[b]Urban Comics vous propose ce mois-ci de découvrir une histoire de Jason Aaron écrite par ce dernier avant qu’il ne devienne l’un des architectes de l’univers Marvel. De l’Autre Côté est un récit poignant qui ne vous laissera assurément pas indifférents.[/b] [center][/center] Publié en 2006 par Vertigo, De l’Autre Côté est une série en cinq numéros traitant de la plus grande débâcle de l’armée américaine de l’histoire moderne : la Guerre du Vietnam. On ne peut que saluer l’édition d’Urban Comics qui fait vraiment à l’œuvre en l’imprimant sur un beau papier mat qui restitue les superbes dessins de Cameron Stewart de la meilleure manière qui soit. La préface et la postface sont un excellent complément à cette histoire, et sans être essentiel, le journal de voyage de Stewart nous permet de voir plus en détail ce qui l’a inspiré. Les pages de croquis sont des bonus plus classiques, rien à dire là-dessus donc. Le point le plus appréciable de ce récit tient au choix de Jason Aaron, ce dernier ne nous propose pas de suivre la Guerre du Vietnam comme nous l’avons vu ou lu des dizaines de fois, du « simple » point de vue d’un soldat américain. Il nous propose de redécouvrir cette époque terrible des deux côtés, ainsi nous suivrons la jeune recrue Everette, jeune homme natif d’Alabama et descendant d’une lignée de soldats, mais également Vo Binh Dai, jeune paysan du nord-Vietnam. L’écriture est très efficace, les personnages sont présentés de manière rapide et on ne s’intéresse que peu à leur passé, que l’on imagine cependant aisément tant les deux sont archétypaux. Nous n’échapperons pas à la formation du jeune américain à la Full Metal Jacket, ni au langage roturiers des soldats. [center][/center] Le talent d’Aaron dans De L’Autre Côté est en fait de nous proposer de découvrir deux histoires au déroulement parallèles et de mélanger habilement les réflexions des deux personnages, si bien que parfois nous nous sentons perdus, sans plus trop savoir qui parle… traduisant ainsi de manière parfaite les pensées totalement similaires que devaient avoir les soldats des deux camps. On appréciera également le fait que ce dernier nous montre la guerre d’une manière crue, mais pas uniquement ! En effet, les deux soldats n’ont pas les idées claires et très vite des visions irréelles s’offrent à eux. Everette est constamment suivi par des hommes morts au combat qui l’ont marqué, entend son fusil parler. De la même manière, Vo Dai a lui aussi à plusieurs reprises des visions. Le fantastique se mêle donc dans la réalité et on prend ainsi conscience qu’avant même leur retour au pays, ces individus avaient été marqué à jamais par l’horreur à laquelle ils ont assisté. Bref, vous l’aurez compris, c’est quasiment un sans-faute que réalise Jason Aaron sur ce titre en nous offrant une vision sans concession de l’événement et en nous y immergeant au plus près. [center][/center] Mais la partie graphique n’est pas en reste pour autant, loin de là même ! Stewart est un excellent artiste et nous montre ici toute l’étendue de son talent. Les corps ensanglantés, écorchés, mutilés sont nombreux et ce dernier ne rechigne pas à les représenter avec soin. Il n’existe pas de « guerre propre » et il nous le montre bien là. L’immersion du lecteur est aussi grandement favorisée par sa maîtrise de la représentation des émotions sur les visages. Il utilise également de manière régulière la représentation de certaines choses horribles, tel une bombe qui déchiquette un corps, sous forme d’ombre chinoise et nous pousse donc ainsi à faire marcher notre cerveau. Même si ces scènes ne sont pas totalement représentées, le message et la violence passent et elles n’ont un impact que plus grand. Nous finirons en évoquant ses superbes paysages tout en aplats de couleurs mais desquels il se dégage un réel sentiment d’insécurité, rarement la jungle n’aura été si menaçante dans un comics, et ce dernier nous rappelle que pour qu’un tel lieu présente des dangers, il n’est pas forcément nécessaire d’y mettre des dinosaures comme Marvel s’amuse à le faire depuis 50 ans avec son Savage Land. [center][/center] [b]De L’Autre Côté est donc une œuvre puissante tant au niveau visuel qu’émotionnel et vous propose de découvrir l’un des grands conflits de l’histoire mondiale moderne au plus près. Avec une écriture léchée, une représentation crue de la guerre, mais un côté fantastique bien présent, nul doute que cette œuvre ne laissera personne indifférent.[/b] [conclusion=4][/conclusion][onaime]- Une scénarisation léchée - La touche de fantastique bien sentie - De superbes dessins[/onaime][onaimepas]- Visuellement trop cru pour certains - Le fait de se perdre parfois dans les réflexions des personnages[/onaimepas]