[Interview] Croquemitaines : Mathieu Salvia & Djet

[Interview] Croquemitaines : Mathieu Salvia & Djet

Coup de coeur de la rédac', Croquemitaines ne vous laissera pas insensible ! Glénat Comics qui édite ce comics nous a permis de réaliser une interview des deux français qui se cachent derrière ce super titre.

Interview !

Tout d'abord, merci à Mathieu et Stéphane de prendre du temps pour répondre à nos questions !
 

Mat : Merci à vous !

MDCU : 1ère question, comment vous est venue l'idée de Croquemitaines ? Pourquoi ce sujet spécifiquement ?

Djet : Pour ma part, Mathieu m'a mis entre les mains un sujet complètement dans l'esprit de ce que j'adore. Il est arrivé avec sa punchline et m'a convaincu dès le début. On touchait au fantastique dans un univers urbain et aux peurs liées à l'enfance, des thématiques fortes que j'ai toujours voulu traiter dans mon travail de dessin.

Mat : A l'origine, tout est parti d'une scène ; celle d'un gamin fuyant un grand danger dans la nuit, aux côtés du Croquemitaine vivant dans sa cave. La trame relative aux croquemitaines s'est bâtie assez vite. Celle concernant Elliott et ce que je voulais raconter à travers son aventure a pris un peu plus de temps. J'ai longtemps "senti" ce que je cherchais à raconter vraiment, sans parvenir à mettre le doigt dessus. J'ai donc réécrit, encore et encore, jusqu'à ce que cela soit clair dans mon esprit.

C'est évidemment un récit initiatique qui traite de la fin de l'enfance et de l'innocence, de la manière dont les adultes affrontent le deuil ou leurs peurs. Mais c'est également un drame qui traite du changement, de ce qui nous définit et de la manière dont nous pouvons changer, évoluer. Avec Djet, nous avons énormément travaillé pour que Croquemitaines puisse se lire de deux manières différentes (littérale ou symbolique).

MDCU : Deux artistes français sur du comics, ça fait plaisir ! Quelles sont vos inspirations pour Croquemitaines (que ce soit comics, films, livres, bd, questions très générales) ?

Djet : Nos inspirations principales, je pense que c'est, et restera, Neil Gaiman et le film "Un monde parfait" avec Kevin Costner et réalisé par Clint Eastwood... En terme de dessin, du Sean Murphy, du Scalera, du Obata, Murata pour ne citer qu'eux. Je pourrai pas énumérer tout le monde, mais c'est un ensemble très large qui a permis de construire ce récit graphique et de faire ma propre tambouille.

Mat : Djet a bien résumé :) Quand on a échangé nos références, on a vite compris qu'on était sur la même longueur d'ondes.


Chez MDCU on est tellement fan qu'on se sent un peu frustré de ne pas en avoir plus. Surtout lorsque l'on voit que bon nombre de noms "célèbres" de Croquemitaines sont utilisés.

Djet : Et en plus j'en ai rajouté des Croquemitaines dans cette histoire. :)

Mat : Merci, ça fait super plaisir d'entendre ça. Je pense que le tome 2 va répondre à toutes les questions. Il en restera une peut-être, la plus importante, qu'il faudra aller chercher soi-même, avec ses méninges, mais ce ne sera pas trop difficile :) C'est vrai qu'au tout début, il n'était question que de deux Croquemitaines : le Père-la-Mort et Bonhomme-Sept-Heures. Et puis avec Djet, on a commencé à en imaginer d'autres, et puis toute une communauté. Le rythme du récit initial devait être lent, presque contemplatif, mais au final, avec ces ajouts et le chapitrage en 25 planches, j'ai sérieusement accéléré le rythme. Objectivement, après plus d'un an et demi à bosser dessus, je ne sais plus quoi penser de tout ça, mais je peux comprendre la frustration que peut générer le tome 1 chez certains.
 

Avez-vous eu l'impression que votre série aurait mérité plus de volumes pour étoffer plus en détail son univers ?

Mat : Nous avons eu la chance incroyable d'avoir le choix de l'éditeur pour cette histoire. Et nous avons choisi Glénat. Plus exactement, nous avons choisi Olivier Jalabert. Et Olivier ne nous a jamais restreints, bien au contraire. Donc, non. Si cette histoire fait 150 planches (2x 75), c'est uniquement de notre fait. Et puis dès le début, j'avais l'idée de développer un univers riche et complexe qui ne servirait que de toile de fond. Une manière de dire aux lecteurs : « Hey, ne regardez pas dans cette direction, la vraie histoire est ailleurs. Elle est plus banale, mais également plus importante :) ».
 

 

Si ce choix de 2 tomes était clair depuis le départ, avez-vous néanmoins dû faire l'impasse sur des choses qui vous tenaient à cœur ? Un peu à la manière des "scènes coupées" dans le cinéma.

Mat : Dans l'idéal, cette histoire devait paraître en un seul tome. Mais éditorialement, c'était trop complexe à mettre en place. Il a donc fallu la scinder en deux tomes chapitrés en 25 pages.

Vous utilisez majoritairement des Croquemitaines issus du folklore français. Si vous aviez la possibilité de faire voyager Elliott, de quelle contrée vous aimeriez utiliser leurs incarnations de Croquemitaines ?

Mat : Bonhomme-Sept-Heures vient du Canada, je crois. Il y en a quelques-uns très sympas dans le folklore Russe également il me semble. J'avoue que je ne m'y connais pas assez. J'aime beaucoup la sonorité de « Boogeyman » sinon.

Vous évoquez les "Anciens" dans ce premier volume. Est-ce que l'idée de raconter plus en détail le passé de Père-la-Mort vous a traversé l'esprit ? Ou alors la naissance d'un Croquemitaine de ses débuts en tant que Petite Sœur ?

Mat : Je crois que vous trouverez déjà beaucoup de réponses à ces questions dans le tome 2. Sans spoiler, le Père-la-Mort est certainement le premier des Croquemitaines. Il a toujours été là. Plus que son passé, ce que je voulais raconter, c'était le doute. Que se passe-t-il lorsque vous êtes là depuis des siècles et qu'il vous reste encore l'éternité devant vous ? Lorsque vous êtes devenus le plus fort ? Lorsque vous savez que vous avez atteint votre évolution finale ?

Quant au cycle de vie d'un Croquemitaine (Petite Sœur, Cauchemar, Croquemitaine), il a été évoqué dans le tome 1, lors de la rencontre avec le Croquemitaine du pont. Nous avions l'envie, à un moment, de décrire ce cycle par le biais de dessins reproduits en début de chapitre et puis finalement nous avons laissé tomber. Comme je le disais, nous aimons aussi l'idée de ne faire qu'effleurer cet univers. La vraie histoire est celle d'Elliott.

Parlons comics maintenant, si vous deviez choisir un artiste avec lequel vous rêveriez de travailler, qui serait-il ?

Djet : Oui je pense que avec Rick Remender, je ne dirai pas non! Mais construire une carrière avec Mat est aussi important. Partir d'en bas et être reconnu pour notre travail restent ce qu'il y a de mieux à faire. 

Mat : Neil Gaiman, définitivement. Ce mec est un dieu. Je donnerais tout pour le rencontrer, alors travailler avec... whoa. Sinon du côté des dessinateurs, je ne sais pas trop. J'aime travailler avec Djet et plus généralement, avec des personnes accessibles et pleines de doutes.

Quand on parle comics, on pense souvent à "Super-héros", ici point de super-héros, mais y a-t'il un super-héros d'une grosse écurie sur lequel vous aimeriez travailler ?

Djet : Oui!!! Batman et rien d'autre...Ah si Hellblazer, l'univers de Constantine. Finalement, encore des univers sombres et fantastiques. J'avais adoré le travail de Capullo et Snyder sur la Cour des Hiboux, j'aimerai bien qu'avec Mathieu on construise un univers aussi bien sur une grande licence.

Mat : Batman, ouais. Définitivement le meilleur de tous les super-héros. J'ai été scotché par ce qu'ont fait Scott Snyder et Greg Capullo avec la Cour des Hiboux.


 

Votre duo fonctionne à merveille, d'autres projets de collaboration en vue ... sauf si vous vous détestez maintenant ;-) ? 

Djet : Non, j'ai pas réussi mon objectif qui était qu'on se déteste à la fin! J'en suis très déçu et ravi car on va pouvoir encore faire d'autres projets ensemble et essayer à nouveau de se détester. Je vais pas en dire plus car on est encore en plein développement et Mathieu n'est pas encore arrivé à la V6 du projet.  

Mat : C'est vrai que cette expérience a été super. Je souhaite à tous les jeunes scénaristes d'avoir la chance de bosser dans ces conditions. Vers la fin de Croquemitaines, Djet m'a demandé si j'avais autre chose sous le coude pour lui. J'ai souri comme un idiot devant mon écran pendant 5 min. Du coup ouais, on a remis le couvert.

Question bonus à Olivier Jalabert, ne pouvez-vous pas les faire signer pour une suite, des spin-offs etc ? :-p

Olivier : J'ai tout donné, tout essayé, tout tenté... pour obliger ces messieurs à signer le pacte du sang (cohérent avec Croquemitaines vous avouerez) avec moi à l'aveugle, mais rien n'y a fait car ces deux-là sont bien trop intègres et sincères pour se lancer dans une aventure sans l'assurance d'une bonne histoire. Du coup, j'ai préféré les laisser faire ce qu'ils font de mieux, concocter leur nouveau projet dans l'ombre, et attendre avec une certaine impatience qu'ils viennent me le montrer, qu'on en parle, qu'on échange. Quant à savoir s'il s'agira de Croquemitaines ou d'autre chose, qui sait ? Pour ma part, je suis convaincu que ce sera un bien chouette projet...


Un grand merci à Mathieu, Stéphane "Djet", Olivier et Fanny chez Glénat sans qui cette interview n'aurait pu avoir lieu !

Vous l'aurez compris, on vous conseille de vous jeter sur le tome 1 de Croquemitaines en attendant la sortie prochaine du tome 2 le 31 mai prochain !

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Edité par Glénat Comics

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