Sorti fin janvier, The Few est l'un des deux premiers titres du "nouvel" éditeur Hi Comics. Contrairement à Rick & Morty qui assurait de bonnes ventes grâce à l'importante fan base de la série animée, The Few est un titre indé beaucoup plus confidentiel et ressemble à un coup de poker de la part du successeur de Milady Graphic... ou du moins, une promesse pour les habitués.

Des crises successives auront eu raison des Etats-Unis qui ont fini par imploser, chaque Etat ayant pris son indépendance et cédé à la folie. Pourchassée par un groupe armé alors qu'elle transporte un bébé et brave une tempete de neige, Hale est secourue par un groupe de rebelles en opposition aux deux puissances de la région : le Palace, vestige de l'ancienne société quelque peu totalitaire et les fidèles du dieu autoproclamé Herrod. Dans cet univers sans merci, Hale a-t-elle rejoint le bon camps ou ses hôtes viennent-ils de se condamner ?

The Few est l'oeuvre de deux jeunes auteurs, Sean Lewis (Saints, Coyotes) et Hayden Sherman dont c'est le premier comic book. Deux inconnus au style prononcé, un choix bien audacieux de la part de Hi Comics qui fait la démarche inverse que celle prise avec Rick & Morty : si l'éditeur possède des licences fortes comme Scott Pilgrim, les Tortues Ninjas ou la série de Dan Harmon, elle fait ici la promesse d'aller éditer des petites séries de qualité que d'autres concurrents ont boudé. Un récit complet qui pourra séduire les amateurs d'indés et de BD avec un vrai parti artistique et politique, mais surtout des récits de survie et d'anticipation qui aiment imaginer le pire de ce que l'humanité pourra s'infliger. Et si comme nous allons le voir, tout n'est pas parfait de ce côté, les fans du genre devraient apprécier le voyage grace à un scénario et des personnages convaincant.

The Few n'est pas exempt de défaut : l'introduction très brusque peut facilement nous perdre et gacher le twist du premier épisode ; passer à la case "relecture" s'avère alors obligatoire alors que l'intrigue et les règles de cet univers sont assez simple... peut-être un peu trop même : la conclusion est correct mais on ne peut que regretter que le scénario n'exploite pas d'avantage un si riche potentiel et choisi la solution la plus acceptable. C'est d'autant plus dommage que la partie graphique a une identité forte, qui risque de dissuader pas mal de potentiels acheteurs alors qu'elle correspond parfaitement à cette histoire. Le style de Hayden Sherman rappelle ce que Ron Garney a produit sur le Daredevil de Soule,  un trait assez dur, violent, reposant fortement sur son encrage et des choix de couleur froides limités. Ajoutez à ça que son découpage est déjà excellent, bref, pour illustrer un monde rappelant énormément la saga Mad Max et autres univers post-apo mais en plein froid, c'est un excellent choix et on a hâte de voir l'artiste sur d'autres projets.