D'abord, nos excuses pour ce changement de programme, j'avais annoncé dans le dernier numéro qu'Ashka publierait le prochain Other Comics et nous y parlerait des adaptations de Buffy contre les vampires.
Cela n'a malheureusement pas pu être possible car des projets professionnels l'ont occupé ailleurs, il est bien évidemment tout excusé et reviendra vite pour vous parler de Dark Vador et des Jedis.
En attendant, concentrons nous sur une série multi récompensée et terminée depuis 2008 aux États-Unis et intégralement publiée en France.
Y the Last Man
Après tout le bien que j'avais dit de
Warren Ellis, je souhaitais mettre en avant un auteur que j'apprécie particulièrement.
Brian K Vaughan est un petit scénariste de génie. Il n'a pas oeuvré sur beaucoup de titres mais il a toujours réussi à trouver un très bon accueil critique et public sur chacun de ses runs.
Il n'a pas travaillé sur de gros titres ni de séries majeures chez les grands éditeurs mais il s'est illustré à la fois chez Marvel et DC.
En plus d'écrire pour les comics, il a scénarisé les trois dernières saisons de la série TV
Lost, y intégrant le concept génial des flash-forward (opposé aux flash-backs).
Il a crée en 2003 la série régulières
Runaways chez la maison des idées, qu'il a intégré dans la continuité et qu'on retrouve souvent en tie-in avec les young avengers lors des gros crossovers (Civil War, Secret Invasion). Après une petit vingtainaine de numéros, il quitte la série qui, depuis n'arrive pas à retrouver un nouveau souffle, malgré un bon run de
Joss Whedon.
Chez DC, il profite des labels
Vertigo pour créer Deux ex-Machina 2004-2010) chez Wildstorm, l'histoire d'un héros qui communique avec les machines et qui réussit à se faire maire de New-York. Il publie aussi chez
Vertigo un graphic novel:
Pride of Bagdad (2007) qui raconte l'histoire des fauves en plein Bagdad et leur survie après la destruction du zoo ou il vivait auparavant.
Mais surtout, en 2002, il débute [/b]Y the Last Man[/b] qui durera pendant 60 épisodes, avec toujours la même artiste,
Pia Guerra au dessin.
L'idée originale
Yorick est un jeune adulte un peu pommé. Pour gagner de quoi vivre, il réalise des tours de magies et de la prestidigitation amateurs dans les rues. Son seul ami est un petit singe qu'il a recueilli quelques semaines avant: Esperluette, qu'il dresse pour l'aider dans ses tours.
En plus sa copine,
Beth est en voyage au beau milieu du désert australien. Alors qu'il s'apprête à la demander en fiançailles au téléphone, une femme est sur le point d'accoucher de son clone dans un hôpital à Boston. En Arabie saoudite, une amulette maudite très précieuse va quitter le pays, ce qui pourrait déclencher sa malédiction.
À cet instant précis, ou tout ces évènements se déroulent, à la même seconde, tous les hommes de la planète décèdent.
Plus que tous les hommes, tous les mâles de la planète succombent, animaux compris. Le chromosome Y est anéanti. Pris d'une douleur atroce, du sang s'éjectent de leurs yeux, de leur bouche et de leurs oreilles et ils s'effondrent en quelques secondes.
Tous les mâles… excepté
Yorick et
Esperluette.
Le traitement original
Avant de parler plus du fond, je vais me focaliser sur le premier numéro qui est de loin le meilleur début de série que j'ai pu lire jusqu'à présent.
Vaughan y introduit tous les personnages. La mère et la soeur de Yorick, un mystérieux agent secret américain nommé 355, une faction de combat israélienne composée uniquement de femmes, une doctoresse spécialisé dans le clonage. Tous ses personnages seront les protagonistes tout au long des 60 numéros et leur introduction se fait facilement et très naturellement.
En plus, un décompte annonçant la catastrophe vient rythmé tous les dialogues et les petites scènes pour arriver au moment fatidique ou tous les hommes disparaissent.
Des centaines d'avions n'ont plus de pilotes, des dizaines de centrales nucléaires ne sont plus sous contrôle. La plupart des gouvernements n'ont plus de chef. Le chaos est total et mondial.
On est scotché par l'habileté de
Vaughan à mettre autant d'enjeux en place en si peu de pages. Une vrai leçon de comics, qui donne l'eau à la bouche.
Si vous lisez l'anglais, vous pouvez d'ailleurs le télécharger légalement à cette adresse: http://www.dccomics.com/vertigo/graphic_novels/?gn=1736
Yorick n'est motivé que par une chose: retrouvé
Beth, en Australie. Il va partir à sa recherche accompagné par l'agent
355, que sa mère, membre du parlement américain va lui imposer car il représente à ce moment le seul espoir de l'humanité. Sans hommes, cette génération sera la dernière…
Leur voyage devra aussi répondre à la grande question: pourquoi?
Pourquoi tous les hommes sont-ils mort? Pourquoi seuls Yorick et Esperluette en ont réchappés? Pourquoi à cet instant?
Comment les femmes vont-elles se réorganiser? Des guerres vont-elles éclater maintenant que la testostérone n'influence plus les émotions des mâles dominants?
Ce postulat de départ offre des dizaines d'ouvertures scénaristique que Vaughan va explorer une à une. Il en profite aussi pour critiquer le machisme et la manque d'équité dans les sociétés modernes, sans pour autant prendre un ton moralisateur.
Il va aborder tous les thèmes sociaux en les adaptant à ce contexte: politique, religion, sexualité, racisme. Ce "road-trip" n'est en fait qu'une excuse pour rencontrer de nouveaux personnages et analyser leur réaction (souvent extrêmes) face au au cataclysme.
Mais l'atmosphère de la série n'est pas que noir. Yorick est un personnage plus proche de l'ado immature que de l'adulte qu'il devrait être vu sa situation et cela permet beaucoup d'humour et de clins d'oeil brillamment servi par les dialogues de Vaughan.
Par exemple, le paradoxe dont est victime Yorick est assez ironique: certaines femmes souhaitent sa mort car il représente un genre qui aurait du s'éteindre alors que d'autres (un peu nymphomane) lui vouent un culte. Peu habitué à être le centre d'attention d'autant de femmes, Le dernier homme va devoir éviter les balles et détourner les avances non détournées du sexe opposé.
Original le dessin?
Déjà, il est important de préciser que Pia Guerra est…une femme. Ces dernières sont rares dans l'industrie des comics et encore plus au poste de dessinateur mais pour cette oeuvre, il paraissait évident que le point de vue féminin devait être représenté à un moment clé de la création.
Afin de laisser s'exprimer ses opinions, Vaughan a construit l'univers de Y en collaboration avec Guerra au point de la créditer comme co-créatrice de la série.
Impossible de savoir à quel point son influence est allée mais ce regard sur la société patriarcale n'aurait pas été le même sans sa participation.
Côté technique maintenant, le dessin est assez sobre et classique et réaliste. On ressent vraiment le crayonné, avec des bords très marqués autour des personnage. Les visages sont très expressifs et de gros efforts sont fait sur les habits et les détails "anodins" des décors.
Cela n'empêche pas une représentation de la violence dans certaines scènes qui correspond parfaitement avec l'histoire qui se veut propose un élément perturbateur dans un monde au départ normal.
Même s'il n'est pas exceptionnel (dans le sens époustouflant du terme), le coup de crayon de
Pia Guerra remplit magnifiquement son rôle de servir au mieux possible le scénario de Vaughan et ses personnages charismatiques.
Un petit mot rapide également pour mettre en avant les magnifiques couvertures des singles que vous pourrez retrouver en bonus dans les recueils. Du numéro 1 à 17, c'est
J.G Jones qui dessine. Il s'est entre autres illustré avec les couvs de
52,
Wanted, ou
Final Crisis. Son trait réaliste proche de la peinture change totalement des dessins intérieurs mais illustre parfaitement les enjeux de chaque épisode.
Du 18 au 22, c'est Aron Wiesenfeld qui le remplace avec un style plus pastel.
Ensuite, c'est
Massimo Carnevale qui prend la relève à partir du 23 jusqu'à la fin des 60 numéros. Toujours dans un style très réaliste, il réalise de vrais tableaux avec une foultitude de détails.
[/u]L'avis original de Fitz[/u]
J'ai adoré l'idée de départ. Ce bouleversement et ce qu'il pouvait entraîner amenait des conséquences mondiales et globales incroyables et j'attendais beaucoup de ce point de vue.
Mais Vaughan préfère se focaliser sur les relations entre le petit groupe de voyageur. C'est ce côté road-trip qui m'a un peu déçu tome après tome pour au final être mitigé sur les dernier numéros et la fin "facile" selon moi.
Je ne suis pas non plus un grand fan des dessins même si sur les derniers numéros, les couleurs ajoutent à la qualité. Mais en général, ce n'est pas rebutant.
Cependant, même si certains aspects ne m'ont pas plu, je pense que cette série est un indispensable rien que par l'originalité du scénario et les histoires humaines qu'elle contient.
Comment ça se lit?
En VO, toute la série est disponible en 10 TPB pas très cher sur le net ou en 5 hardcover très classieux pour les plus fortunés.
En France, c'est
Semic qui a commencé la publication puis
Panini a repris la licence et ressorti les 10 tomes avec une nouvelle édition.
Si vous ne les trouvez pas forcément en boutique ou dans les magasins généralistes, ils sont toujours disponible sur Internet pour une quinzaine d'euros le tome.
Au final, on a une oeuvre majeure majeure des comics modernes servie par un scénariste géniale et des dessins qui s'accordent parfaitement au récit.
Alors pourquoi s'en privé?
Au programme dans deux semaines…Eh ben je ne sais pas. Peut-être
Buffy , peut-être Star Wars, peut-être une autre série de
Warren Ellis (non, j'ai promis, j'arrête).
Enfin, vous verrez, ce sera la surprise.
D'ici là, vous pouvez toujours consulté les anciens numéros à ces adresses:
Other Comics #1 [22/11/2010]
Other Comics #2 : Vous êtes rebelle et indépendant
Other Comics #3 : The Green Hornet
Other Comics #4 : Spawn
Other Comics #5 : Planetary
Other Comics #6 : The Darkness
Other Comics #7 : Tony Chu
Other Comics #8 : Powers
Other Comics #9 : ABC
Other Comics #10: Transmetropolitan
Other Comics #11: Scott Pilgrim
![[OTHER COMICS #12] Y le dernier homme](https://www.mdcu-comics.fr/upload/news/unes/img_une_4830_other-comics-12-y-le-dernier-homme.jpg)
![[Dossier] 10 ans de New 52 : Les oubliés de la VF](https://www.mdcu-comics.fr/upload/news/unes/thumbs/img_une_35477_dossier-10-ans-de-new-52-les-oublies-de-la-vf_1636630341.jpg)
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