L'une des oeuvres les plus prenantes et peut-être des moins citées de Frank Miller, associé à Dave "Watchmen Gibbons, enfin rééditée en Intégrale. Une incontournable bombe scénaristique et visuelle par deux maitres.
2009. Les Etats-Unis sont devenus le théatre d'une guerre de territoires fratricide entre les forces de la PAX ( l'armée régulière), la Nation Apache et le Renouveau aryen. Dans ce monde en décomposition, Martha Washington va s'élever à la seule force de son courage et de sa détermination pour devenir le symbole qui empêchera peut-être le monde de sombrer dans le chaos.

  • AfA
    AfA Staff MDCU

    il y a 3 ans

    La saga Martha Washington a commencé avec le brûlot Give Me Liberty, récit d'anticipation et satire politique où les États-Unis sombrent dans un avenir peu réjouissant. Miller, ici seulement scénariste, ose dans les années 80 faire d'une jeune femme noire l'héroïne de ce récit hors normes. Les suites à Give Me Liberty seront moins transgressives et moins marquantes mais toujours illustrées par Dave "Watchmen" Gibbons. Elles sont toutes présentes dans cette intégrale qui fera le régal des amateurs. Un classique à posséder. 

  • arnaudk69
    arnaudk69

    il y a 1 an

    Je n’ai pas pu m'arrêter de lire. Pour faire court, j'ai vraiment adoré. Pourtant je suis passé par plein de sentiments, surtout au début, où vraiment je me demandais ou j'avais mis les pieds, mais très vite on change de style, de rythme, de thème c'est extrêmement surprenant. J'ai d'autant plus apprécié que je ne m'attendais à rien, je n'avais rien lu sur le comics et je ne m'attendais pas à autant de montagne russe. J'ai oublié de parler de la partie graphique qui est très solide de bout en bout.

Delcourt propose une intégrale Martha Washington, regroupant tout ce qui a été publié sur l’héroïne. Bien que ce ne soit pas leur oeuvre la plus connue, ses créateurs sont deux grands noms du comics : Frank Miller et Dave Gibbons.

La première série de Martha Washington a été publiée en 1990, et sa dernière publication date de 2007, soit presque une vingtaine d’années pendant lesquelles les auteurs ont pu créé un univers, et une grande histoire. Tout commence avec Le Rêve Americain, racontant l’origine du personnage. L’action débute dans le futur, à la naissance de Martha… en 1995 ! Il est donc assez amusant de voir ce que les auteurs avaient imaginé de leur futur proche. Vous connaissez probablement Miller : ce n’est pas très positif. Martha nait et grandit dans le Green, une espèce de camp de concentration situé aux Etats-Unis. L’univers est assez sombre donc, mais plutôt original.

Le sujet de cette première histoire n'est pas uniquement le personnage de Martha, surtout au début. Il s’agit pour beaucoup de nous faire découvrir l’état du monde. Le président Rexall est à la tête des Etats-Unis depuis des années, mais le gouvernement est mis hors service par une bombe, et le nouveau président se retrouve être le vice-secrétaire d’état à l’agriculture. En parallèle, les Etats-Unis ont décidé de faire la guerre à la maladie, mais de manière assez littérale, puisque le ministère de la santé se dote d’une armée menée par le chirurgien-général. Alors que Martha s’échappe du Green en plaidant la folie, elle finit par s’engager dans la PAX, une force de paix.

La PAX est en réalité une force militaire américaine. L’histoire arrive en 2009, et la jeune Martha se retrouve au combat dans la forêt amazonienne afin de sauver l’environnement. Il y aura aussi des confrontations contre la nation apache et contre des nazis gays. L’Amérique dystopique présentée par les auteurs oscille donc entre le subversif et le délirant. Le récit est bien construit, et une bonne partie de l’état du monde nous est présentée par des extraits de journaux. La violence y est omniprésente. Miller livre une critique acide et exagérée des Etats-Unis.

Le personnage principal reste Martha qui a un début de vie difficile. Sa personnalité est alors définie et sera acquise pour toutes ses histoires : il s’agit d’une combattante. Elle a une grande force de caractère qui lui permet de survivre à tout. Elle fait sa première guerre à 14 ans, et durant les quelques années qui suivent, elle va vivre de nombreux évènements violents. Elle devient progressivement une héroïne. Cette première histoire nous montre vraiment l’évolution du personnage, et son combat acharné pour survivre dans ce monde de fou.

A la suite de cette excellente série, plusieurs chapitres indépendants nous sont montrés. Il s’agit d’histoires très courtes, et cyniques, qui accompagnaient la sortie de figurines. Elles illustrent bien l’idée des auteurs de faire de Martha une sorte de GI Joe féminin noire. Il y a d’ailleurs une histoire hommage à Jack Kirby, avec un personnage inspiré de Captain America. C’est une constante dans tout l’album, Miller et Gibbons semblent s’inspirer dans leurs histoires des vieux comics de guerre, et de personnages comme le Sergent Rock ou Nick Fury.

L’intégrale atteint ensuite la deuxième vraie série sur Martha Washington : Martha s’en va en guerre. Publiée en 1994, elle se déroule en 2014, durant la deuxième guerre civile américaine. Le début fait le lien avec la série précédente, expliquant ce qui est arrivé aux principaux personnages. L’histoire est un peu plus poussive, mais nous offre encore de bons moments. Martha va encore plus loin dans son combat, et transcende la PAX. Cette série est peut-être moins imaginative que la première, mais aussi plus consensuelle dans sa construction. Elle est suivie par un récit court, Incursion, qui permet de renvoyer Martha dans l’espace, et de proposer un crossover avec Big Guy, de Big Guy & Rusty Le Garçon Robot (publié chez Glénat en 2017), même si le tout finit un peu en farce.

La troisième et dernière série se nomme Martha sauve le monde, et a été publiée en 1997. L’héroïne s’attaque désormais à la dernière frontière : elle est envoyée dans l’espace pour détruire un astéroïde. L’histoire se répète en quelque sorte, puisque Martha est soumise et prisonnière, et elle va combattre pour se libérer et défier une entité surpuissante. Le récit glisse alors doucement vers de gentils délires métaphysiques. Enfin l’album se termine par un court récit nous montrant la mort de Martha. Sorti en 2007 et plutôt dispensable, il a le mérite de marquer la conclusion de la saga.

Au niveau des dessins, Gibbons nous régale, surtout dans la première série. En effet, son trait est mieux mis en valeur que dans la suite. Sa construction des planches est plus libre que dans Watchmen, et l’artiste donne un rythme agréable, même si toujours très posé. Après la première série, il va faire beaucoup plus de pleines pages. Je préférais les planches plus resserrés des débuts. La colorisation change beaucoup aussi puisque dès la deuxième série, elle se fait par numérique. Si le travail est intéressant, il y a quelques choix dommageables, notamment des paysages avec des textures grossières. Globalement, le dessin de Gibbons reste maîtrisé et très bon, pas d’inquiétude sur ce point. D’ailleurs, son style vieillit très bien.

La publication de Martha Washington en France, grâce à la renommée de ses créateurs, est vite arrivée. La première série a été publiée dès 1990 chez Zenda, la deuxième arrive chez Dark Horse France en 1995, et la dernière en 1999 chez Delcourt. Il est appréciable que Delcourt ait récupéré les droits pour nous offrir une réédition uniformisée, en 3 tomes, en 2010/2011, et aujourd’hui difficilement trouvable. Cette intégrale est donc sans contexte l’édition ultime de Martha Washington, contenant tout ce qui a été publié sur le personnage et de nombreux bonus.

En effet, chaque série est commentée par Dave Gibbons, ce qui permet de mieux situer et comprendre le travail effectué. L’album se termine aussi sur un carnet de croquis et de recherches du dessinateur très intéressant. L’album est à posséder surtout pour découvrir ce personnage issu des carrières riches de ses auteurs. Sa qualité tient principalement grâce à la première série, petite pépite de comics. Les autres histoires ne sont pas désagréables, mais ne retrouvent pas totalement l’ambiance des débuts. On ressent tout de même l’amour qu’ont les auteurs pour ce personnages hors du commun, surtout Gibbons par ses commentaires.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Un univers déjanté
Critique des USA
Dessins maitrisés
Édition ultime

LES POINTS FAIBLES

Niveau de la première histoire jamais retrouvé

 

4

Bel ouvrage

Conclusion

Cette intégrale permet d'offrir une édition ultime pour cette saga remarquable.