Ed Brubaker et Sean Phillips conjuguent leurs talents pour imaginer cette série qui flirte entre super-héros et polar. La dream team parvient à se renouveler en mélant magnifiquement ces deux genres !
Et si vous étiez un ex-super-vilain qui a intégré le programme de protection des témoins... Mais que vous ne pensiez qu'à une seule chose : ces moments où vous étiez au-dessus des lois ? Pourriez-vous être un simple employé de bureau après avoir vécu des années où la justice ne s'appliquait pas à vous ? Et si vous ne pouviez pas supporter ce retour à une vie normale ? Que feriez-vous alors ?

  • arnaudk69
    arnaudk69

    il y a 1 an

    Sur la première moitié c’était plutôt, pas mal, bien rythmé, une histoire et des persos qui se tiennent. Mais la seconde moitié c’est plus poussif à tous les niveaux, même le dessin, extrêmement inégal d’une page où case à l’autre. Reste que j’ai pris un certain plaisir global.

Le duo formé d’Ed Brubaker et Sean Phillips revient pour un album intitulé Incognito chez Delcourt. Il s’agit d’une intégrale qui regroupe les deux tomes parus précédemment chez le même éditeur.

Cette série n’est donc pas nouvelle. En fait, elle est composée de deux mini-séries, la première parue en 2008, et la seconde en 2010. Pour vous situer sur la carrière de Brubaker, ses Captain America sortaient en parallèle, et accompagné de Phillips, ils ont sorti le troisième tome de Criminal entre ces deux mini-séries. Incognito est une histoire de super-héros, ou plutôt de super-vilain, puisque le personnage principal, Zack Overkill, est un super-criminel qui bénéficie du programme de protection des témoins. En effet, il a balancé certains de ses copains…

Le récit est à la première personne, comme souvent chez Brubaker et Phillips. Zack s’adresse à nous et, à force de flashbacks, nous raconte son histoire et comment il en est arrivé à jouer le rôle de monsieur tout-le-monde. Cependant, cette condition ne lui convient pas vraiment, et l’envie de profiter de nouveau de ses pouvoirs le titille. Il va arrêter de prendre les pilules les annulant, et va replonger… mais en aidant les gens ! Il va devenir un justicier, non pas pour son sens de la justice, mais pour redevenir quelqu’un.

Incognito est une histoire avec des super-pouvoirs, mais nous sommes loin du côté tape-à-l’œil de DC ou Marvel. L’univers est cette fois sérieux et réaliste, et donc plutôt violent. Il rappelle d’ailleurs ce que le scénariste a pu faire sur Captain America, mais en le mélangeant à la violence de Kill or be killed. L’histoire est vraiment prenante, et le duo toujours aussi bon.

Brubaker est un perfectionniste, et répond à toutes les questions qu’on pourrait se poser sur son histoire. L’objectif est bien entendu d’avoir un récit le plus crédible possible, et ça marche. Il prend son temps pour bien installer son univers et ses personnages. Zack se retrouve bizarrement à faire le bien, alors qu’il ne connaît que le mal. L’idée permet de poser une réflexion sur cette opposition. C’est un thème qu’aime bien traiter Brubaker.

La dichotomie de l’histoire est gardée, et donc l’album contient deux récits complets, bien que les deux soient liés. Brubaker rend hommage aux héros pulp du début du XXème siècle, dont Zack en est un héritier. Les histoires sont donc feuilletonnesques, et une suite est toujours possible. Quelques éléments de l’album restent sans réponse, et peut-être qu’un retour sera un jour possible ? Cependant, l’absence de véritable conclusion s’inscrit dans cette tradition du feuilleton.

Le dessin de Phillips est bon, même s’il l’est moins que ce qu’il dessine aujourd’hui. C’est d’ailleurs plutôt rassurant de voir que l’artiste a bien évolué depuis. Son découpage est très marqué, à l’ancienne, comme dans Reckless par exemple, qui rend aussi hommage à un vieux format de BD. Ca reste du bon boulot, et un plaisir de lecture.

Si vous aimez le duo d’auteurs, et que vous n’êtes pas allergique aux super-pouvoirs, cette lecture est recommandée. Elle fait la liaison avec le reste de l’œuvre de Brubaker, en exploitant des thématiques communes, mais avec un autre angle de vision. De plus, cette édition est la version ultime de la série, notamment pour la richesse de ses bonus. En plus des illustrations et croquis, une bande annonce est présente, avec des planches inédites pour annoncer la série, ainsi que des essais que Jess Nevins, un spécialiste des pulps, a écrit pour la série.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Le scénario bien ficelé
- Les thématiques
- Du super-héros réaliste

LES POINTS FAIBLES

- On aimerait une suite

 

4

 

Conclusion

Incognito nous revient dans un format intégrale, regroupant deux récits. Au menu, des super-pouvoirs, de la violence, du pulp, un scénario bien ficelé, et encore une réussite du duo Brubaker/Phillips !