Pas d'avis pour le moment.

Les planches dominicales, ancêtres des comic books, ont accueilli certains des plus grands héros de la bande dessinée mondiale : Prince Valiant, Tarzan, Flash Gordon... et Snoopy. L'espiègle beagle à l'imagination débordante, son jeune maître malchanceux Charlie Brown et leurs nombreux camarades ont charmé pendant un demi-siècle les lecteurs américains, puis ceux du monde entier. Delcourt réédite ce chef-d'oeuvre des sunday strips dans une version remasterisée et colorisée. L'occasion idéale pour se pencher sur ce chef-d'oeuvre du 9e art.
 

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Un chien qui ne compte pas pour des cacahuètes

 

Charles Monroe Schulz, lorsqu'il créa les Peanuts en 1950, ne se doutait pas que ses personnages feraient de lui, quelques décennies plus tard, la 3e célébrité décédée rapportant le plus d'argent derrière Kurt Cobain et Elvis Presley. L'ironie est que Schulz déteste les Peanuts qui ont fait sa gloire. Non, pas ses créations, mais le nom Peanuts qui lui a été imposé par son éditeur. Même le format de 4 cases par strip ne correspond pas à ce qu'il souhaitait. Qu'importe, le succès aidant, Snoopy est enfin publié dans les prestigieuses planches dominicales à partir de 1952. Shulz s'y épanouit et ce ne sont pas moins de 2 500 pages qu'il réalisera seul et sans discontinuer jusqu'à fin 1999. L'auteur aura dessiné pratiquement jusqu'au bout puisque sa dernière planche sortira le lendemain de sa mort en 2000. Snoopy et les Peanuts étaient alors publiés dans 2 600 journaux de 75 pays et dans 21 langues.
 

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Un classique indémodable

 

Personne ne nie le succès planétaire de Snoopy mais est-ce pour autant une lecture indispensable ? Si vous n'appréciez que les comics stéroïdés et les films de Jean-Claude Van Damme, cette bande dessinée ne saura vous combler. Si, en revanche, vous n'êtes pas hostile à un humour respectueux des lecteurs, les tribulations du beagle et de ses camarades ne pourront que vous réjouir. Shultz s'appuie sur une galerie d'enfants aux personnalités bien trempées pour multiplier les sketches. Le point de vue juvénile et parfois philosophique des Peanuts apporte une fraîcheur réjouissante et un ton immédiatement reconnaissable. Ces planches sont souvent empreintes de drôlerie, parfois de nostalgie douce-amère, mais on y retrouve toujours la sincérité d'un auteur qui aime ses créations. Il déploie au fil des pages une grande richesse humoristique, jouant tour à tour sur les tempéraments de ces enfants et animaux terribles, l'absurde, le comique de répétition, une utilisation perspicace sentiments, des chutes inattendues, le décalage... Bref, il y en a pour tous les goûts, sauf pour les mauvais.
 

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Un peu à l'instar des recueils de nouvelles de Maupassant, chaque histoire est tantôt amusante, tantôt touchante mais, plus on en lit, plus on se laisse imprégner par la vision de l'auteur. Si bien qu'un sketch lu seul ne nous paraît absolument pas indispensable, ni même remarquable mais, au fil des pages, une magie opère et l'on ressort enrichi et meilleur de cette lecture. Snoopy a des amis qui finissent par devenir les nôtres.

Cette œuvre d'une grande humanité n'a pas pris une ride. On y trouve certes peu de références à l'actualité, à la société ou à tout ce qui pourrait permettre de dater ces planches. De même, le dessin, minimaliste et très expressif, pourrait être contemporain. Mais ce qui permet à ces pages de conserver leur pertinence en ce XXIe siècle, c'est avant la volonté de l'auteur de toucher le cœur des lecteurs.
 

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Une édition attrayante


Ce n'est évidemment pas la première fois que les Peanuts sont édités en France. Nous pouvons d'ailleurs citer le remarquable travail patrimonial de Dargaud qui reprend respectueusement l'intégralité des strips et pages du dimanche de Snoopy et ses amis depuis leur création. Mais il faut avouer qu'avec ce premier volume, Delcourt a su créer un livre attractif pour le grand public. Tout d'abord, le choix de ne publier que les planches dominicales s'avère judicieux. Disposant de plus d'espace que dans les strips, Schulz s'y épanouit. Le confort de lecture s'en ressent forcément. Ensuite, le fait de ne commencer cette collection qu'en 1970 permet de retrouver les personnages dans une version que le public connaît sachant qu'ils ont évolué après leur première apparition. Enfin, choix plus audacieux, Delcourt propose une version colorisée de ces pages. Les puristes tiqueront sans doute mais le coloriste évite les fautes de goût et le résultat attirera sans doute certains lecteurs que le noir et blanc aurait rebutés. Nous sommes heureusement loin de la version colorisée de Corto Maltese qui remettait en cause l'esthétisme de la série. Parmi les autres décisions éditoriales, citons la présentation (succincte) de l'auteur et de son œuvre, une description bienvenue du caractère de chacun des personnages et un agréable chapitrage par saison. Beaucoup de bons points même si on espère d'autres pages de rédactionnel dans les prochains volumes. Quant à l'aspect physique du livre, sa petite taille assure une prise en main facile, les finitions sont soignées (la tranche est arrondie, les dessins brillants ressortent sur le fond mat) et la couverture engageante. Bref, c'est un bel objet facilement accessible qui permettra, on l'espère, à une nouvelle génération de lecteurs de découvrir ce chef-d’œuvre du 9e art.