Auteur : Matt Hawkins, Raffaele Ienco

Le monde est désormais une utopie : la violence, la maladie et la souffrance ont été éliminées grâce aux robots et à l'eugénisme. Mais lorsqu'une catastrophe naturelle vient bouleverser ce statu quo, l'ordre établi tremble et une histoire d'amour interdite vient tout remettre en cause. Découvrez l'intégralité de cette série publiée par Image Comics aux États-Unis. (Contient les épisodes US Symmetry 1-8, inédits)

Pas d'avis pour le moment.

Symmetry est une série de huit numéros qui ont été réunis par Panini en un seul album. Elle a été publiée chez Top Cow, un label d’Image Comics. Ce récit complet vaut-il la peine qu’on s’y intéresse ?

Matt Hawkins, le scénariste de l’album, nous place dans une utopie, se situant dans le futur. L’intelligence artificielle a été développée au point de régir la vie des humains. Pour établir enfin de manière pérenne la paix sur Terre, les causes des conflits ont été interdites : ambition, diversité, créativité et instruments du capital. Lorsqu’un humain est né, il est asexué et on lui met une puce appelée RAINA. A ses 3 ans, il est séparé de ses parents pour être instruit, et à 13 ans, il choisit son nom, son sexe, et sa puce est activée pour être connectée à SOL, en quelque sorte l’IA en chef qui gère tout le réseau. Finalement, la société est bâtie sur quatre piliers : communauté, paix, harmonie et égalité. Ainsi tout le monde est heureux.

Dès les premières pages, Hawkins nous présente la société qu’il a imaginée, et il faut admettre qu’il y a beaucoup de bonnes idées. Même si on en a déjà vues beaucoup, le mélange reste assez unique et bien fait. On se focalise notamment sur un personnage, Michael, qui va vivre un évènement qui va changer sa vie. En effet, une irruption solaire va provoquer une impulsion électromagnétique localisée sur l’endroit où il se trouve avec un groupe d’autres personnes. En gros, Les RAINA dans leurs têtes sont détruites. Ils vont alors découvrir la liberté d’être un vrai humain, sans contrainte. De plus, les robots droguent leur nourriture pour atténuer certaines émotions, c’est donc une véritable renaissance qu’ils vivent.

Vous l’aurez compris, Hawkins brasse dans son histoire de grands thèmes déjà beaucoup exploités dans la science-fiction. Jusqu’où peut-on aller pour assurer la sécurité des gens ? Une IA consciente est-elle sans danger ? Tous ces sujets sous-jacents sont pourtant survolés, et la réflexion très limitée. Normal, ce n’est pas le thème principal que le scénariste a choisi de développer. Michael, suite à l’impulsion, va rencontrer une femme : Maricela. Sa particularité est d’être Latina. En fait, sur Terre, il n’y a pas qu’une société, mais quatre grandes : les blancs, les latinos, les africains et les asiatiques. Et il n’y aucun contact entre elles, hormis au niveau des doyens, les plus âgés qui sont en relation avec SOL et gouvernent en quelque sorte les sociétés. Le thème principal de la série est donc le racisme.

C’est la première fois que Michael rencontre une personne avec une couleur de peau différente. Il tombe amoureux, et ensemble, ils vont décider de se battre contre SOL et les doyens pour imposer la diversité. En soi, l’idée est sympathique, mais c’est dommage que ce soit leur principale préoccupation. Et le traitement est assez irrégulier et simpliste. Comment se fait-il qu’il n’y ait que quatre « races » ? Même les Etats-Unis, où les races sont officiellement reconnues, en comptent plus. Et qu’est-ce qu’une « race » ? Comment la séparation a été faite, notamment pour les métisses ? Ces éléments n’auront pas de réponse. Alors on se dit que c’est secondaire, ce qui est intéressant ici, c’est surtout l’aventure humain que représente ce combat. Eh bien en fait, pas vraiment…

On suit pratiquement toute la vie de Michael, et pourtant, on ne s’y attache pas. La moitié de l’album présent un gros twist, et une idée excellente, intégrant un nouveau personnage, mais de la même manière, son traitement n’est pas approfondi. Ce sont des personnages qui ont retrouvé leur humanité, mais qui semble ne pas se conduire beaucoup différemment que quand ils étaient drogués. La narration fait pourtant des efforts, en nous racontant plusieurs époques en parallèle, mais l’impression de ne pas se sentir très concernés persiste. Le récit contient aussi des scènes un peu ridicules comme l’attaque des loups, et des choses pas très claires. Les doyens sont par exemple assez mystérieux : comment sont-ils choisis ? Même le rôle de SOL est confus, puisque l’IA se trouve dans les deux camps…

La conclusion est aussi assez décevante, et laisse sur notre faim. Si le début de l’album nous présente une société intéressante, avec de bonnes idées, la seconde moitié est malheureusement assez confuse. La traduction contient quelques coquilles qui n’aident pas. Les dessins de Raffaele Ienco, quant à eux, sont assez irréguliers. Son style est parfois très réaliste, à la limite du photoréalisme. Pourtant, on est à la limite de la vallée dérangeante comme on peut le voir pour les robots : il y a quelque chose qui cloche, qui est assez gênant. C’est peut-être au niveau des couleurs, très probablement faites par ordinateur. Les dessins sont dans tous les cas assez rigides, même si globalement, la lisibilité est bonne, et le style colle plutôt bien au genre du récit.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

La société inventée
Les thèmes brassés

LES POINTS FAIBLES

Personnages peu travaillés
Superficiel
Fin décevante

 

2.5

Dommage

Conclusion

Symmetry est une histoire qui brasse plusieurs grands thèmes qu’elle n’arrive jamais à approfondir. Pourtant, l’album ne s’intéresse pas plus aux personnages ou aux rebondissements de l’intrigue. Il en ressort un livre qui se laisse lire, mais très décevant.