Pour ce tome de la collection DC consacré à Batman, je vous propose de relire la critique d'un Ancien de MDCU, Ashka, que l'on salue. Son avis avait été écrit en 2013, lors de la sortie de l'album chez Urban.

Au scénario, on retrouve Geoff Johns qui a entre autres ramené sur le devant de la scène Green Lantern avec son run incroyable et son excellent crossover Blackest Night. Il avait réécrit avec succès les origines de Superman avec Superman : Secret Origins où il faisait déjà équipe avec Gary Frank, dessinateur du titre.

Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est Terre-Un, c’est une version alternative de l’univers DC Comics, faisant partie du multivers DC. On a du coup le droit à un Batman vraiment différent de celui que l’on connaît. Donc les nouveaux lecteurs pourront profiter de ce bouquin sans se soucier d’une quelconque continuité sachant qu’ici il n’y en a pas, tout ce que vous devez savoir est dans le bouquin !

Alors maintenant passons au plus intéressant, comment s’en sort cette nouvelle version des origines de Batman. On connaît tous ses origines et pour certains, il peut sembler totalement redondant de revenir encore une fois sur celles-ci tellement elles ont été utilisées par différents médias à travers les années. Mais cette fois, nous avons droit à quelque chose qui est vraiment différent de ce qu’on a pu voir jusqu'à présent et arrive à surprendre.

Le début du titre nous donne clairement le ton, on retrouve un Batman qui est tout nouveau et donc totalement inexpérimenté et qui n’est pas le personnage réfléchi et infaillible que l’on connaît. On retrouve enfin un personnage jeune qui se précipite et qui sait à peine ce qu’il fait la plupart du temps. Johns a vraiment bien bossé sur cet aspect et, personnellement, ça me fait énormément plaisir d’enfin trouver un Batman plus humain que ce qu’on a l’habitude de voir.

On est loin du mythe de l’homme chauve-souris qui fait peur aux criminels dès qu’il pointe son nez et ce n’est pas plus mal, je trouvais que cet aspect était souvent très mal géré et notamment aussi par Nolan dans Batman Begins qui pour moi était un gros défaut de la saga.

Autre grosse surprise dans le titre, les personnages sont différents. On ne retrouve pas Alfred en tant que majordome qui sert les moindres désirs des Wayne, mais on a droit à un Ancien comparse de guerre de Thomas Wayne et donc un militaire endurci qui se retrouve à avoir la garde de Bruce contre son gré après la mort de ses parents. Du coup, Alfred n’hésite pas à donner son opinion sur les agissements de Bruce au fur et à mesure du bouquin et n’hésite pas à le confronter à ce qu’il fait en mettant en avant ce que lui a connu lors de la guerre. Mais il montre qu’il est prêt à aider Bruce tant bien que mal dans sa quête même s'il ne pense pas que ça soit une bonne idée.

On a donc une dimension en plus sur Alfred, mais pas seulement. Johns aimant bien s’intéresser aux personnages dont on connaît que trop peu le background, on a aussi droit à un Harvey Bullock en jeune policier plein d’espoirs de Justice pour Gotham, bien loin de son personnage habituel et Johns cherchera tout au long du bouquin à nous montrer pourquoi un tel personnage est devenu ce qu’il est dans l’univers Batman. Une partie vraiment intéressante sur la descente aux enfers rapide du personnage et le retour brutal à la réalité auquel il est confronté.

Mais on retrouve aussi des versions étonnantes d’autres personnages que je vous laisserai découvrir tellement c’est agréable d’avoir des versions alternatives des protagonistes que l’on a appris à connaître au fur et à mesure de l’histoire de Batman.

Du coup au niveau des personnages, Johns prouve encore une fois qu’il aime écrire des personnages, sait leur créer un background à la perfection même si ceux-ci existent depuis des dizaines d’années sans que ça soit vraiment approfondi et maîtrise parfaitement les interactions entre ceux-ci. Du coup, c’est un vrai régal de lire l’histoire de ces personnages.

Au niveau de l’histoire globale, on retrouve vraiment les débuts de Bruce en tant que Batman et donc l’intrigue, tout en étant plutôt basique dans son approche, arrive à nous apporter ce qu’il manquait peut-être à la version que l’on connaît du Chevalier Noir . Plusieurs fois lors de la lecture, je me suis demandé pourquoi ça n’était pas comme ça dans la version normale de Batman et surtout pourquoi cette version doit être en Terre-Un et non pas une réécriture de l’univers Batman actuel (comme il l’avait déjà fait avec Superman : Secret Origins) qui aurait été parfaite avec le reboot DC Comics. On doit donc se contenter de ce Terre-Un et c’est déjà pas mal.

Tout n’est pas cependant parfait dans le titre, on regrettera par exemple un rythme souvent bien trop rapide qui est dû au format que Johns doit respecter, défaut que j’avais déjà remarqué sur Superman Terre-Un et on passe sur plusieurs détails bien trop rapidement. On aimerait donc passer plus de temps à approfondir l’univers et les personnages et avoir seulement un TPB de temps en temps (il aura fallu attendre deux ans pour la suite de Superman Terre-Un qu'Urban aura réuni dans un seul volume) est plutôt décevant. On se demande combien de temps il faudra pour voir la suite de ce Batman Terre-Un, mais en tout cas après la fin de la lecture, on a vite envie d’y retourner !

Autre petit défaut, je trouve que l’on retrouve que bien trop peu de références à l’univers Batman au final, si on a droit à des nouvelles versions des persos bien sympa, des origines revisitées, on se dit tout de suite « Je me demande comment est tel perso dans cet univers » et au final on en retrouve que bien peu et Johns aurait pu faire un peu plus de fan-service à ce niveau-là en nous laissant des indices permettant d’approfondir l’univers.

Au niveau des dessins maintenant, Gary Frank fait un travail vraiment exceptionnel dans ce titre, il arrive à rendre les personnages vraiment vivants et différents encore une fois des versions qu’on connaît. Mais le plus incroyable, pour ma part, vient du costume de Batman. Pour une fois, on a vraiment l’impression que c’est un vrai costume et qu’un être humain se trouve dedans, les traits du dessinateurs arrivent vraiment à faire ressortir le côté humain que Johns essaie de donner au personnage et ça marche à la perfection, on sent vraiment que le scénariste et le dessinateur sont sur la même longueur d’onde et c’est un régal.