Scénario: Graham Brandon – Dessin: Collectif

L’Humanité s’est éteinte il y a des siècles, éradiquée par des formes de vies plus anciennes et plus sages sans doute. Si elle a disparu, la civilisation des Hommes n’en reste pas moins sans ressources. Lorsque John Prophet s’extrait de sa capsule, encore abruti du temps passé en cryostase, il se met en marche avec un objectif clair en tête : ressusciter l’empire humain et activer la balise qui propagera à travers le cosmos le signal du réveil de ses autres clones, disséminés aux quatre coins de la galaxie.

  • FitzBDnetNation
    FitzBDnetNation

    il y a 11 ans

    Le petit chef d'oeuvre du mois. John Prophet est un titre démarré chez Image Comics l'année dernière. Il s'agit en fait de la reprise d'une série de Rob Leifeld mais Brandon Graham est un scénariste de génie qui va emmener le titre vers de la science-fiction très indé, proche de Moebius. C'est véritablement mon coup de coeur de 2012.

[b]Urban Comics[/b] se lance depuis peu dans la publication de titres indés. C'est à dire des séries publiées chez d'autres éditeurs que Marvel ou DC Comics. Cette petite (pour le moment) sélection est très éclectique et pas vraiment grand public. Parmi ceux-là se trouvent [i]John Prophet[/i], un véritable ovni, même chez son éditeur américain Image Comics. Mais ovni ne veut pas forcément dire mauvais, bien au contraire pour ce titre. [center][galerie2]http://www.mdcu-comics.fr/upload/news/news_illustre_1368126331_904.jpg[/galerie2][/center] Au départ, [i]Prophet[/i] (le titre de la série en VO) est une série crée par [b]Rob Liefeld[/b] en 1993 au sein de son label Extreme Studios. Arrêtée en 1996, Rob Liefeld a ressuscité le titre en même temps que son label en 2012, mais il n'a pas souhaité en reprendre lui-même les rênes. Tout comme Joe Keatinge sur Glory, c'est un jeune artiste qui a relancé la série, en partant totalement à contre sens par rapport à l'univers original: [b]Brandon Graham[/b]. Peu connu, ce scénariste et dessinateur a pourtant signé des oeuvres indépendantes majeures comme King City. Son style est à l'opposé de celui de Liefeld mais son récit s'inscrit quand même dans la continuité de départ. La preuve, ce run débute au numéro #21. Il reste cependant accessible à n'importe quel lecteur. À la place des personnages musculeux et sans intérêt, il va construire un univers de science-fiction hétéroclites ou se croisent des créatures difformes, des fantômes et des extra-terrestres en tout genres. [center][/center] L'histoire ressemble à celle lancée en 1993. John Prophet se réveille après des siècles passés en cryostase. La race humaine a disparu mais John a une mission: réveiller ses clones disséminés à travers l'espace pour faire renaitre l'empire humain. La planète sur laquelle il se réveille est extrêmement hostile et les créatures qui l'habitent le sont tout autant. Dès les premières pages, on est confronté à une violence presque animale de la part de John pour assurer sa survie. Manger ou être manger. Battre ou se faire abattre. Le ton est donné et cette atmosphère va perdurer pendant toute la lecture. L'histoire principale se conclue au bout de la moitié du volume et sans vous révéler exactement ce qu'il en est, cela permet à Graham d'explorer encore plus de planètes grâce à des épisodes indépendants mais reliés aux évènements du début. Oui, c'est assez compliqué à expliquer sans spoiler mais cet effet scénaristique est une jolie trouvaille qui donne de l'ampleur au titre. [center] [i]Avant et après[/i][/center] Car Prophet est une épopée de science-fiction ambitieuse. La publication continue aux États-Unis et Graham ne semble pas avoir fini son histoire. Il fait cependant appel à des collaborateurs pour l'aider au dessin ou à l'écriture. D'ailleurs, même dans ce premier volume d'Urban Comics, Graham n'est pas seul. Simon Roy, qui dessine le premier arc passe rapidement co-scénariste. Les épisodes stand-alone permettent ensuite d'alterner les artistes. Vous aurez donc affaire à Farel Dalrymple (Omega the Unknown), Giannis Milonogiannis et Graham s'occupe même du numéro #5. [center][/center] Parlons un peu du dessin justement. On est clairement dans un style éloigné du comic classique. Les influences sont totalement européennes et on pense tout de suite à Moebius quand on découvre certaines planches. Graham assume cette ressemblance, tant dans la narration que le dessin. Pour les fans de manga, vous trouverez aussi un peu de Blame avec ces lieux désertiques et ces ennemis féroces. Tout cela rend Prophet peu accessible au lecteur de comics habitués aux affrontements bas du front. On est ici dans une bande-dessinée à la fois plus intellectuelle mais aussi plus fantastique, presque lyrique. On alterne entre le cru, la violence et l'épique mais pas à la manière des encapés. [center][/center] L'édition d'Urban Comics bénéficie d'une couverture magnifique. Bien plus attractive que celle du TPB VO mais n'hésitez pas à feuilleter l'intérieur pour vous faire un avis sur les planches parce que sinon, vous risquez d'être déçu. On regrettera quand même que les back-ups présents dans les singles ne soient pas dans cette édition. Ils sont, certes, moins bon que l'histoire principale mais sont un bon complément à l'univers du titre. [b]Prophet est un périple magnifique dont toutes les clés ne nous sont pas données mais on se laisse porter par l'ingéniosité des scénaristes et des artistes qui donnent vie à des univers à chaque fois différents mais fourmillants de merveilles à découvrir. Prophet est une expérience à laquelle il faut donner une chance car le titre est personnellement mon coup de coeur tout éditeur confondu de 2012.[/b] [conclusion=4,5][/conclusion] [onaime]- Un relaunch accessible à tous - Un pari osé pour l'éditeur - Une richesse graphique et scénaristique folle - Des artistes indépendants rares[/onaime][onaimepas]- Les back-ups manquent - Une couverture faite par Liefeld en bonus ;)[/onaimepas]