Scénariste : HOLGUIN Brian
Coloriste : CRAIN Clayton
Illustrateur : CRAIN Clayton

Un mystérieux type apparaît, sorti de nulle part, à la suite d’un crash d’avion. Il dispose des mêmes pouvoirs que le Christ. Todd McFarlane prouve après Haunt qu’il n’est pas le créateur d’un seul personnage, Spawn, mais qu’il innove sans cesse.

À la suite d’un crash d’avion, un homme visiblement sans passé ni identité ni mémoire, fait son apparition. Il semble doté de pouvoirs quasi-divins, qui ressemblent à s’y méprendre à ceux d’un mec dont on nous a parlé au catéchisme. Qu’il soit une menace ou un héros, personne ne peut cependant ignorer sa présence. Et si l’homme le plus puissant, donc le plus dangereux, du monde… était aussi celui capable de le sauver ?

Pas d'avis pour le moment.

Cette année, nous fêtons les 25 ans de Spawn, la création de Todd McFarlane. Depuis 1992, l’artiste a cependant eu un emploi du temps chargé, notamment en tant qu’homme d’affaire, puisqu’il a lancé sa ligne de figurines McFarlane Toys. Pourtant, il n’a jamais vraiment oublié le monde des comics. Il revient régulièrement sur Spawn, et en 2015, il allait plus loin en lançant une nouvelle série : Le Sauveur, dont l’intégralité est publiée dans cet album de Delcourt.

Cette nouvelle aventure a commencé en 2015, année de parution de cette nouvelle série aux Etats-Unis. Elle se déroule dans une petite ville nommée Damascus, dans l’Iowa. Une journaliste de renom, Cassandra Hale, y retourne pour parler de sa carrière à son ancien lycée. Suite à son intervention, alors qu’elle repart de la ville avec une ancienne camarade, elle va assister au crash d’un avion. La scène fait furieusement penser à celle du film Prédictions d’Alex Proyas. Une jeune fille, passagère, est alors projetée dans un champ de maïs. Pourtant, elle va être sauvée sans une égratignure par un mystérieux individu. Celui-ci est amnésique, ne sait pas s’il était dans l’avion ou non, et ne se souvient même pas de son nom. L’apparition de cet inconnu va avoir des répercussions.

McFarlane revient donc à la création avec cette série, et l’auteur est encore capable de nous proposer des choses très intéressantes. L’atmosphère mise en place ici est très faite. Il se fait aider niveau scénario par Brian Holguin, qui a beaucoup travaillé avec lui sur Spawn. L’histoire et les dialogues sont bien écrits, et tous les éléments se mettent petit à petit en place. Les auteurs prennent leur temps, travaillent leurs personnages, et les différents thèmes qu’ils traitent. Le récit fait preuve de recul sur notre société. Il contient notamment une critique des médias, et du rôle d’internet et des fake news, mais aussi de la religion, par le biais d’une secte qui enrôle un gamin, un autre personnage intéressant et plutôt bien écrit.

Pourtant, ces thèmes vous rappellent peut-être quelque chose. McFarlane ne fait pas un virage à 180° ici, mais réutilise des thèmes qu’il exploite dans Spawn. D’ailleurs, l’inconnu, qui a certains pouvoirs se matérialisant avec une lueur verte, ressemble beaucoup à Spawn. La façon dont le récit est structuré, et le personnage amnésique, font penser à la période Jim Downing de la série Spawn. La narration est très proche, mais en plus lumineux, moins sombre. Donc si vous avez aimé cette ère, vous ne serez pas dépaysés ici, et vous apprécierez sûrement l’album. Il y a tout de même un côté bien plus rafraîchissant dans Le Sauveur, puisque McFarlane est complètement libéré des contraintes de son autre héros.

L’autre aspect intéressant est le dessin de Clayton Crain. L’artiste s’est fait connaître notamment sur des séries Ghost Rider ou Venom, et a un style bien à lui. Un des reproches qu’on peut lui faire, c’est qu’il a une manière de dessiner ses personnages qui fait qu’ils se ressemblent beaucoup. Mais à côté de ça, sa colorisation numérique et le sens du découpage de ses planches en font un excellent dessinateur. Il suffit de lire le passage du crash de l’avion pour s’en convaincre. Il est impressionnant, et donne un superbe côté hollywoodien. Bref, c’est du très bon.

Le début de l’album est très enthousiasmant. De plus, au fur et à mesure que l’on progresse dans l’histoire, on en apprend plus sur l’inconnu, mais aussi sur les autres personnages. Pourtant vers la fin de l’album, on a l’impression d’une espèce de stagnation, et on se demande comment tout va être conclu. Et c’est là le problème, il n’y a pas de véritable conclusion. McFarlane a tendance à aimer raconter des histoires, à multiplier les intrigues, et à se retrouver à ne pas les conclure. Il l’a déjà fait sur Spawn, il le refait ici. On reste vraiment sur notre faim lorsque l’on referme l’album et c’est bien dommage. Bien qu’aucune suite ne soit prévue pour le moment, on espère que l’auteur reviendra tout de même dessus, ou qu’il confie les rênes à quelqu’un d’autre pour s’en charger.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Histoire intéressante
Superbes dessins
Thèmes abordés

LES POINTS FAIBLES

Trop semblable à Spawn
Pas de vraie conclusion

 

3

A suivre…

Conclusion

Le Sauveur est la dernière création du papa de Spawn. Malgré une histoire de qualité, bien racontée et bien dessinée, on regrettera une intrigue trop proche de Spawn, et l’absence de réelle conclusion.