Ed Brubaker et Sean Phillips : La dream team frappe à nouveau et elle frappe juste, pour une nouvelle trilogie aux ambiances, sexe, sang drogue et rock'n'roll ! Reckless est un coup de poing dans l'estomac !
Ethan Reckless est un ancien étudiant radical. Son job? Régler les problèmes. Toutes sortes de problèmes, quels qu'ils soient... à condition d'y mettre le prix. Les activités d'Ethan Reckless lui ont fait rouler sa bosse, comme on dit. Et il ne craint pas grand-chose... Si ce n'est que son passé le rattrape. Et cela semble bien être le cas...

  • Elias 08
    Elias 08

    il y a 2 ans

    Bon premier tome mais pour les habitués du duo d'artistes, cela parait clairement moins bien ficelé que leurs autres oeuvres.

En anglais, Reckless se traduit, pour une personne, par téméraire. Dans cet album des éditions Delcourt, Ethan Reckless est le nom du personnage principal dont trois tomes sont prévus d’être publiés. A la barre, les auteurs ne sont pas moins qu’Ed Brubaker et Sean Phillips, le duo déjà à l’origine de nombreuses excellentes séries chez le même éditeur, comme Criminal, Pulp, Un été Cruel, Fatale, Fondu au noir ou Kill or be killed.

Aux Etats-Unis, cette série a l’originalité d’être proposée directement en album, sans passer par l’étape fascicules. Ce choix permet à Brubaker, le scénariste, de nous proposer un rythme différent, non dirigé par un chapitrage d’une vingtaine de pages. Reckless est un hommage aux romans pulp, et proposer un album complet aide à coller à cet esprit. Le récit se situe en 1981 à Los Angeles, où nous suivons donc Ethan Reckless. Si vous avez besoin d'un service, il vous suffit d’appeler un numéro et Ethan Reckless s’en occupera, moyennant finance.

Cependant, cette fois-ci, le coup de fil reçu est un peu plus personnel, puisque la femme qui a besoin d’aide est une connaissance perdue de vue d’Ethan. Et même un peu plus que ça, puisqu’ils ont été amants. Cet évènement va faire ressurgir le passé du héros : à une époque où il travaillait pour le FBI en infiltration dans une bande de hippies anarchistes, jusqu’à ce qu’à l’explosion accidentelle d’une bombe. Le récit est raconté par Ethan à la première personne, dans une ambiance classique de polar, genre dans lequel Brubaker excelle.

Le scénario est terriblement efficace, et ne s’éloigne jamais de son but. Chaque anecdote a sa place, et le script de Brubaker est astucieusement bien millimétré. L’auteur nous offre un bon rythme qui va s’emballer sur la fin, nous menant de rebondissement en rebondissement. Ethan nous parle beaucoup, ce qui nous permet d’en savoir plus sur sa vie. Pourtant, ce n’est jamais ennuyant, car très bien écrit, et surtout le personnage est vraiment intéressant : un surfeur avec une gueule à la Brad Pitt ou Robert Redford, assez ambigu et surtout bourré de défauts, mais un héros américain, cool et torturé. En revanche, il sait se taire quand il faut. Brubaker arrête le texte narratif dans certaines scènes, permettant au dessin de raconter, et accélérant le rythme. L’alternance se fait naturellement, en rythmant efficacement le récit.

L’ambiance est clairement le point fort de l’album. Il rappelle certains travaux précédents des auteurs, notamment Kill of be killed sans l’aspect fantastique. L’action se déroule cependant en Californie, donc dans une ambiance plus lumineuse, mais aussi plus ouverte. La ville de Los Angeles est espacées, notamment grâce à la plage, et des passages se situent à l’extérieur de la métropole, en campagne. Ce qui m’amène aux dessins de Sean Phillips qui est cette fois accompagné de son fils Jacob pour les couleurs.

Comme d’habitude, les dessins sont très réussis et collent parfaitement à l’ambiance. Le dessinateur propose souvent un gaufrier assez classique, notamment pour rappeler les vieux comics pulp. Il y rajoute cependant un peu de modernité d’abord en supprimant le pourtour blanc d’une des cases de ses planches, ensuite en distillant quelques pleines pages à des moments stratégiques. Le coloriste s’en tire aussi très bien en proposant des tons de couleurs parfois très marqués, clairs tout en étant un peu passés. Détail amusant, les couleurs débordent régulièrement du dessin, ce qui rappelle les vieux comics. La partie graphique est donc une réussite, et renforce l’hommage pulp global de l’album.

D’ailleurs, l’album de Delcourt se termine sur une postface de Brubaker, où le scénariste parle de son inspiration, et pourquoi il voulait écrire un pulp en hommage des livres qu’il a pu lire enfant. Elle est suivi par un rapide making of. Ce genre de petit bonus est toujours agréable.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

L'ambiance
L'écriture
Les dessins
Les couleurs

LES POINTS FAIBLES

Un genre spécifique

 

4.5

Lecture recommandée

Conclusion

L'histoire complète que contient cet album est une pépite pulp, dont tous les éléments, scénario, dessin, couleur, concourent à la rendre excellente.