Au lendemain de la célèbre fête d'Halloween, la petite ville de Stony Stream, Ohio, s'éveille. C'est du moins le cas de Mac, KJ, Tiffany et Erin, quatre jeunes livreuses de journaux. La routine des tournées matinales est enclenchée, jusqu'au moment où leur itinéraire croise celui d'un groupe d'étranges individus encapuchonnés, violents et au langage inconnu ; et d'une mystérieuse machine dont tout semble indiquer qu'elle ne viendrait pas de la Terre... Une découverte qui pourrait bien changer leur vie à jamais.

  • Julien
    Julien Staff MDCU

    il y a 8 ans

    Nouveau titre évènement de Brian K. Vaughan, accompagné par l'excellent Cliff Chiang au dessin, qui créent une série OVNI, mélangeant les genres et très addictive. La série se centre sur ses personnages, très bien écrits, avec d'excellents dialogues et toujours des références à foison. L'intrigue est très loufoque et mystérieuse, le tout dans une ambiance assez formidable imprimée par les dessins et les couleurs. Paper Girls n'est pas sans rappeler les films cultes des années 80, revenus à la mode avec la série Stranger Things, notamment.

Alors que les années 80 n’ont jamais été à la mode (même dans les années 80), il faut bien avouer que si, trente ans plus tard, elles sont enfin sur le devant de la scène. Mieux vaut tard que jamais diront certains. Après le succès récent de Stranger Things, voici Paper Girls, la dernière série de Brian K. Vaughan, qui arrive dans nos vertes contrées.

Nous sommes donc en 1988, et Erin, une jeune fille d’une douzaine d’années, se lève tôt pour aller livrer ses journaux. Ce n’est pas une journée comme les autres, il s’agit du 1er novembre, soit le lendemain d’Halloween. Elle va croiser sur son parcours des adolescents encore déguisés qui vont l’agresser. Elle se fera aider par trois autres livreuses de journaux. Les filles vont s’unir afin de faire leur boulot en sécurité. C’est alors que des choses étranges vont commencer à arriver. Dès le début de l’histoire, l’ambiance proposée par Vaughan va donc jouer sur notre fibre nostalgique avec des thèmes que l’on retrouvait souvent dans les films pour gamins de l’époque. Bien que personne d’entre nous n’a probablement fêté Halloween ni livrer des journaux dans notre jeunesse, ce n’est pas pour autant que ça ne nous parle pas. Nous avons tous baigné dans les films américains de l’époque, et on comprend tout de suite que Paper Girls va faire du pied au Goonies, à E.T. et autres Stand By Me. Et oui, ce sont les thèmes qu’utilise aussi Stranger Things par exemple.

L’autre thème principal, c’est l’arrivée progressive du fantastique. On va croiser des personnages étranges, et beaucoup de personnes vont disparaître. L’histoire sombre assez rapidement dans un côté apocalyptique, donnant un petit air de roman de Stephen King (ça se déroule aussi dans une petit bourgade, mais pas dans le Maine, dans l’Ohio). Vaughan s’amuse à nous livrer les informations au compte-goutte. A peu de choses près, on suit le point de vue des quatre paper girls, et on découvre donc avec elles ce qui se passe. Forcément, comme elles, on n’y pige pas grand-chose, mais on va apprendre tout de même certaines informations qui vont permettre de mieux saisir les évènements. Du coup, on reste accroché à son bouquin pour en savoir plus, et on peste quand on arrive au cliffhanger de fin. L’histoire part tout de même très loin dans le fantastique, on arrive au limite de la science-fiction. Alors qu’on pensait avoir quelque chose de très différent de Saga (globalement, ça l’est), on retrouve finalement quelques petites similitudes.

La galerie de personnages n’est pas énorme. On se focalise principalement sur les quatre filles, et on apprend vite à les connaître. Leur personnalité est plutôt bien travaillée, et on ressent assez rapidement de l’empathie pour elles. L’idée de placer l’histoire dans les années 80 n’est pas anodin, et permet notamment un ressort scénaristique. Je ne rentrerai pas dans les détails sur ce point. Cependant, c’est aussi et surtout l’occasion pour Vaughan de raconter ses souvenirs de cette période, puisque le scénariste avait le même âge que ses protagonistes à l’époque (et vivait aussi en Ohio). On sent donc son plaisir à placer tout plein de petites références qui, même inutiles, donnent un certain charme à la série. On regrettera tout de même le coup de pub pour Apple... Ça, c’est pour le background, mais le récit a un rythme assez fou. On ne s’ennuie pas une seule seconde, mais on espère que la série saura ralentir un peu la cadence, parce que c’est éprouvant. Et comme souvent dans les histoires avec plein de mystères, on espère que ça ne s’éternisera pas trop (moins que les séries TV Lost et Under the Dome par exemple dont Vaughan a participé au scénario).

C’est finalement le danger de genre de récit. Si ça traîne sur la longueur pour donner tous les tenants et aboutissants de l’histoire, on risque de lâcher la série avant la fin, et à contrario, si la série donne ses réponses trop rapidement, ça va être compliqué de renouveler l’intérêt. De toute façon, nous n’en saurons pas plus avant quelques albums. Pour le moment, le quotient mystère/réponse est très bien dosé, et lance de nombreuses pistes pour la suite. Pour finir, les dessins de Cliff Chiang collent très bien au récit. Son trait plutôt grossier sait s’affiner quand nécessaire. L’artiste a son style propre, mais c’est globalement agréable à lire. Ses dessins sont mis en valeur par le coloriste Matt Wilson. Ce dernier s’éclate avec des couleurs vives qui nous ramènent plutôt bien dans les années 80. Bref, ce tome 1 est une excellente mise en bouche, mais ça ne reste que ça, et on attendra d’en lire plus avant de se prononcer définitivement sur la qualité de la série (tome 2 en mars !).

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

L’ambiance
Les mystères
Les personnages

LES POINTS FAIBLES

Mise en bouche

 

4.5

Bon début

Conclusion

Proche de Stranger Things par exemple, la série démarre bien avec une histoire haletante remplie de mystères. On est curieux de lire la suite.