La review du jour concerne un titre proposé par Delcourt  : Dead Inside. Ecrit par John Arcudi et dessiné par Toni Fejzula, il est sorti le 25 octobre pour 16.50€.

Une enquête aussi glauque que dérangeante en milieu carcéral. Entre Orange is the New Black et Oz, Dead Inside oscille entre coups de poignards et dialogues ciselés.

La division en charge des crimes en milieu carcéral au bureau du shérif du comté de Mariposa enquête sur un crime commis à l’intérieur d’une prison. Avec un nombre limité de suspects qui – de plus – ne peuvent pas s’enfuir, on peut penser que l’affaire sera vite réglée… Mais ce n’est pas vraiment le cas, comme va le découvrir l’inspectrice Linda Caruso.

Autant le dire tout de suite, le synopsis n'est pas d'une originalité folle. Le coup du cas simple qui s'avère en fin de compte compliqué, c'est un peu la base. Ce qui est intéressant, ce sont plus les nombreux obstacles qui se dressent devant le personnage principal afin de résoudre l'enquête. Entre la hiérarchie qui ne montre aucun soutien, un directeur de prison qui n'est pas chaud à l'idée que le petit «  train train  » quotidien soit bouleversé et les personnages mystérieux, l'inspectrice Caruso aura fort à faire. De plus, tout ceci ne représente que la première étape. Ne pas obtenir d'aide, c'était lorsqu'elle venait de commencer son enquête. Une fois qu'elle commencera à creuser, c'est carrément des bâtons dans les roues qu'on lui mettra.

Autre point fort, si le début de l'enquête est assez banal, ce n'est pas le cas des personnages secondaires qui montrent rapidement qu'ils ne sont pas là juste histoire d'entourer Caruso. Cette dernière s'éloigne également grandement des clichés habituels grâce à une certaine force de caractère et un background intéressant. Pour finir avec les personnages, on notera qu'il est difficile de ne pas penser que la prison est en réalité un personnage à part entière. Une sorte d'organisme vivant et qui, en tant que tel, n'aime pas les changements, les corps étrangers, place les défenses adéquates pour repousser l'envahisseur et surtout, fait tout pour rejeter vite fait bien fait ce qu'il juge nuisible à sa survie.

Pour finir, et surtout pour ne pas non plus qu'il y ait de malentendus, parlons un petit peu de l'enquête en elle-même. Il a été souligné par deux fois que le début n'était pas forcément folichon. Il serait de bon ton de préciser que l'on ne parle ici que du début. Pour le reste, l'enquête progresse plutôt rapidement, étape par étape, et avec un certain soin apporté à chaque détail. Le sentiment général lorsque l'on referme l'opus est que le tout aura été plutôt bien ficelé. Tout cela pour dire qu'il ne faudra pas faire de conclusion trop hâtive  !

Après, on ne peut nier que la description y a été un peu fort. Le lien fait avec Orange is the new Black et surtout Oz est peut-être un peu exagéré tout comme la mention aux «  dialogues ciselés  » dans le sens où, à l'inverse, les dialogues auraient fréquemment mérité d'avoir un peu plus de force pour mieux cerner les émotions des personnages voire pour éviter une certaine monotonie lors de certaines longues explications.

Côté dessin, l'ensemble est plutôt bon sans être exempt de tout défaut pour autant. Le visage d'un personnage peut avoir énormément de détails puis en manquer cruellement la page suivante. De même, il y a fréquemment des problèmes au niveau des proportions des personnages. Le dessinateur semble vouloir nous montrer un style qui se veut apparemment réaliste. Dès lors, on ne peut pas s'amuser à dessiner des chevilles anormalement fines ou des hanches anormalement larges par rapport au ventre du personnage. Par contre, on notera l'effort lié au découpage, au cadrage et à la mise en situation. Le travail sur les ombres est également à saluer.