie des habitants des pouvoirs, qu'ils utilisent à mauvais escient. Le scénario apocalyptique offre une vraie réflexion sur le statut des super-héros et leur place dans une société moderne.
Tous les personnages sont des fusions ou des clins d'oeil à des héros de Marvel ou DC comme Arachnakid, ou astonishman. Trouver toutes les références ajoutent une profondeur supplémentaire à la lecture déjà passionnantes des neuf numéros que comptent la série. C'est un peu ce qu'aurait du être l'univers Amalgam quand DC et Marvel ont décidé de mixer leurs lignes. Remender l'a fait. En mieux sur tous les points. Le deuxième est Gigantic, une parodie de big brother ou notre planète est le décor d'une émission de télé-réalité diffusée dans tout l'univers.
Kane est un gladiateur dans une émission télévisé. Il a été kidnappé enfant et transformé en un robot géant afin de se battre dans l'arène. Lorsqu'il apprend que la terre est en fait contrôlée par les médias extra-terrestres, il décide de revenir sur sa planète pour la libérer. Là encore, Remender a quelque chose à dire et utilise une histoires fantastique pour le sublimer en seulement cinq numéros. Ces trois titres sont disponibles chez nous grâce à l'éditeur Akiléos. Je ne peux que vous conseiller de vous les procurer, ça vaut le coup. Le présent: Marvel En 2008, il assiste Matt Fraction au scénario de la série The Punisher War Journal à partir du numéro 19. Ses travaux impressionne énormément la maison des idées qui lui offrira les rênes d'un reboot des aventures de Frank Castle en échange d'un contrat d'exclusivité (il garde cependant le droit de terminer ses autres séries en cours). une nouvelle série Punisher démarre donc en Mars 2009 et replace le héros dans la continuité de l'univers Marvel. Remender décide de centrer son run sur l'humanité de Frank Castle . Il le fait rencontrer des nouveaux personnages et va plus loin que la simple vengeance sur laquelle est basée la psyché du personnage. Mais après 11 numéros, il décide de changer ce status-quo. Après Dark Reign, Dark Wolverine (Daken) va littéralement découper Castle et abandonner ses bouts de cadavre. Ces derniers seront récupérés par Morbius qui le ramènera à la vie sous la forme de Frankencastle.
fallait oser
Cet arc est très décrié par les fans de la continuité par son improbabilité mais Remender assume totalement ce choix qu'il met en relation avec l'humanité qu'il a récemment donné au personnage. Cette forme ne l'empêche pas de poursuivre ses histoires et au bout du 21ème numéro, Remender termine son histoire et laisse le personnage de Frank Castle car Marvel a décidé de relancer ses big shots. C'est Greg Rucka qui reprend la série en Aout 2011. Mais Marvel ne laisse pas son nouveau protégé sans boulot. En décembre 2010, il a débuté la nouvelle série Uncanny X-Force avec l'excellent Jerome Opeña.
ravaler cette bave qui coule, voulez-vous?
L'équipe militaire secrète des x-mens est confrontée à la réincarnation d'Apocalypse. Ensuite, à partir du numéro #11. Le groupe va voyager dans l'ère d'Apocalypse pour une saga magistrale en marge de l'event Fear Itself: The Dark Angel Saga. Cette série est publiée actuellement par Panini dans X-men Universe. En plus de cela, il écrit la nouvelle série Venom (qui arrivera avec le nouveau magazine Spider Man Universe en Mars prochain) avec Tony Moore au dessin. Le personnage est réinventé pour l'occasion: un nouvel hôte fusionne avec le symbiote et il est utilisé par le gouvernement pour des missions spéciales.
Les critiques sont mitigés sur la qualité de ce titre (que je n'ai pas lu, donc je ne vais pas vous donner mon avis). Remender n'a pas choisi ce postulat de départ et on peut comprendre qu'il soit freiné par les directions éditoriales de Marvel. Dans de récentes interviews, il avoue avoir planifié un long run et avoir de grands projets pour ce nouveau personnage qui va intégré petit à petit l'univers Marvel entre autres grâce à des rencontres avec des héros et vilains plus connus. En tout cas ,il semble très excité par les possibilités qu'offrent le caractère lunatique de Flash Thompson/Venom. On a en plus appris qu'un mini évent verra une équipe formée de Venom , Rulk, X-23 et Ghost Rider pendant 6 numéros. On attend une histoire bien fun avec des personnages connus pour leur finesse et leur délicatesse… Tony Moore sera toujours au dessin. Voila pour ses travaux les plus récents à la maison des idées. Cependant, son contrat d'exclusivité permettait une exception, une série qu'il a publié chez Radical Comics au début 2010: The Last Days Of American Crime.
Cette série en trois numéros raconte le dernier crime d'un groupe de criminels avant que le gouvernement dématérialise tout l'argent et rendre la monnaie obsolète. C'est magnifiquement dessiné par Greg Tocchini, c'est sexy, c'est intelligent, c'est sombre. C'est la première fois que Remender s'essaie au polar et il réussit avec brio. Une adaptation cinématographique est déjà prévue avec Sam Worthington dans le rôle principal. Je vous le conseille vraiment, en plus c'est édité par Emmanuel Proust en France dans des éditions très soignées. Un coffret est d'ailleurs prévu pour Noël. Les thèmes Avec cette exhaustive bibliographie, on peut quand même distinguer des récurrences dans les travaux de Remender. D'abord, il aime les monstres et ensuite il aime décrire des apocalypses. Dans son adolescence, il a été très proche du milieu punk ce qui l'a fortement influencé. L'univers graphique de ce milieu était très tourné vers les monstres et les squelettes. L'artiste Robert Williams était son modèle et une référence de cette scène.
Au depart, Remender se destinait à une carrière de dessinateur. Il a signé The Last Christmas, Man with the Screaming Brain, et des pochettes d'albums pour le label punk Fat Wreck Chords de son ami Fat Mike du groupe NOFX. Tous représentant des monstres ou des zombies. Ses premiers scénarios poursuivent dans cette voie. Le punk fantastique Black Heart Billy affronte des zombies nazi. Sea of Red met en scène des zombies pirate. L'héroïne de Strange Girls se bat contre des démons de l'enfer. Et je ne vous parle pas de XXXombies chez Image, tout est dans le titre. Même dans des titres plus grand public, il intègre des créatures. Par exemple, les cerveaux géants de [/i]Fear Agent[/i], ou la référence aux Kaijus japonais (comme Godzilla) avec les couvertures de Gigantic. Mais sa préférence va au mythe de Frankestein comme on peut le voir avec la transformation du Punisher en Frankencastle ou bien FrankenThor dans The End League. Le deuxième thème qu'il aborde souvent est la fin du monde. Non pas qu'il espère mourir en décembre 2012 mais selon son propre aveu, cela lui permet de développer des intrigues originales et de provoquer des comportements inédits chez des personnages souvent stéréotypés dans les comics. Dans Strange Girl, Dieu a ramené tous les croyants au ciel et Satan a envahi la terre. Heath Houston tente d'empêcher la destruction de la terre dans Fear Agent. Le héros Astonishman est responsable d'une catastrophe planétaire au début de The End League et Gigantic manque de peu de détruire sa planète d'origine en tentant de la sauver. Ce n'est pas forcément la destruction qui l'intéresse dans ce thème mais les réactions des personnages et le message qu'il fait passer derrière l'intrigue principale. Il mêle parfaitement l'action et la réflexion. La violence ou le gore sont jouissifs et justifiés par des scripts solides. Enfin pour conclure, Rick Remender est un scénariste fidèle. On sent qu'il développe avec ses dessinateurs de vrais amitiés qu'il cultive au fil des années. Kieron Dwyer l'a mis en image sur Black Heart Billy ; Sea of Red; XXXombies. Tony Moore est le dessinateur de Fear Agent et Venom . Il a également participé au run sur le Punisher et XXXombies. Eric N'Guyen a dessiné Strange Girl et Gigantic. Quant à Jerome Opeña, il a oeuvre quelques sur Fear Agent et Punisher avant de dessiné complètement son scénario de Uncanny X-force. Peu de scénaristes peuvent se vanter d'avoir autant écrit d'oeuvres de qualité. Bon c'est sur que si vous n'aimez pas les monstres, ç'est plus compliqué. Je vous conseille néanmoins fortement ses travaux chez Dark Horse, accessible à tous. Rick Remender nous raconte ses histoires tranquillement, de son côté. Ce n'est pas un architecte de Marvel, il reste très indépendant des autres publications (preuve en est le passage dans l'ère d'apocalypse dans Uncanny X-force). Personnellement, je suis déçu de le savoir exclusif chez Marvel mais j'espère un retour aux indé rapidement car c'est là que sa créativité est au plus fort. Allez, on finit en beauté avec l'interview de Mike Allred réalisée par MDCU au Lille Comics Festival 2011.


Leto vous a manqué? Il revient avec une magnifique galerie consacrée bien sur à Mike Allred et à oeuvre très inspiré du pop-art. On ne pouvait pas parler de Mike Allred sans vous présenter son travail. Voici donc, rien que pour vos yeux, un best-of de son talent qui prouve l'étendue de ses compétences. DC :
Marvel :















Madman :















Autre :
Voilà les petits amis, on vous laisse et on dit rendez-vous le mois prochain pour le troisième numéro de Comic Backstage. Comment? Vous avez raté le premier? C'est pas un problème, il est toujours disponible à cette adresse.


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