Il a inspiré de nombreux personnages de cinéma comme Norman Bates dans Psychose. Harold Schechter et Eric Powell nous proposent cette BioBD d'Ed Gein, l'un des plus terrifiants tueurs en série américains.

Ce récit révèle la véritable histoire d'un malade mental sous l'emprise d'une mère bigote et abusive. Cette biographie factuelle d'Ed Gein se focalise sur son enfance et sa vie de famille malheureuses, et sur la façon dont elles ont façonné sa psyché. Il explore aussi le choc collectif qui entoura l'affaire et la prise de conscience que les tueurs peuvent être des citoyens ordinaires.

Pas d'avis pour le moment.

Le nom d'Ed Gein ne vous est peut-être pas familier, pourtant, vous connaissez l’homme qui se cache derrière. Du moins, vous en avez eu un aperçu en regardant certains films. En effet, Ed Gein est un tueur américain très populaire outre-atlantique, et il a inspiré des oeuvres comme Psychose, Maniac, Le Silence des Agneaux ou Massacre à la tronçonneuse. Ed Gein - Autopsie d’un tueur en série, paru chez Delcourt, nous raconte son histoire.

Harold Schechter, le scénariste de l’album, est un écrivain spécialisé dans les tueurs en série. Il a notamment écrit un livre sur Ed Gein, intitulé Deviant et sorti en 1998. Désormais, il adapte son histoire en bande dessinée avec l’aide d’Eric Powell, le créateur de The Goon. L’approche semble plus orienté cinéma au niveau du style, et nous suivons vraiment Ed Gein durant toute sa vie ou presque. Si le premier chapitre permet d’introduire le récit en montrant l’influence qu’a eu le tueur sur la culture américaine, notamment avec une interview d’Alfred Hitchcock, le chapitre suivant commence directement en 1906, à la naissance d’Edward Theodore Gein.

La jeunesse d’Ed Gein n’est pas simple. Ses parents sont malheureux, son père est alcoolique et sa mère une fanatique religieuse. Le petit Ed va vouer un culte de plus en plus fort à sa mère. Le récit se base sur des documents d’époque, mais les auteurs se permettent de romancer quelques éléments. Nous ne sommes pas dans une pure énumération des faits, mais dans une vision de la vie du tueur, au plus proche de la réalité. La fin de l’album donne d’ailleurs quelques éléments sur l’origine de certains faits et les légères modifications qui ont été amenées. Ces pages rappellent dans une moindre mesure ce qui existe dans From Hell, et sont très enrichissantes.

Nous arrivons en 1945 et le monde d’Ed Gein s’écroule avec la mort de sa mère. Un bond temporel nous amène alors en 1957 avec la découverte d’un cadavre chez Gein, et son arrestation. La narration est très bien construite, car, dès lors, nous allons suivre les enquêtes faites pour déterminer sa culpabilité, ou du moins de le comprendre. La première partie donnait un contexte, mais cette seconde partie de l’album est passionnante, et le personnage d’Ed Gein prend toute son ampleur. La fascination que beaucoup lui porte se révèle, et la bande dessinée permet de bien mettre en valeur la deviance et l’insaisissabilité de cet homme.

 

 

Le récit ne traite pas Ed Gein comme un monstre et ne le diabolise pas, mais nous donne les éléments pour nous orienter sur sa personnalité. D’abord, en nous donnant des informations sur sa vie, puis en transcrivant ce qu’il a pu dire pendant de nombreux entretiens, et enfin, en allant un peu plus loin, en imaginant ce qui se passe dans sa tête, avec quelques bonnes trouvailles graphiques. Il est facile de voir ce qui, dans les différents aspects du tueur, a inspiré les films cités auparavant.

Eric Powell, déjà très bon sur son Goon, est toujours excellent sur cet album. Son crayonné nous offre un dégradé de gris tout en finesse, avec des traits noirs discrets. Sa construction cinématographique est saisissante, et retranscrit parfaitement l’histoire. Le travail sur les expressions d’Ed Gein en interrogatoire est réussi, ce qui rend ces scènes dérangeantes. Elles sont présentées sans artifice, juste en nous montrant le tueur. La partie graphique est donc totalement maîtrisée, et au niveau de l’écriture. D’ailleurs, l’excellente traduction de Lucille Calame est aussi à souligner. Delcourt a bien travaillé son album, et nous offre aussi quelques bonus bienvenus. Outre le texte explicatif, il y a des entretiens et un carnet de croquis.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- La construction du récit
- Les superbes dessin
- Le sujet intéressant
- Le travail sur l'album

LES POINTS FAIBLES

-

 

4.5

Une réussite !

Conclusion

Cet album est une chronique glaçante d’un célèbre tueur en série, de sa jeunesse à son impact sur la psyché collective américaine, une histoire vraie parfaitement retranscrite par deux auteurs de talent. Si le sujet vous intéresse, foncez !