Lorsqu'un virus informatique franchit la barrière des espèces et touche la race humaine - éliminant au passage la plupart des adultes -, le monde se retrouve de facto entre les mains de la génération suivante...
Alors que la société d'effondre à cause d'un virus informatique qui a franchi la barrière des espèces, le prodige musical Oscar Fuentes est séparé de sa soeur jumelle, Cira. Parviendront-ils à se retrouver ou seront-ils tous deux perdus à jamais, dans une civilisation en pleine décadence qui remplace sans pitié le passé?

Pas d'avis pour le moment.

Tomorrow est un récit avec une une résonance particulière à sa sortie française, puisque l'album traite le sujet d'une pandémie. Il fait partie de ces oeuvres qui, par hasard, vise étrangement bien, au bon moment. Aux Etats-Unis, la publication a débuté en même temps à peu près que la propagation de la Covid, en février 2020. Forcément, notre regard sur le sujet a évolué, et pourtant Tomorrow s'en sort plutôt bien.

Peter Milligan est un scénariste anglais qui a eu une carrière plutôt riche. En comics, il est connu par exemple pour son travail sur Hellblazer ou X-Force qu'il a su remettre au goût du jour avec Mike Allred. Dans Tomorrow, il nous raconte ce qu'il se passerait, selon lui, si un virus informatique arrivait à se transmettre à l'humain. Cette idée peut sembler rocambolesque, mais elle permet au scénario de représenter le fossé des générations. Les plus jeunes, enfants et ado, habitués du numérique, n'attrapent pas le virus, contrairement aux adultes. Le monde post-apocalyptique présenté ici est donc rajeuni. Ce qui permet d’illustrer la question de l’innocence de la jeunesse, et de la bonté inné de l’être humain, ou non.

Tomorrow est un récit choral, mais les principaux personnages sont deux : un frère et sa sœur jumelle. Lui se nomme Oscar, et il est neuro-atypique. Il ne ressent pas les émotions comme les autres, et il a besoin de ses routines pour être en paix avec soi-même, notamment grâce à la musique et son violoncelle dont il est un expert. Très fusionnel avec sa sœur, ils vont pourtant se séparer le temps d’une audition. Le virus se propage alors, et Oscar va parcourir le pays pour rejoindre sa sœur. En parallèle, nous avons d’autres personnages, comme un informaticien américain et un russe qui travaillent ensemble à distance pour trouver un remède, ou des adultes qui ont survécu car ils étaient en stage de survie perdus dans la nature. Il y a aussi une équipe de foot composée d’adolescents, dont le capitaine parle en métaphores sportives.

Milligan ne répondra pas directement à la question de la bonté naturelle de l’Homme, mais il se souvient de la cour d’école, et de la violence dont sont capables les enfants. Les jeunes de Tomorrow, pour survivre, vont former des bandes. Forcément, des combats de rues ont lieu, et parfois pire. Le scénariste utilisent la pluralité de ses personnages pour raconter plusieurs histoires en parallèle, dont certaines se croiseront. Par là, il nous livre un aperçu d’un monde détruit par un virus, et le portrait d'une humanité perdue. Le récit vire à plusieurs moments vers l’horreur, avec quelques bons passages de tension.

L’album est riche d'évènements et de personnages différents qui font que l’ennui ne s’installe jamais. La temporalité y est aussi assez spéciale, puisque sans repère, le temps file finalement assez rapidement. Milligan exploite de nombreuses idées qui sont agréables à découvrir. En revanche, la fin est assez ouverte, et, si elle offre des conclusions à certains personnages, d’autres sont laissés un peu tels quels. Le récit aurait pu être une grande saga à la Walking Dead, le choix a cependant été fait de se borner à un album, offrant un rythme du coup assez soutenu. Le revers de la médaille est que les idées ne sont pas toutes développées à fond, même si toutes ne le méritaient peut-être pas.

Le dessinateur est Jesus Hervas, qui a notamment travaillé sur des productions Soleil. Son style a juste le réalisme nécessaire à ce genre de récit, tout en gardant la souplesse pour l’expressivité des émotions. Il sert parfaitement le récit, et est très bien mis en couleur par James Delvin.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Les idées
Le rythme

LES POINTS FAIBLES

Certains développements

 

3.5

Bien

Conclusion

A partir d'une idée un peu décalée, Tomorrow développe une histoire plaisante à lire, riche, avec des thématiques intéressantes.