Une fois n'est pas coutume, c'est un Zap'DC un peu spécial que je vous propose aujourd'hui. Puisque l'éditeur s'amuse à lancer plusieurs crossovers en même temps, vous ne retrouverez que les chroniques des titres qui y sont liées. D'autant plus que ce sont des épisodes qui ont de très grandes chances d'être publiés en France dans quelques mois par Urban Comics.
Comme d'habitude, on attend vos questions et vos avis dans les commentaires et le Zap'Marvel de Susano vous attend également.
Bonnes lectures et à la semaine prochaine !
Suicide Squad (4,5/5)
Matt Kindt continue ses tours de passe-passe scénaristiques avec les mêmes talents que dans l’épisode précédent. Faisant intervenir un O.M.A.C. disparu depuis
Justice League International, deux Suicide Squad se retrouvaient pour s’affronter. L’une, composée d’anciens membres de celle que l’on connaît, a été recrutée par
Amanda Waller pour empêcher l’autre, mise sur pied par Thinker de mettre la main sur la créature à la crête bleue et surpuissante. De façon habile, le scénariste était parvenu à retourner la tête du lecteur et avec cet épisode il persiste et signe. Malgré une première page à la construction maladroite et surtout envahie de texte, qui permet toutefois d’en apprendre plus sur le personnage du Thinker, l’épisode offre peu de temps mort, entre action et développement de la mythologie de la Suicide Squad, ou plutôt
Task Force X. Car oui, cela est possible et l’histoire racontée par
Waller est surprenante, appelle à encore plus de développement donc autrement dit, Kindt vient de lancer une volée d’intrigue pour encore quelques mois. Le clou de ce chapitre est la petite prestation d’Harley
Queen , toujours aussi imprévisible. Le plus déconcertant reste l’ignorance dans laquelle le scénariste plonge le lecteur quant à savoir où tout cela mènera, notamment dans le contexte de
Forever Evil. De son côté, Patrick Zircher propose un travail qui accentue encore plus l’ambiance froide et malsaine du titre, oui James Gordon Jr. est toujours préséent, mais pèche par un encrage un peu trop exagéré.
Justice League of America 9 (3,5/5)
Suite directe du précédent chapitre. Alors évidemment, le concept de base n’est plus une surprise, d’autant plus que grâce au dernier épisode de
Forever Evil on en sait un peu plus sur cette prison qui garde captifs les
Justice Leaguers. Mais on a enfin l’occasion d’en savoir un peu plus sur Star Girl qui vole la vedette au
Martian Manhunter ici. Beaucoup moins cérébral que le chapitre précédent, le récit reste très dynamique, la lecture fluide et la conclusion raccroche ce tie-in à la mini-série Forever Evil A.R.G.U.S. avec des petits passages encore à combler dans l’histoire. Matt Kindt continue donc de consolider ce petit univers bouleversé par la Secret Society et le Crime Syndicate, faisant avancer l’histoire là où la série principale ne sert finalement qu’à réunir les tie-ins. Mais il faut souligner qu’ici les intrigues ne brillent pas pour leur originalité. Alors qu’elle aurait pu s’enfuir, Star Girl décide de partir à la recherche du Limier. Très altruiste de sa part évidemment. Empruntant le même chemin que lui, on retrouve alors les mêmes scènes que dans
JLA 8. Puis vient cette tirade sur la seule personne que la prison ne peut pas corrompre, en quelque sorte. Un peu tirée par les cheveux, téléphonée, simpliste en fait. Et qui débouche sur une étrange conclusion très intrigante. Non par pour ce qu’elle raconte mais parce qu’on a hâte de savoir comme le scénariste va raccrocher les wagons. Quant aux dessins, Mahnke a laissé sa place à Tom Derenick, qui remplit sa part du contrat en proposant des dessins corrects
Arkham War 2 (2/5)
Le premier épisode était déjà sensible. Sur un scénario convaincant, Tomasi fait s’abattre sur une ville Gotham divisée par les internés de d’Arkham une menace
Bane telle un fléau qui n’a pour unique but de conquérir la ville. Les motivations déjà pointées du doigt le mois dernier sont toujours aussi faibles aussi. Et rendues encore plus floues par la litanie et les longues tirades du super-vilain dopé au
Venom . Avec un
Commissaire Gordon qui fait de la figuration et un épisode très bazarre où il ne se passe pas grand même si le texte nous dit que si. Il y a un trop grand décalage entre ce que le texte raconte et ce que les images racontent. La ville est censée être à feu et à sang, où les prisonniers de
Blackgate affrontent ceux d’Arkham. Mais plutôt que d’illustrer cette guerre, les artistes étendent sur cinq pages les échanges entre le
Pingouin et
Bane . Avec une plutôt grossière erreur de caractérisation en guise de conclusion, où l’on voit
Bane s’agenouiller devant
Cobblepot . Les dessins de Scot Eaton sont toujours aussi réussis et bénéficient d’une colorisation qui parvient à retranscrire l’ambiance juste. La froideur de la nuit s’oppose à la chaleur dégagée par le combat dans la prison. Mais autre bémol malgré sa grande qualité, la couverture de Fabok qui présente un détail pour que mensonger, qui se fait attendre depuis le précédent épisode : l’intervention des Talons dans ce conflit. Mais ce n’est pas pour tout de suite. Un épisode donc qui laisse plutôt dubitatif, avec cette impression que les événements racontés ne sont pas à la hauteur du contexte décrit. Même si pour la première fois, on voit des morts, des personnes décédés, allongés, qui ne se réveilleront pas. Au moins le récit reste réaliste.
Nightwing 25 (4,5/5)
Ce tie-in à
Zero year se déroule avant les événements du #0 de la série. Autrement dit, les parents de
Dick Grayson sont vivants et lui est un enfant de la balle et une véritable tête brûlée qui n’hésite pas à voler la vedette à ses copains acrobates dont on a déjà vu les versions adultes dans la série. Le personnage est à la fois agaçant et très attachant, comme sa version future finalement mais en moins mature. D’où le succès de cet épisode sûrement, ces ressemblances avec des différences perceptibles qui fait prendre conscience qu’Higgins maîtrise vraiment bien son personnage. Le scénariste n’hésite pas à jouer la carte de la nostalgie avec deux détails qui rappelle le héros avant les
New 52. Tout d’abord son costume de scène et de super-héros improvisé qui est bleu, tandis que l’actuel est rouge. Et l’introduction d’un vilain qu’on a souvent vu dans la série
Nightwing des années 90 et qu’on avait aperçu qu’une fois dans ce reboot, dans l’un des épisodes de feue la série
Resurrection Man. Les grands fans apprécieront puisque cela augure un retour de l’ennemi. Le scénariste raccorche cet épisode qui aurait pu ressembler à une corvéeau back up de
Batman 24 grâce à une mise en scène très bien traitée en à peine une page. La panique provoquée par le black-out et évoquée dans la série de Snyder est enfin illustrée, comme elle le sera également dans le tie-in de
Batgirl . Seul bémol : le vilain justement. Jouer la carte de la nostalgie ne suffit pas à rendre déconcertante son apparition, voire sa création. Mais cela est vite rattrapé par un petit twist qui prête à sourire dans la conclusion de l’épisode. Et qui donne vraiment envie d’en lire plus sur la jeunesse de
Dick Grayson et ses compagnons d’un soir.
Batman 25 (4/5)
Avec cet épisode, c’est en quelque sorte un nouvel arc narratif qui s’ouvre mais toujours au cœur de
Zero Year. Exit
Red Hood même si l’on est certain de le voir revenir très rapidement. Mais là où on nous laissait croire que le
Sphinx prendrait sa place, on découvre ici que ce n’est pas vraiment le cas. Autrement dit, Snyder y va en douceur pour entamer sa deuxième histoire sur les premières aventures de
Batman , avec une maîtrise dont on a à présent l’habitude. En ouvrant le bal avec un incipit et une conclusion très énigmatiques. Et dans celles-ci on retrouve un élément qui ramène au puzzle dressé par Nygma dans
Batman 21. Un petit détail montrant que le scénariste sait pertinemment depuis le début où il veut emmener le lecteur. Et depuis l’épisode précédent, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il aura gagné sa confiance. Surtout qu’ici, il se détache des invariants du mythe du
Chevalier Noir posés par Miller dans Year One pour finalement montrer le toujours aussi jeune et impétueux Bruce dans sa première enquête qui fait référence au premier vilain que
Batman a rencontré durant l’Age d’or. Deux meurtres à résoudre, avec en toile de fond la ville plongée dans un black-out total suite aux actions du
Riddler . Dommage toutefois qu’à l’heure où tous les tie-ins à Zero Year sont publiés avec pour élément commun cette grande tempête, cet épisode de
Batman ne s’en déroule qu’en amont. Mais déjà l’arrivée de la catastrophe est annoncée dans les médias. Ce chapitre marque également l’apparition de la première Batmobile. Aux allures de formule 1, elle dispose déjà de quelques gadgets. Mais si l’esthétique du véhicule laisse dubitative, la principale crainte est inspirée par la scène entre Gordon et Bruce. Et cette nuit qu’ils évoquent, celle de la mort des parents de Bruce. Mieux vaut ne pas se projeter mais a priori Snyder a aussi décidé de changer des petites choses de ce côté. Dont la première est la présence de Gordon. Qui a dit « hérésie » ?
Batgirl 25 (2,5/5)
La petite protégée de Snyder, Marguerite Bennett s’immisce de plus en plus dans les titres de franchise
Batman . Et ici elle pique ni plus ni moins la place de Gail Simone le temps de cet épisode tie-in qui bénéficie certes d’une bonne colorisation mais dont les dessins de Fernando Pasarin reste un peu faibles. Mais les plus grandes maladresses restent du côté du scénario, de la narration et de la caractérisation. Celle de
Batgirl est correcte. Il s’agissait de montrer que six ans en arrière, elle possédait déjà un instinct de survie doublé d’une âme de guerrière et de lui faire découvrir donc son potentiel héroïque. Exercice réussi, d’autant plus que son héros de père est quelque peu occupé à survivre lui aussi à d’autres événements (voir
Detective Comics 25). Mais la présence à ses côtés de son petit frère, James Gordon Jr est trop anecdotique. Il ne parle quasiment jamais et le peu de fois où c’est le cas montre déjà son caractère individualiste. Mais quand on connaît le tour que prendra sa vie, on est en droit d’en attendre plus. Résultat, on a plutôt l’impression que la scénariste se voit imposer sa présence alors qu’elle ne se consacre qu’à Barbara Gordon. Une Barbara qui abuse un peu trop des répétitions dans ses pensées. Bennett essaie clairement de créer son petit effet avec cette figure de style. Le caractère traumatisant du survivalisme est surjoué, à l’image de cette double-page qui montre l’eau envahir la caserne de pompier. Digne d’une scène finale de Titanic. Le tout devient un exercice de style qui empêche l’immersion dans cet one-shot qui tient cependant toutes ses promesses et dont on aimerait tout de même lire la suite.
Green Lantern Corps 25 (2/5)
Après avoir été traîné ses guêtres dans la franchise
Superman et
Justice League,
Zero Year s’invite chez
Green Lantern pour raconter un épisode de
John Stewart en tant que marine. Van Jensen et Venditti avaient ici le scénario pour écrire une belle histoire mais la mise en page rend cet one-shot plutôt ennuyeux à lire. Dans une volonté de proposer une lecture engagée sur fond de racisme, les scénaristes en profitent pour présenter un
Ancien vieil ennemi de
Batman . Mais qui, lui aussi, a dû passer sous le hachoir de l’éditeur pour se voir attribué une nouvelle représentation. Plus réaliste mais justement moins spectaculaire. Surtout, pour faire le lien entre ce que racontent les beaux mais intempestifs flashbacks et l’histoire de Stewart et son équipe de marines venus prêter main forte à des survivants à Gotham pendant la tempêtes, la narration prend des raccourcis et rend le récit peu abouti. Ce qui en ressort, l’absurdité avec laquelle peut commencer un conflit et surtout que l’habit ne fait pas le moine. Des concepts qui auraient pu être beaucoup plus travaillés, mis en parallèle pour finalement faire de cette histoire une fable dans laquelle le véritable héros serait celui qui tout comme le vilain, ne veut pas obéir aux ordres. Alors certes, en une vingtaine de pages cela pourrait paraître trop présomptueux mais justement, les scénaristes auraient pu faire l’économie de certaines scènes de flashback qui illustrent une histoire que la mère de John lui a racontée quand il était enfant. Ainsi les scènes du présent auraient l’air moins bâclé. Mais retrouver
John Stewart est un véritable plaisir même s’il n’est pas gâté par les dessins de Drujiniu et Fernandez.
Superboy 25 (1,5/5)
Aussi surprenant que cela puisse paraître, cet épisode est décevant dans la mesure où l’introduction laissait présager de grandes choses pour ce crossover. Pour résumer, Superman, Supergirl et
Superboy sont retournés dans le passé, alors que
Krypton existe toujours. Et chacun se voit confier une mission. On aurait pu s’attendre alors que chaque série (
Superman,
Superboy et
Supergirl) qui fait partie raconte uniquement les aventures du protagoniste, un peu comme
H’El on Earth. Mais malheureusement ici on retrouve bien toute la superfamily dans des séquences très courtes durant lesquelles finalement l’histoire n’avance pas. Sans crier gare, un gros méchant
Eradicator vert fluo s’abat sur
Superboy , Superman voit son costume se transformer en celui en noir qu’il portait dans
Superman 0 qui était déjà une introduction de ce crossover et
Supergirl affronte des clones avant de retrouver une vieille connaissance. La narration ankylosante de Lobdell est toujours de la partie. Un comble quand on sait que les dialogues sont écrits par Justin Jordan et Nelson. Mais ce sont bien les cartouches narratives de Lobdell qui envahissent toujours autant les pages. Toutefois cet épisode est largement sauvé par les magnifiques doubles-pages d’Ed Benes qui s’enchaînent. En effet, seule la première et dernière pages sont simples. Un véritable plaisir pour les yeux, un peu moins pour la lecture. On commence à comprendre pourquoi Lobdell a ressenti le besoin de
teaser et
spoiler la fin du crossover avant que celui-ci ne commence.
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