Une plongée dans les profondeurs de la conscience, Glenn Ganges est le récit d'une nuit d'exploration et d'introspection.
Glenn Ganges ne sait plus à quel saint se vouer. Un soir qu'il discute avec sa compagne sur l'oreiller, il commence à faire le point sur sa vie de quarantenaire. Le dialogue aurait pu en rester là. Sauf qu'il médite, rêvasse, se remémore sa vie entière, du plus petit détail de la vie quotidienne à des décisions que tout père de famille, à un moment ou l'autre de sa vie, se doit de prendre.

Pas d'avis pour le moment.

Glenn Ganges dans Le Flot des souvenirs est un comics un peu particulier. Si vous venez pour du super-héros, passez votre chemin, mais cette publication prouve s’il le faut toute la richesse de la bande dessinée américaine. Outre les deux géants que sont Marvel et DC, des artistes indépendants proposent un travail intéressant, et plus intimiste.

La série Glenn Ganges est l’oeuvre de Kevin Huizenga, dont les différentes parties ont été publiées sur 20 ans. La création est intégrale, il gère l’histoire, le dessin et les couleurs. Pour l’anecdote, le nom de son personnage vient d’un panneau de sortie d’autoroute du Michigan qui mène à Glenn et à Ganges. Le style graphique de l’auteur est plutôt simple au premier abord, rappelant d’ailleurs le franco-belge. La première partie est constituée de plusieurs histoires courtes, mais le début donne très rapidement le ton.

En effet, nous sommes littéralement dans les pensées du personnage, et dans la première histoire, nous dérivons rapidement dans des délires spatio-temporels. Il s’agit surtout d’une excuse pour faire divaguer les dessins dans des trouvailles graphiques afin de mettre en image cette réflexion sur le temps qui passe. Le récit révèle alors toute sa dimension visuelle. L’album se focalise principalement sur les névroses de Glenn. Voir un gamin jeter un déchet par terre va prendre des proportions délirantes dans sa tête par exemple.

Du coup, on se retrouve avec un album qui semble très classique au premier abord, mais qui part très vite dans l’expérimental. L’auteur va se permettre de tenter des narrations assez originales, comme cette histoire où des chansons sont mentionnées, et elles sont alors illustrées en dessin, au milieu du récit en cours. Le protagoniste n’est pas seul, il a une femme dont la complicité des échanges est authentique et appréciable. Encore une fois, tout respire la simplicité apparente, afin de nous plonger plus radicalement dans les expériences graphiques de Huizenga.

Glenn fait des insomnies, ce qui ouvre encore plus le champ des possibles. Étant dans sa tête, le récit part alors dans un délire entre l’éveil et le rêve, où la réalité se délite pour toujours plus d’inventivité dans le dessin. Le personnage va par exemple fantasmer sur le jeu vidéo sur lequel travaille sa femme. Il est difficile d’imaginer que l’auteur ne mette pas de son vécu dans ses histoires, car il y a une réelle empathie qui se crée avec Glenn.

Il est remarquable de constater que Huizenga arrive à se renouveler tout au long de l’album. Et si le dessin est maîtrisé dès le début, son extravagance et ses idées gagnent tout de même en maturité au cours du récit. Les histoires courtes font place à des histoires plus longues. Et les règles de la BD sont explosées autant que possible. Bref, l’expérience ne plaira pas à tout le monde, mais Le Flot des souvenirs est un album original d’excellente qualité.

Dernier point qui me semble important est le livre en lui-même. Delcourt a sorti le grand jeu, et propose une très belle reliure. La couverture peut se déplier pour nous offrir de beaux dessins, et fait donc partie intégrante de l’album. C’est vraiment un bel ouvrage, très distinctif, notamment par ses pages jaunes. Une réussite !

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Les idées graphiques
- L'ambiance
- Le style

LES POINTS FAIBLES

- Particulier

 

4

Intéressant

Conclusion

Glenn Ganges dans Le Flot des souvenirs est un album expérimental passionnant à découvrir, où le personnage principal divague entre rêve et réalité. Graphiquement impressionnant.