Scénariste : YOUNG Larry
Illustrateur : ADLARD Charlie

Larry Young et Charlie Adlard revisitent la conquête spatiale dans un récit d’espionnage où la mafia russe dispose de l’arme nucléaire, et où un pouvoir absolu risque de corrompre totalement ceux qui en disposent.

Près de cinquante ans après ce petit pas pour l’homme effectué par Neil Armstrong sur la lune, devenu un grand pas pour l’Humanité, l’homme le plus riche du monde revendique la possession du satellite terrestre. Et la chaîne TV Channel 7 est là pour couvrir cette incroyable et haletante aventure ! Dans l’espace, vraiment personne ne vous entendra hurler !

Pas d'avis pour le moment.

Delcourt continue sur une de ses lignes éditoriales qui consiste à explorer les travaux réalisés par Charlie Adlard, le dessinateur de sa série vedette Walking Dead. Pourtant, cet album d’Astronauts in Trouble a bien plus de potentiel à proposer, et nous propose un morceau de l’histoire des comics plutôt intéressant.

Ce qui est assez remarquable dans cette série, c’est principalement son scénariste, Larry Young. Celui-ci travaille dans le monde des comics depuis 1981. Alors qu’il tient un comic shop, il décide d’aller un peu plus loin en 1999. Il fonde sa propre maison d’édition, qu’il nomme AiT/Planet Lar. Et bien-sûr, la série porte-étendard est Astronauts in Trouble (le AiT du nom), dont il écrit l’histoire. Grâce à ça, Young est l’un des rares de l’industrie du comics à participer à toutes les étapes de la production d’un comics : création, édition, distribution et vente ! Pas mal non ? Le sous-titre de la première et principale série Astronauts in Trouble est Live from the Moon, et est composée de cinq fascicules américains. Publiée en 1999, elle sera suivie par One Shot, One Beer et Space: 1959 durant l’année 2000. Très récemment (2015-2016), Image Comics a réédité l’intégralité de ces histoires en onze fascicules américains.

Cette réédition est celle qui est proposée dans l’album Delcourt qui contient ces onze fascicules en onze chapitres. Le contenu n’est pas par ordre de publication, mais ordre chronologique de l’histoire. Du coup, on commence par Space: 1959 qui se déroule en… 1959, puis Live from the Moon qui se déroule en 2019 et enfin One Shot, One Beer qui se déroule en 2029. Le seul impact que cela a, c’est que le premier dessinateur d’AiT, Matt Smith, se retrouve en milieu d’album, dans les chapitre 4 à 6, le reste étant géré par Adlard. Du coup, la lecture débute en 1959. Un policier tue un ancien de l’Air Force. Un groupe de journalistes, de la chaine Channel 7, enquête sur cette mort, et se retrouve dans une base aérospatiale américaine, secrète, qui se situe au Pérou. Le rythme de l’histoire est assez soutenu, et tout est assez mystérieux.

L’ambiance est très pulp, avec un côté comics assumé. Ça part dans tous les sens, certaines choses sont exagérées, d’autres sont caricaturales. La lecture n’est pas facile, car il y a beaucoup de personnages, et sans présentation posée, on a tendance à se retrouver un peu largué. Une lecture attentive, et concentrée est exigée. Mais la conclusion de la première histoire, le chapitre 3, offre une narration très différence de ce qui a précédé. Tout est plus clair, plus fluide, et par une trouvaille de composition de planches, assez captivant. Le récit suivant est le principal, celui dont le synopsis se trouve au dos de l’album. Ishmael Hayes est un industriel milliardaire qui veut aller sur la Lune. Il monte son projet en secret, et lorsque tout est prêt, invite des journalistes de Channel 7 à se joindre à l’aventure. Son objectif est d’y installer une colonie minière, mais il a d’autres projets moins avouables.

Cette histoire, aussi assez confuse au début, prend plus rapidement ses marques. Young use beaucoup de dialogues, ce qui permet d’y voir plus clair. On rentre plus facilement dans le récit, et les rebondissements sont suffisamment nombreux pour nous captiver. Les thèmes traités, la liberté de la presse ou le pouvoir des entreprises par exemple, sont encore pertinents aujourd’hui. Par contre, dans un premier temps, on s’attend à voir un rapport avec le récit précédent : ce n’est pas le cas. Les principaux sujets qui unissent les histoires entre elles sont la lune et la presse, avec Channel 7. La dernière partie de l’album permet de créer quelques liens avec les différents récits, et rajoutent une pointe d’humour et de recul à tout ça. Bref, sans être transcendant, les histoires sont suffisamment bien écrites pour tenir en haleine jusqu’au bout de l’album.

Les dessins sont tous en noir et blanc. Matt Smith a un trait qui peut faire penser à un mélange de Leinil Yu, Ryan Ottley et Mike Mignola, en un peu moins subtil. Mais le gros morceau, c’est bien sur Charlie Adlard. L’artiste présente ici un travail se situant avant Walking Dead. Ça se ressent dans son style, plus simple et un peu plus cartoon. Il est très intéressant cependant de pouvoir comparer, et voir l’évolution de son dessin. Il y a tout de même énormément de potentiel dans la construction de ses planches. Lorsque les scènes s’accélèrent, la fluidité de lecture nous fait nous accrocher au bouquin. Son travail sur le contraste, et sur sa mise en page, est déjà très bon. Le principal défaut vient des visages parfois assez proches qu’il nous arrive de confondre, ce qui n’est pas aidé par l’absence de couleur, et la présentation des personnages peu travaillée. Cependant, si vous aimez le travail de l’artiste, l’album est à acheter, surtout qu’il est bien consistant.

Pour finir, l’édition de Delcourt est très proche d’un tome de Walking Dead, mais en bien plus épais. Nous avons donc le droit à une couverture souple, et des pages au papier épais et granuleux, ce qui colle très bien au style de dessin. Au niveau des bonus, nous trouvons une introduction de Robert Kirkman, et à la fin, un texte explicatif de Larry Young concernant l’histoire principale. On y trouve aussi les couvertures originales. Enfin, apparemment réservé à la première édition, l’album se termine par des pages couleur, sur lesquelles on retrouve les couvertures de la réédition d’Image Comics. Bref, cette intégrale regroupe tout le contenu nécessaire pour bien profiter de la série Astronauts in Trouble !

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Les dessins d’Adlard
Le rythme
Certains passages très réussis

LES POINTS FAIBLES

Pas toujours très clair

 

3.5

To the moon

Conclusion

Une intégrale de la série Astonauts in Trouble qui mérite qu’on s’y intéresse, au moins pour les dessins de Charlie Adlard.