Scénario : Jerry PROSSER
Dessin : Charlie ADLARD

Michael, revenu d'entre les morts, cherche à retrouver son amour perdu, Jan... Sa vengeance prend la forme d'une quête initiatique. Particularité de ce volume : The Crow est incarné par deux corbeaux, une prouesse scénaristique magistralement mise en image par Charlie Adlard, le dessinateur de Walking Dead. Cette histoire parue à l'origine dans les années 1990 est totalement inédite en français.
Contient les épisodes US The Crow:Wild Justice #1-3.

Pas d'avis pour le moment.
Juger un comic book dérivé de la franchise créée par James O’Barr, The Crow, n’est vraiment pas une mince affaire, et c’est pourtant ce que nous allons nous apprêter à faire.
 
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En effet, comment juger de la qualité d’une telle œuvre lorsque l’on n’en est a priori pas la cible ? Icône de la culture pop contemporaine pour certain – c’est écrit sur le rabat intérieur de la couverture ! – The Crow n’est absolument pas perçue comme cela par d’autres. Eh oui, pour certaines personnes, y compris votre fidèle serviteur, The Crow évoque plutôt une franchise cinéma qui a fait les beaux jours des secondes parties de soirées de NT1, après un bon film de science-fiction à la New York 1997 (ou sa suite Los Angeles 2013, au choix), le chef d’œuvre emmené par Kurt Russel. Bref, le genre de franchise un peu sombre dont pour laquelle il faut avoir un goût assez particulier pour en être le cœur de cible.

Le comic book de Jerry Prosser et Charlie Adlard s’inscrit un peu dans cette tendance, mais il est plutôt difficile de le conseiller à qui que ce soit tant il ne rend pas hommage à la franchise dont il est adapté. Le scénariste nous sert une histoire de vengeance assez simple, au déroulement très linéaire. On se retrouve au final avec un récit mélangeant inspirations gothiques et un aspect fantastique somme toute classique. Le monde dans lequel se déroule l’histoire est réaliste mais le fantastique va très vite y faire irruption, un peu comme dans un conte de Théophile Gaultier, sans bien sûr en atteindre la qualité. L’intérêt ne se cache malheureusement pas plus dans les dialogues, tirant parfois sur le niveau de ceux d’une série B gothique – en même temps logique, c’est The Crow ! – si bien que ça en devient parfois un peu ridicule, notamment lorsque l’auteur cherche à utiliser des éléments de mythologie grecque pour donner un côté intelligent à son histoire.
 
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Enfin bon, comme toutes les histoires de vengeance, la finalité est connue, mais ici nous sommes loin de la virtuosité des scénaristes asiatiques qui ont le chic pour rendre le cheminement y menant absolument passionnant, prenez pour illustration la trilogie sur le sujet réalisée par le coréen Park Chan Wook.
De manière générale, le scénario de ce comics souffre donc de la comparaison à ces modèles du genre et tend parfois vers le ridicule lorsqu’il cherche à montrer une intelligence que l’on attend de toute manière absolument pas ici.

Fort heureusement, les dessins sont l’œuvre du désormais incontournable Charlie Adlard qui semble avoir pris ici un certain plaisir. En effet, là où The Walking Dead est tout en nuance de gris, ce Midnight Legends vol 1 est noir et blanc, il n’y a pas de place à la nuance. Mais force est de constater que deux couleurs sont amplement suffisantes au dessinateur pour s’exprimer. Ce dernier nous sert d’ailleurs dans ce récit quelques planches très inspirées, dans lesquelles le héros s’apparente en partie à une masse noire plus qu’à un homme, soulignant ainsi le caractère fantastique de l’histoire se déroulant sous nos yeux. Bref, l’ambiance visuelle est superbe, on appréciera ses arrière-plan très travaillés qui ont également bénéficié d’une excellente gestion de l’ombre. Le dessinateur nous étale son talent, et cela fait plaisir.
Malheureusement, tout n’est pas tout rose au niveau du dessin, en effet à l’image de la scène initiale, nombre de pages comportent une grande utilisation de hachures dont on ne comprend pas tellement l’utilité. Lorsqu’il s’agit de proposer une scène pour laquelle le mouvement est important, elles sont vraiment bienvenues, mais lorsqu’on les retrouve également sur des plans statiques, il est très difficile de savoir où l’artiste a voulu en venir en utilisant ce procédé. En outre, on remarquera que l’essentiel des planches les plus marquantes et réussies du comic book sont justement celles qui en sont dénuées.
 
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On finira sur un élément qui n’a pas grand-chose à voir avec l’histoire proposée par les deux artistes : le prix. L’ouvrage est en effet vendu 13,95€ pour 96 pages. Autant dire qu’il se lit à une vitesse folle. Si le papier utilisé par Delcourt est très adapté par l’histoire, il ne semble pas être très raffiné et est semblable au toucher à certaines éditions à bas prix, alors lorsque l’on y ajoute le fait que la couverture est souple avec rabats, on a l’impression que l’éditeur a quand même vraiment surévalué l’ouvrage.

Avec ce premier volume des The Crow : Midnight Legends, nous avons au final affaire à une histoire peu inspirée, dont les dialogues tendent vers le ridicule, et qui souffre la comparaison avec les canons du genre. Les dessins de Charlie Adlard sont cependant très bons, même s’ils sont malheureusement parfois occultés par un procédé pas franchement utile. Enfin, on ne peut pas mettre de côté le prix, quasiment prohibitif au vu de la qualité du récit.

[conclusion=1][/conclusion][onaime]- Les dessins de Charlie Adlard[/onaime][onaimepas]- La simplicité du scénario
- Les dialogues parfois pas fameux
- Les hachures - Le prix[/onaimepas]