Scénario : Serge LEHMAN
Dessin : GESS
Couleurs : DELF

Le destin ultime du héros, c'est de mourir et puis de revenir, transfiguré. En ce printemps 1911, c'est ce qui attend Théo Sinclair. Dernier héritier d'une grande famille française, passionné de science mais de santé fragile, Théo va être entraîné sur les routes de l'aventure par une femme fatale anarchiste, un télépathe hindou et un savant fou suisse... Il va devenir l'OEil de la Nuit..

Pas d'avis pour le moment.

Connaissez-vous La Brigade Chimérique ? Il s’agit d’une série de « french comics » publiée par les éditions L’Atalante en 2009/2010. Elle se base sur de vrais romans de super-héros publiés au début du XXème siècle en France et en Europe, et qui ont inspiré les comics américains. Les scénaristes Serge Lehman et Fabrice Colin se sont juste posé la question : pourquoi créer des nouveaux super-héros français, alors qu’ils existent déjà depuis un siècle ? La série se déroule donc à cette époque, et mêle des personnages de fiction ainsi que des personnalités ayant vraiment existées. Considéré comme le premier super-héros, le Nyctalope faisait partie de la brigade, et L’Œil de la Nuit, édité par Delcourt, en raconte son origine.

Si mon introduction n’a servi à rien parce que vous avez répondu oui à la question du début, vous allez peut-être être surpris en commençant la lecture de l’album. En effet, le nom du héros est Théo Sinclair… Pourtant le nom du Nyctalope est Léo Saint-Clair. En fait l’album devait sortir à peu près un an plus tôt, mais des questions de droits ont empêché Delcourt de le proposer à cette date. Le Nyctalope est un personnage de feuilleton, dont la propriété revient aux ayant-droits de Jean de La Hire, son créateur. C’est vraiment dommage qu’aucune entente n’ait pu être trouvée, malgré que le personnage soit aujourd’hui oublié. Cet album, comme La Brigade Chimérique, est un magnifique hommage, qui lui aurait permis de revenir de nouveau à la vie. Bref, c’est comme ça, et Delcourt, afin de publier tout de même les albums, a dû modifier les noms de certains personnages. Théo Sinclair devient Léo Saint-Clair, et on soupçonne son ami écrivain, Laforge, d’être La Hire.

Comme dans La Brigade Chimérique, le génie de ce récit est de mélanger la réalité et la fiction. Exemple simple, on rencontre Arsène Lupin dans l’album, mais sa biographie est exclusive à Maurice Leblanc que l’on croise aussi. Et là, bien heureusement, les noms sont les originaux. Ici, l’histoire se base sur Théo Sinclair qui est invité, lui et son amie, à une conférence de Camille Flammarion (oui, le bien réel astronome français, et frère de l’éditeur) présentant une momie martienne. On est en 1911, et les martiens sont connus depuis l’invasion de Londres racontée par H.G. Wells en 1898. Bref, la momie porte des bijoux qui vont être dérobés durant la conférence. Théo découvre le responsable, mais même si on se doute que cette péripétie n’est pas anodine, on passe rapidement à une autre intrigue. En rentrant, il découvre que son père a été agressé, et qu’on lui a volé le Mercur-X, un brouilleur radio. Théo va alors former une petite équipe, et va partir lui-même à la recherche des plans.

Au scénario, on a Serge Lehman, un des coscénaristes de la Brigade, et la personne qui avait étoffé son univers avec L’Homme Truqué. Et au dessin, toujours la même personne pour toutes ces histoires : Gess. Le résultat, c’est que dès les premières pages on retrouve l’ambiance si particulière de cet univers. D’un côté, c’est très franco-belge, mais de l’autre, on est dans un monde très comics, avec beaucoup de science-fiction. C’est un peu comme si Tintin rencontrait Hellboy. D’ailleurs, le style de Gess semble s’inspirer de celui de Mike Mignolia, tout en gardant sa propre personnalité. Ajoutez à ça certaines planches peintes magnifiques, et vous comprendrez qu’il n’y a rien à reprocher au côté graphique, c’est sublime ! Et on sent aussi le travail de l’auteur sur les personnages existants. Les couleurs de Delf sont très correctes, mais surtout proches de celles de la Brigade. Bref, on retrouve cette atmosphère qu’on aime tant.

On retrouve aussi dans cet album toute la passion de Lehman pour ces personnages de feuilleton, et les célébrités de l’époque. C’est extrêmement bien écrit, et il nous retranscrit parfaitement l’époque, en y rajoutant des éléments fantastiques. Certains objets font leur retour comme le stratogyre. L’album est de plus divisé en trois chapitres, pour être fidèle à l’idée de feuilleton. C’est un plaisir incroyable de suivre le héros dans ses aventures. Le récit est tout de même moins riche que La Brigade Chimérique, et c’est normal puisqu’il est basé que sur un personnage, mais c’est loin d’être un défaut. Si vous avez lu et apprécié La Brigade, c’est un achat quasi-obligatoire. Si vous ne l’avez pas lu, c’est un bon moyen de découvrir l’univers, d’y plonger, et d’acheter tout le reste tellement c’est bien. Vers la fin de ce tome 1, Théo découvre ses pouvoirs, et on termine en suspens. Heureusement, la suite arrive en mai. Vivement !

En Résumé

 

LES POINT FORTS

- L’ambiance
- Les clins d’œil
- L’écriture et les dessins

LES POINT FAIBLES

- Les changements de noms

 

4.5

Génial !

Conclusion

Si vous aimez La Brigade Chimérique, alors vous aimerez L’Œil de la Nuit. Si vous ne connaissez pas cet univers, c’est l’occasion de le découvrir. Vous ne serez pas déçu de ce fantastique voyage !