Auteurs : Jonathan Ross, Bryan Hitch

Il y a dix-huit ans, un étrange cristal a atterri à San Francisco et tous les enfants nés ce jour-là ont alors développé des pouvoirs. Tous sauf un, Tommy Watts, surnommé Zéro. Désormais, ces adolescents s'affrontent dans une émission de télé-réalité suivie par des millions de téléspectateurs. Mais lorsque Tommy voit finalement ses facultés apparaître, il se retrouve malgré lui au cœur d'une gigantesque conspiration.
(Contient les épisodes US America's Got Powers 1-3, inédits)

  • susano-wo
    susano-wo

    il y a 9 ans

    Le duo derrière Ultimates réuni une fois de plus pour un récit super-héroïque ! Sur fond de télé-réalité, ils nous proposent là une histoire plutôt classique mais franchement efficace. Les dessins sont forcément très bons. On regrettera cependant le choix de Panini de publier ce récit en deux tomes puisqu'il ne se compose que de six chapitres.

America's Got Powers #1

America\'s Got Powers (2012)

America's Got Powers #2

America\'s Got Powers (2012)

America's Got Powers #3

America\'s Got Powers (2012)

Hasard du calendrier, ou effet voulu par Panini, mais le même jour sont sortis Mara (dont la critique a été publiée hier) et America’s Got Powers, deux mini-séries avec beaucoup de points communs. Pourtant, le traitement est assez différent, et les deux ont leurs qualités et leurs défauts. America’s Got Powers nous vient d’Image Comics, et comme son nom l’indique, s’inspire fortement de l’émission de TV réalité américaine America’s Got Talent, qui a été adapté en France sous le nom La France a un incroyable talent. Sauf que là, on parle superpouvoirs.

Le scénariste de la série est Jonathan Ross, et s’il est peu connu dans le monde du comics, il l’est beaucoup plus dans celui de la télévision. En effet, il s’agit avant tout d’un présentateur TV et radio anglais. Sa carrière est marquée de quelques controverses, et c’est assurément un personnage public qui divise. Mais c’est aussi un passionné de bande dessinée, et il a déjà proposé quelques scénarios.  Son dernier en date est donc America’s Got Powers où il peut utiliser son expérience télévisuelle. Et pour dessiner son histoire, il s’offre les services du tout aussi anglais que lui, Bryan Hitch. Ce dernier est plus connu des amateurs de comics, car on se souvient de ses magnifiques planches sur The Authority ou The Ultimates par exemple.

L’histoire d’America’s Got Powers se déroule dans un monde parallèle au nôtre, où 17 ans plus tôt, un incident est arrivé. En effet, à San Francisco, un diamant est tombé du ciel, et a irradié les femmes enceintes dans un rayon de 10km. Celles-ci ont alors accouché de bébés spéciaux ayant des superpouvoirs. Aujourd’hui, ces jeunes sont enfermés dans un grand complexe, et peuvent s’ils le veulent participer à la fameuse émission de télé-réalité. On suit principalement le personnage de Tommy Watts, qui fait partie des Pouvoirs (ceux dont la mère a été irradiée), mais qui n’a pourtant aucun pouvoir. Le déroulement d’une émission voit les candidats affronter des dangers sur le terrain d’une espèce de grand stade. Tommy va s’y retrouver par hasard, et va déchainer un pouvoir inconnu qui va aussitôt disparaitre.

On est donc dans un univers assez classique de super-héros, sauf qu’ici, on n’a pas vraiment de super-héros, ni de super-vilains d’ailleurs. On a juste des gamins que le gouvernement cherche à contrôler. On retrouve donc des thèmes chers aux X-Men par exemple, mais sans concession. Les Pouvoirs sont considérés comme des animaux, des bêtes de foire qui ont le moins de droits possibles. Mais l’angle original est de nous montrer leur lueur d’espoir : espérer participer à l’émission, et faire un jour partie de la seule équipe de super-héros du monde. On découvre donc les dessous de ce contrôle des masses qu’est cette émission. En effet, les sans-pouvoirs sont contents du spectacle, et ne remettent rien en cause, et les Pouvoirs sont motivés pour ne pas se rebeller. D’ailleurs, l’émission se déroule sous le contrôle du gouvernement et de l’armée, qui n’a pas peur de manipuler pour arriver à ses fins.

Tout est bien orchestré, puisque c’est un affrontement extrêmement violent qui se déroule pendant l’émission. Les blessés sont courants, et les morts arrivent de temps en temps sans que personne ne s’émeuvent. On découvre de plus que l’armée en profite pour faire un maximum de tests sur les Pouvoirs, afin de comprendre l’origine de leurs capacités dans le but d’avoir leurs propres super-soldats. Tout ça doit vous paraitre bien sombre, mais pourtant ça ne l’est pas. Les dessins de Hitch sont magnifiques et très colorés. L’artiste nous offre des planches dont il a le secret, et qui donnent une impression de grosse production de cinéma. Et même si parfois le trait est un peur grossier, surtout sur les plans rapprochés, ça reste magnifique. Il y a beaucoup de double-pages avec de superbes plans larges, qui malheureusement ne rendent pas terribles à cause de la pliure de l’album cartonné. Bref, le dessin n’est vraiment pas sombre, et l’ambiance générale est à la fête.

Cette opposition entre un récit dur et sombre, et des dessins plutôt joyeux permet de mettre en exergue le monde du spectacle, dont le but est d’être enjoué pour tromper son monde. C’est plutôt bien vu par Ross qui nous offre un scénario très correct. Bien sûr, c’est très inspiré, notamment par Hunger Games, et on retrouve pas mal d’idées déjà vues ailleurs, mais le traitement reste assez intéressant ici. L’histoire nous met rapidement et efficacement dans le bain, et entre chaque chapitre, des documents permettent d’étoffer l’univers (extraits de journal, promo…). Le scénariste nous rend Tommy attachant, et proche d’un Peter Parker notamment. Et l’histoire rajoute régulièrement de nouvelles idées, ce qui fait qu’on s’ennuie rarement. En revanche, tout n’est pas bon, et on a certaines ficelles scénaristiques assez maladroites, dont notamment l’idée de mauvais goût de marquer les Pouvoirs par une étoile…

Le seul vrai regret qu’on peut avoir est le choix de publication que nous propose Panini. En effet, la série ne fait que sept chapitres, et aurait pu tenir dans un seul album. L’éditeur a fait le choix de la proposer en deux tomes de 3 et 4 chapitres respectivement. Attention tout de même, les chapitres sont plus longs qu’habituellement pour les comics, donc le prix est totalement justifié.

En Résumé

 

LES POINT FORTS

- L’histoire efficace
- Les plans larges de Hitch
- L’univers

LES POINT FAIBLES

- Déjà-vu
- Quelques faiblesses

 

4

Hollywoodien

Conclusion

America’s Got Powers, c’est un peu Hunger Games chez les super-héros. Jonathan Ross et Brian Hitch nous offrent du grand spectacle hollywoodien, avec une petite place pour une réflexion sur le monde du spectacle télévisuel. Malgré quelques défauts, c’est très divertissant à lire.