La série Outcast a un bon rythme et atteint son quatrième tome chez Delcourt un peu plus de deux ans après ses débuts. Elle nous raconte une histoire de possession en allant un peu plus que les autres. Après trois tomes globalement réussis, voyons où nous mène ce quatrième.
La première chose à savoir sur Outcast, c’est que c’est une série qui se construit sur la continuité. Prendre le train en route n’a pas vraiment d’intérêt, il vaut mieux commencer par le tome 1. Donc avant de continuer, vous pouvez consulter les critiques du tome 1, du tome 2 et du tome 3 de la série. Du coup, on peut maintenant commencer directement par la fin du tome 3, où Kyle était capturé par l’étrange Sidney. Le premier chapitre nous propose donc une scène très intéressante entre les deux hommes. Il s’agit d’une discussion en huis-clos très bien écrite et palpitante. Des informations nous sont révélées, tout en ne sachant pas bien quoi croire. On retrouve donc une des grandes forces de la série : nous proposer des dialogues aussi passionnants qu’un exorcisme.
On passe ensuite sur le révérend qui continue son enquête sur les possédés. On voit de plus en plus clair, avec des clans qui se mettent en place. Une petite guerre débute dans cette modeste bourgade américaine. Mais finalement, le véritable personnage principal de cet album se nomme Sidney, et son arme est surtout sa bouche. Il parle beaucoup, manipule beaucoup, sans qu’on sache démêler le vrai du faux, et ce qu’il cache. Une mythologie se met petit à petit en place, et on apprend les différents types de personnages : les humains, les possédés, les fusionnés, les bannis… Bref, cet album permet de faire un bon pas en avant et de découvrir certaines idées que Robert Kirkman, le scénariste, a dans la tête.
Il continue d’ailleurs à lancer des pistes. En parallèle de l’histoire de Kyle et du révérend, Allison, la femme de Kyle, se fait approcher pour mettre Amber, leur fille, dans une école spécialisée. On sent que quelque chose ne tourne pas rond. Une autre des grosses qualités de la série est d’arriver à nous suggérer que quelque chose cloche, sans nous dire précisément quoi. On perd assez facilement nos repères, et on sombre dans l’horreur et le fantastique. Si vous aimez ce genre, finalement assez proche de Stephen King par exemple, vous apprécierez Outcast. Malheureusement, l’intrigue n’avance peut-être pas aussi vite que l’on souhaiterait. Kirkman prend son temps, et comme c’est plutôt bien fichu, on dévore l’album très rapidement, et on le finit alors qu’on en veut plus.
La série tourne pour le moment avec un nombre assez réduit de personnages. Les situations ne peuvent pas être déclinées à l’infini, et ça se ressent un peu. Il y a donc par moment des baisses de régime, des moments où on accélère la lecture pour découvrir ce qu’il va se passer après. C’est un peu le défaut que j’expliquais dans la critique du précédent tome, même si c’est moins marqué ici. Le scénario a de très bonnes choses en réserve pour tenir quelque temps, j’en suis sûr, mais il y a certains passages à vide qui aurait pu être écourtés. Alors bien sûr, cette lenteur participe à l’ambiance, mais à trop multiplier les albums, pas sûr que les lecteurs s’y retrouvent… Heureusement, la fin du tome nous introduit un nouveau personnage prommetteur pour la suite.
Reste le principal atout d’Outcast depuis le début : les dessins de Paul Azaceta. Cet artiste est incroyable. Ses planches ont une construction assez classique, mais il y a vraiment une volonté de nous proposer des plans très cinématographiques. On n’est jamais perdu, on voit directement ce que veulent nous montrer les auteurs. Le travail sur les ombres, les visages, tout œuvre ensemble pour nous construire une ambiance soignée et superbe. La coloriste, Elizabeth Breitweiser est tout aussi talentueuse, et arrive à mettre encore plus en valeur les dessins d’Azaceta qui sont déjà d’un très bon niveau. Bref, la partie graphique est juste sublime, ce qui fait que malgré quelques errements du scénario, on pourrait lire Outcast jusqu’à l’infini.
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