La review du jour concerne un titre de l'éditeur Snorgleux Comics : American Monster, tome 1. Ecrit par Brian Azzarello et dessiné par Juan Doe, il est sorti le 22 septembre pour 16.50€.

Dans une petite ville du Midwest, un homme imposant et défiguré descend du Bus et s’installe au motel. Son apparence effraie les habitants - personne ne le connaît - à moins que ? Impossible à dire, car il semble ne pas avoir de visage. Ses intentions sont inconnues, jusqu'à ce qu'il s’occupe d’un shérif corrompu qui deal avec le gang local de marchands d'armes racistes. Il passe alors du statut de monstre à celui de héros … jusqu’à ce que ses vraies intentions remontent à la surface. Il n’est pas là pour en finir avec le gang, mais pour en prendre les rennes. Et ça ne fait que commencer...

- Est-ce que vous allez me tuer ?

- Je sais pas encore.

- Cool.

Derrière ce synopsis pour le moins simple à savoir un mec horrible qui secoue les habitudes d'une petite ville plus ou moins tranquille, se cache en réalité une histoire complexe. A la fois sombre et pessimiste lorsqu'elle ne tend pas vers le malsain, nous suivons en réalité trois groupes d'individus : le fameux étranger fouteur de merde qui n'est pourtant pas le pire du lot, une jeune fille (et ses potes) qui utilise son corps pour se faire du fric auprès d'un mec appelé “la bascule” (un personnage aussi tordu que la crampe dans Pulp Fiction) pour essayer d'améliorer sa vie, et un groupe de malfrats. Le gros avantage de cette division, et de la patience dont fait preuve Azzarello, est que chaque personnage, principal ou secondaire, a quelques cases pour lui afin qu'il soit un minimum développé. Ce point qui pourrait être une faiblesse pour certains lecteurs, et en réalité le point fort de l'oeuvre. Etant donné que le scénariste met du temps à installer ses personnages et que plusieurs groupes sont mis en avant sans être tous liés de manière claire pour le moment, on ne peut que suivre avec intérêt chacun des personnages tant il est impossible de déclarer qui est important ou non pour le moment. Tout cela pour dire, que le lecteur ne doit pas charger les indices ou rester buter sur l'intrigue. A l'inverse, il ferait mieux de se laisser porter par la violence de la plupart des personnages jusqu'à ce que les réponses viennent d'elles-mêmes. Cette passivité du lecteur ne devrait pas être une torture tant les personnages sont charismatiques et tant le pollar d'Azzarello est noir, brut et froid.

Il a dit qu'il y a un mec mort sur la route, fils de pute !

Côté dessin, c'est magnifique et pourtant assez paradoxal. D'un côté nous avons un découpage tout ce qu'il y a de plus classique, mais de l'autre, la mise en scène est bougrement dynamique et surtout très inspirée. Ceci, en plus des dialogues qui sont composés la plupart du temps de phrases très concises, fait que le rythme est extrêmement rapide. Preuve en est, nous ne restons auprès des personnages que 3, 4 planches grand maximum. Après cela, on se déplace dans l'espace voire dans le temps. Enfin, la colorisation est elle aussi sans prétention jusqu'à ce que les cases deviennent plus violentes. Là, les couleurs changent brutalement pour laisser place au rouge, au noir et aux jeux d'ombres.