Et si le plus grand stratège militaire de notre époque était une jeune fille issue du ghetto de Los Angeles, et qu’elle décide – à partir du quartier où elle vit – de faire sécession avec les États-Unis ?
Destiny est née, a grandi et vit dans les ghettos pauvres de Los Angeles. Elle a vécu baignée dans une violence quotidienne, devant s’adapter constamment à des hordes de prédateurs de toutes sortes. Mais Destiny est aussi le plus grand stratège militaire de notre époque, du niveau d’un Alexandre le Grand, d’un Napoléon ou d’un Patton. Lorsqu’elle décide de faire sécession avec les États-Unis, qui peut la ramener à la raison ?

  • Anthony Soiky
    Anthony Soiky

    il y a 6 ans

    Une sorte de Will Hunting en mode gansta. L'histoire ne m'a pas particulièrement branché, un quartier qui veut vivre dans le non droit, mené par Destiny, dont l'intelligence lui permet de faire face aux autorités. Cela manque de contexte qui amène ce quartier à vouloir vivre ainsi, et j'aurais voulu en savoir plus sur les origines de Destiny. Il y a quelques flashbacks mais cela reste peu approfondi. Ne pas se fier à la couverture qui est sublime, les dessins sont assez basiques, ils retranscrivent cependant bien l'ambiance. Lecture pas indispensable. 

Aujourd’hui, Top Cow est un éditeur qui a un peu perdu de sa gloire d’antan. Pour ceux qui ne connaissent pas bien, il s’agit d’un label d’Image Comics, celui fondé par Marc Silvestri. Ses productions phares ont été par exemple Cyberforce, Witchblade, Darkness ou le début de Fathom. En France, c’est l’éditeur Semic qui nous a permis de découvrir tout ça. Malheureusement, de toutes les séries que j’ai citées, plus aucune n’est publiée. Pourtant, Top Cow n’est pas mort. Delcourt nous le rappelle avec cette mini-série : Genius.

Plutôt récemment, Top Cow a eu la force de proposer des initiatives intéressantes. L’une d’elles est un concours nommé Pilot Season, lancé dès 2007. Le principe est simple : durant l’année, des one-shots sont proposés, et les lecteurs votent pour celui qu’il préfère ; les auteurs dont le comics reçoit le plus de votes ont la possibilité d’en faire une série régulière. Et devinez qui a gagné en 2008 ? Eh oui, Genius ! Cet album de Delcourt reprend donc le Pilot Season, suivi des cinq chapitres constituant la mini-série. Oui, je parlais de série régulière juste au-dessus, mais cette histoire a été pensée comme complète. Peut-être aurons-nous une suite un jour, mais sachant que ces cinq numéros sont arrivés six ans après le Pilot Season, ce ne sera pas pour tout de suite. Bref, intéressons-nous maintenant au contenu.

L’inspecteur Reginald Grey a une théorie : et si les récentes violences de gangs à Los Angeles étaient dirigées par une unique personne ? Cette théorie du suspect zéro est ridiculisé par ses supérieurs, pourtant, il a raison le monsieur. Et on va vite découvrir que ce suspect zéro est une femme du nom de Destiny Ajaye. C’est un génie de la stratégie, comparé par les auteurs à Gengis Kahn ou Hannibal. Les scénaristes sont d’ailleurs Marc Bernardin et Adam Freeman, des noms méconnus qui ont pourtant travaillé sur plusieurs séries. Lorsque l’on lit le Pilot Season, le prélude donc, on s’inquiète un peu. Un affrontement a lieu entre les gangs et la police, et Destiny dirige le camp des gangs. C’est une vraie tuerie, les flics sont massacrés, et on demande un peu ce que les scénaristes veulent faire passer comme message. Du côté du dessin, c’est Afua Richardson, une débutante dans le monde des comics, qui a plusieurs cordes à son arc (elle est aussi scénariste, musicienne et voix). Malheureusement, le graphisme est très amateur. La mise en page est digne d’un mauvais téléfilm et le dessin approximatif avec des erreurs de proportions ou de perspectives.

Alors voilà, fini, on passe à autre chose ? Bien sûr que non ! Ce Pilot Season est peut-être la première BD que Richardson a réalisée, donc on ne va pas trop lui en tenir rigueur surtout qu’il y a la véritable mini-série qui commence après. Dès le premier chapitre, l’évolution du dessin saute aux yeux. La mise en page est un peu plus sobre, mais garde l’audace du prélude. Les couleurs sont moins simples et plus travaillées. Ce qui est agréable aussi, c’est de voir l’amélioration au fur et à mesure que l’histoire avance. Le dernier chapitre est bien plus maîtrisé que le premier. Attention tout de même à feuilleter l’album avant de l’acheter, le style ne plaira pas à tout le monde. Personnellement, je n’ai pas plus accroché que ça, bien que je comprenne la démarche. En effet, le style rappelle beaucoup celui des graffitis que l’on peut voir sur les murs de nos villes, ce qui est pertinent pour un récit si « urbain ». Seulement, les décors ne semblent pas totalement maitrisés, et sont parfois plus des formes de couleur sûrement dessinées par ordinateur.

Ensuite, l’histoire est un peu simplifiée. On commence par suivre la vie de Destiny, afin de nous faire comprendre ses agissements. Elle en veut aux flics, et elle va unifier tous les gangs de son quartier avec le but de l’isoler de toute patrouille policière. Pour ça, elle va se servir de son génie de stratège. Tout ça n’est bien sûr que prétexte à l’action, et elle est plutôt bien menée. Mais il est dommage que quelqu’un de si malin ne pense pas vraiment à la conclusion de sa guerre contre la police. Le récit n’impose d’ailleurs pas de morale, on nous raconte un évènement comme il peut probablement arriver de temps en temps aux USA : un affrontement entre gangs et police. Sauf que cette fois, les gangs sont organisés, et grâce à Destiny ont vraiment une chance. L’occasion donc de traiter un sujet d’actualité en imaginant ce qui se serait passé avec cet élément qui change tout. Finalement, bien que l’album inquiète dans ses premières pages, les auteurs arrivent à redresser la barre, et à nous offrir une histoire intéressant, mais aussi un petit OVNI dans le monde des comics.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Un sujet d’actualité
Des dessins originaux
Beaucoup d’action

LES POINTS FAIBLES

Une réflexion qui aurait pu aller plus loin
Les décors

 

3.5

C’est la guerre !

Conclusion

Le récit s’améliore au fil des pages : si le début est de qualité moyenne, la fin est très satisfaisante.