[TPAMC#47] Le défi d'Urban Comics

[TPAMC#47] Le défi d'Urban Comics
Amis lecteurs, bonsoir ! J'espère ne pas trop vous avoir manqué, ça fait déjà un petit moment, non ? Actualité oblige, je vais revenir sur les annonces du nouveau label Urban Comics concernant le catalogue DC Comics en France. Entre les plannings des deux premiers mois, les interviews publiés et la discussion qu'on a eu avec les représentants du label au LCF, nous sommes en mesure de voir émerger une politique éditoriale cohérente. Attention, cela ne veut pas dire que cette politique soit la bonne ou meilleure que celle de Panini. Mais bon, j'avoue être assez incrédule quand j'entends certains confrères, qui ont eux aussi eu l'occasion de discuter avec Urban (qui communique beaucoup), déclarer ne pas comprendre ce qu'il se passe. Dernière chose, si mon avis reflète en partie celui des autres membres de l'équipe MDCU, TOUCHE PAS A MES COMICS reste une rubrique personnelle où j'analyse l'actualité des comics donc cet article n'engage que moi. Voilà, c'est dit, je vais pouvoir me lâcher. Allez c'est parti et n'oubliez pas, on vous attend pas sur le forum mais c'est pas grave, y'a de la place !




LE DEFI D'URBAN COMICS



DC n'a jamais marché en France. C'est simple, c'est concis, c'est presque irréfutable tellement les preuves s'accumulent. Je vous conseille le très bon dossier par Fitz qui relate bien tous les obstacles qu'a rencontré la licence chez nous, entre une gestion douteuse des parutions et une concurrence trop bien implantée. Le public français connait parfaitement les films Batman et ses produits dérivés mais très peu les autres personnages de l'univers DC (Superman bien sûr mais sans le coté icône qu'il a aux USA). La grande majorité des histoires publiées par DC sont inédites en France et le fait que cet univers soit beaucoup plus complexe que celui de Marvel n'aide pas. Vu que Batman et Green Lantern phagocytent toute l'attention des lecteurs, il n'est pas facile de proposer les aventures d'autres personnages. En fait c'est pas tout à fait vrai vu que Green Lantern a réussi à faire son trou alors qu'il était inconnu du public français. Merci qui ? Geoff Johns et son incroyable run.

Le public français n'est donc pas hermétique mais il lui faut un truc renversant pour qu'il quitte ses héros habituels, ce qui n'a pas été le cas des histoires DC ses dernières années (JLA, Flash, Green Arrow , Teen Titans étaient mauvais, les autres gros personnages étaient quasi-absent chez DC comme Aquaman ou Captain Marvel ). Urban Comics doit donc rattraper un retard considérable pour séduire le public et le reboot en VO, qui devrait l'aider à attirer de nouveaux lecteurs, va paradoxalement encore plus compliquer les choses. Autant avec Semic on pouvait être résigné devant la non publication de la majorité de l'univers DC, autant avec Panini on pouvait espérer voir débarquer pleins de bonnes choses au vu du traitement de la licence Marvel (on a 98% de ce qui est publié aux USA, c'est dire si on est gâté). Malheureusement, Panini s'est cassé les dents non sans honneur sur DC et Urban est chargé de faire mieux mais, avec le reboot, de nombreux lecteurs français ont décidé de sauter le pas vers la VO (version originale, les publications US) pour ne plus être déçu car on ne pas être mieux servi que par DC. Le nouvel entrant sur le marché des comics doit donc faire face à une hémorragie de lecteur et ce constat va jouer un rôle dans sa politique comme on va le voir par la suite.




L'attente autour de la reprise en main du catologue DC (ainsi que Vertigo, Wildstorm et MAD même s'il ne faut pas se leurrer, ce dernier est très très très accessoire, bref on s'en fout) est énorme. On a de nombreux fans de Batman , Superman, Green Lantern, Flash, Wonder Woman, Aquaman, etc....Le public est demandeur, là n'est pas le problème. Le vrai problème, c'est que ce public est désabusé, résigné presque. C'est dire si les annonces de Urban, économiquement réalistes, ont en refroidi plus d'un. Si le public français est désabusé, c'est parce qu'il sort d'une relation avec Panini qui aurait pu porter ses fruits si le sort et certaines erreurs ne s'étaient pas acharnés. Après des débuts encourageants, tout se complique pour l'éditeur. Il a repris en main DC après avoir su s'approprier le catalogue Marvel, on pouvait donc espérer le même résultat. Rapidement, le crossover Infinite Crisis va sonner la fin de la lune de miel avec le public car la réalité économique rattrape tout le monde : les magazines DC ne marchent pas ! Les magazines Superman et Batman fusionnent en un seul mensuel dans en premier temps pour rapidement passer à un rythme d'un numéro tous les 2 mois. Le magazine DC Universe devient progressivement Green Lantern Universe et les séries « obligatoires » comme JLA et JSA sont mauvaises donc Panini ne peut s'appuyer sur elles. Superman propose de bonnes histoires mais est éclipsé par le run magistral de Morrison sur Batman , il est donc éjecté vers la librairie et, oh miracle, s'en sort bien !

Eh oui, la saga New Krypton a bénéficié de sa publication en album et c'est un signe que ce que prévoit Urban peut marcher. Quant à Batman, il pète la forme dans son propre magazine et propose des parutions annexes. La spéculation bat son plein et on envisage une sortie de crise. Panini a plutôt bien publié Infinite Crisis, Final Crisis et Blackest Night (même Amazon Attacks ! même si c’était incomplet) donc on pouvait penser que du moment que chaque héros trouvait son format, cet équilibre précaire pouvait durer avec des petits ajouts ponctuel comme Flash Rebirth ou Brightest Day. C'est là que DC surprend tout le monde en ne renouvelant pas l'accord de licence avec Panini et c'est Dargaud, avec la structure Urban Comics, qui reprend le bébé. Avec du recul, on se dit que DC veut attaquer Marvel sur tout les fronts avec son reboot et l'international est un relais de croissance non négligeable. Si on regarde les dernières sélections MDCU, on remarque que les lecteurs se jettent sur les publications DC. Panini n'a pas précipité les choses (ils auraient pu faire un gros big book avec Brightest Day chaque mois par exemple) et continu l'exploitation de la licence jusqu'au 31 décembre (et pendant tout 2012 les ouvrages seront encore disponibles) sans brusquer le lectorat encore fragile. Panini rend les clés du catalogue DC en ayant guérit une partie du lectorat. Le reboot aux USA est une occasion unique et entre les films de Nolan et les jeux Arkham , le fruit est mûr pour être cueilli. Il aurait été possible de tout précipiter pour vendre le maximum de trucs mais l'éditeur est resté sur son calendrier initial en proposant les premiers numéros des séries Flash, Brightest Day, Batman Inc....en partant du principe que Urban allait assurer la continuité. Les lecteurs aussi. C'est là que ça a merdé...




Le premier truc qu'on remarque avec les annonces d'Urban, c'est qu’ils auraient pu faire moins d’efforts s’ils le voulaient. A la base, rien ne devait être publié les 3-4 premiers mois... comme si le reboot était l'objectif. Et puis non, on s'en fout, on sort les cojones et on met la main dans le cambouis avec 3 magazines (Batman, Flash et Green Lantern ) qui clôturent aussi bien l'ère Panini que l'univers pré-reboot. Le crossover Flashpoint est publié, le lecteur français va donc avoir le droit à la pseudo-excuse de DC. Et pour ceux qui gueulent qu’on n’a pas tout, bah c'était déjà le cas avant avec Panini qui, entre les retards de certaines séries et la non publication d'autres, a fait de Final Crisis un vrai casse tête pour certains (même si le principal a été publié). Bon, la première faute de Urban, c'est de ne pas avoir annoncé (encore ?) les mini-séries Flashpoint plutôt bonnes et faciles d'accès, comme Infinite Crisis et ses Big Books à l’époque (pas du tout facile d'accès mais super bonnes). Avec un univers alternatif, ce n’est pas compliqué et super intéressant.

Là où les annonces coincent, c'est au niveau du prix. C'est cher, presque 7 euros. Qu'on ne me parle pas de Panini qui est plus cher à la page car ce n'est pas ce qui compte. Un lecteur de comics a un budget, il n’achète pas des pages une à une (« Bonjour, je voudrais pour 17 euros de pages DC, ça me fait combien d'épisodes en tout ? »). Alors oui c'est limite pour nous faire plaisir que Urban a annoncé ces publication (en gros on a 3 magazines qui ne sont là que pour préparer le reboot) mais c'est presque une faute grave de proposer un tel prix. En face, les magazines Marvel sont moins chers et on peut se demander si ça vaut pas le coup d'attendre le reboot. Problème, Urban a sciemment choisi des histoires indispensables car non affectée par le reboot (Batman Inc reviendra, tout comme Green Lantern qui ne fait que sauter 6 mois). C'est donc plus une manière de dire « eh les gars le kiosque on vous le fait juste pour vous faire plaisir » car tout le monde sait que les magazines DC ne marchent pas. Je vous rappelle qu’au point où on en est, Urban aurait pu ne rien publier avant le reboot, cela n’aurait rien changé, on aurait quand même tous acheté les premiers numéros du reboot. Urban est pour l’instant en position de force. De toute façon, quand on parle avec ses responsables, on comprend bien que ce n'est pas une question de mauvaise volonté mais plutôt un double choix, économique et éditorial.




La conjoncture économique est formelle : le kiosque, à moins d'avoir les reins solides comme Panini et ses vignettes, c'est la fosse aux lions. Regardez Delcourt qui a bien essayé de réinventer le magazine sur Spawn avec d'autres séries d'Image. Cela n'a pas fonctionné. On a en France un ogre appelé Panini qui a une machine gun dans chaque bras et qui dézingue tous ceux qui approche de trop près. Il n'y a qu’à voir le flot d'annonces du mois d'octobre, on a plusieurs nouveaux magazines réguliers qui renforcent l'armada Marvel actuelle. C'est la flotte impériale ce truc, à part si tu es un jedi de Declourt, tu ne peux pas passer à travers. Or DC n'est pas Marvel en France (car si aux USA ça change en France ce n'est pas sûr que le reboot comble le fossé entre les deux). Urban est donc prudent : on va tester le marché avec les dernières histoires pré-reboot et après on verra ce qu'on peut faire. Attention, je ne sais pas ce que prépare vraiment Urban, ils ont peut-être déjà tout prévu pour le reboot mais ils ne l'ont pas annoncé pour se laisser une marge de manœuvre.

Ainsi, en France, dès 2012, ce sera surement de la manière suivante que s'articulera les comics : Marvel aura le kiosque, Urban aura la librairie (même si Marvel est aussi agressif en librairie). Il ne faut pas oublier que Urban Comics, c'est Dargaud, un des piliers des librairies gauloises. C'est logique que cet éditeur concentre ses efforts sur un marché qu'il maîtrise. Pour le kiosque, on va donc attendre le reboot pour voir s'il abandonne vraiment le terrain et je ne serais pas surpris que l'on ait uniquement que 2 à 3 magazines, pas plus, et pas les plus grosses séries. De l'aveu même des responsables d'Urban au LCF, le kiosque reste le domaine des spécialistes des comics. Si tu veux commencer dans le comics, tu va te dire « c’est quoi les albums que je dois lire ?» et pas « par quel numéro, en plein milieu d’une histoire, je commence ? ». Il faut penser à long terme, un nouveau lecteur n'ira pas naturellement vers ce support. Cependant, se couper du kiosque, c'est se couper de la publication mensuelle qui fait tout le charme des comics, ce rendez-vous avec ses héros. Cela va être dur d'attendre 4 à 6 mois en librairie, surtout qu'on s'achemine vers une publication des plus grosses séries en album et pas en kiosque comme avant.




Si le kiosque risque d'être délaissé, c'est pour offrir une offre globale en librairie et pas juste les rebus du kiosque. C'est ça qu'il faut comprendre au lieu de s'acharner sur l'absence de prise de risque. En effet, si on choisit par exemple 4 mags DC (Batman, Superman, Green Lantern et les grosses séries dans le dernier comme WW, Aquaman, Justice League), on va laisser des trucs qui se vendront moins bien en librairie. Or le kiosque est « bouché » comme on l'a vu et New Krypton a prouvé que le lecteur français pouvait s'attacher à une série en album. Au vu des annonces, Urban va déplacer la bataille des comics en librairie au lieu du traditionnel kiosque. La preuve avec Watchmen qui est une déclaration de guerre pour 2012. Cette sortie est symbolique, c'est un succès incroyable en librairie mais surtout c'est LE bouquin que les geeks conseillent à leurs proches pour prouver que les comics, c'est pas que pour les gosses. En choisissant de sortir en premier (avant même le kiosque) une œuvre que tout bon geek possède depuis la sortie du film il y a 2 ans, Urban fait un grand bras d'honneur à Panini : « ouais, on sort un truc qui est présent par cartons dans chaque librairie et qui sera encore en rayon pendant un an. Pourquoi ? Pour montrer qui est le boss ». Bon j'ai inventé cette réplique mais c'est un peu l'esprit qui domine, celui de conquérir le marche des fans à travers un long-seller. Urban vu devenir la référence en librairie et veut profiter du reboot et de l’engouement qu’il apporte pour placer ses billes à long terme, maître mot du marché de la librairie. On critique souvent Panini pour ses ruptures de stocks en librairie qui sont souvent corrigée non pas par un réassort mais une nouvelle édition. C’est une stratégie kiosque qui est appliquée à la librairie par Panini. Dans le même ordre d’idée, le choix du cartonné pour les couvertures (beurk, je déteste ce truc). C'est plus cher mais c'est un choix, celui d'un « bel ouvrage » comme on dit (mais bien sûr), un truc qui dure et qui peut concurrencer les albums franco-belge.

En fait, la rentabilité est meilleure en librairie qu'en kiosque. Un ouvrage en kiosque doit se vendre à sa sortie sinon il est dépassé par le suivant car il ne contient qu'une partie de l'historie alors qu'un album, vu qu'il propose une histoire complète, il peut rester des années dans les rayons. On sort donc du rythme naturel des comics, mensuels, pour passer à une collection d'album. C'est le même mouvement aux USA avec les TPB et HC qui prennent de plus en plus de place. D'ailleurs, DC vient d'annoncer que ses séries du reboot ne verraient leur premier arc collecté que 8 à 14 mois après la publication du premier numéro. Pourquoi ? Pour court-circuiter le marché librairie et forcer le lecteur à rester en mensuel. A la différence de Dargaud, DC doit payer ses auteurs chaque mois. Si une série se vend majoritairement en librairie, c'est cool mais ça rend sa survie mensuelle délicate. A contrario, Dargaud n'a pas besoin de vendre des comics chaque mois, elle a besoin de rentabiliser chaque sortie. En sortant Action Comics en album plutôt que dispersé en kiosque, elle sait qu'elle pourra toucher plus de lecteurs sur le plus long terme alors qu'en kiosque, on n’en réimprime pas chaque mois la même histoire. Et le coup du « d'abord en kiosque puis en album », ça marche de temps en temps mais on ne peut pas faire tout le temps ça. Surtout quand Panini contrôle le kiosque avec Marvel (et Panini sélectionne ses histoires).

De toute façon, pour le lecteur, la solution n'est pas mauvaise. Le prix des premiers albums est inférieur à celui de Panini malgré le cartonné et on aura tout un arc d'un coup sans pub et sans séries annexes (qui déplaisent à certains). C'est vrai que ce principe des magazines sauvent les petites séries mais je vous rappelle qu'en France pour DC on veut sauver les grosses ! Si on ne veut lire que certaines séries spécifiques, on pourra faire son choix et ne pas gaspiller son budget dans des séries annexes (perso je préfère les magazines mais j’aime avoir toute une histoire d’un seul tenant). Enfin, au niveau des séries Vertigo, Urban prône à la fois la continuité (en sortant dans le même format les nouveaux tomes) et la régularité (1 tome de chaque série tous les 4 mois). C’est une belle promesse, pas sûr qu’elle puisse être tenue mais on croise les doigts.




La vraie surprise reste l’annonce des 3 collections librairie (c’est encore de coté là que Urban agit). On a tout d’abord 2 collections pour répartir les histoires DC pré-reboot : de la création de DC à la première Crisis de 1985 et de Crisis au reboot. Puis une collection liée au reboot et enfin une collection appelée SIGNATURES qui va nous permettre d’avoir des runs complets des plus grands artistes. On a donc une offre claire pour les nouveaux mais surtout la promesse de ne pas délaisser les histoires pré-reboot ! Si vous voulez (re)lire tout le run de Morrison sur Batman ou de Johns sur Green Lantern , tout sera réunit dans des albums qui vous permettront d’avoir une belle collection et surtout un meilleur confort de lecture. C’est une réédition des classiques de ces dernières années (parfaitement publié à l’époque par Panini mais introuvable en entier). Je vous avoue que je reste cependant sceptique sur cette collection car on ne peut pas dire que DC possède de grands runs… désolé, c’était mon tacle obligatoire aux DC-Boys ! Nan sérieux, c’est une initiative sympathique et vachement utile ces collections car Urban prend en compte la richesse de DC (même si je suis pas sûr qu’on ai pleins d’histoire pré-Crisis). Panini a bien tenté les intégrales DC sans succès et publié aussi depuis quelque temps le run de Morrison sur la JLA (on y aura surement droit avec Urban, comme Johns sur la JSA).

Urban va donc exploiter d'anciennes histoires en proposant des produits équivalent ou supérieur à la VO (il n’y a pas de compilation actuelle de ces runs chez DC en VO). Si le reboot sera le nerf de la guerre, c’est quand même agréable d’avoir accès à de vielles sagas mais là encore j’espère que ce sera plus du Secret Six que la énième histoire de Johns, Morrison ou Moore. On verra le prix et le rythme de publication mais ça reste tout de même une belle promesse, même pour les amateurs de VO. Il faudra juste que le plan de parution soit cohérent et qu’on ne sorte pas les histoires dans le désordre, il y a des priorités et le fait d’avoir une collection liée aux artistes permet, dans les 2 collections chronologiques, de se concentrer sur des histoires moins glamour mais tout aussi importantes. J’espère avoir une vraie logique dans la publication avec des histoires qui se suivent, sans forcément avoir tous les numéros par exemple de la série Batman mais plus une sélection d’arcs importants qui sortent dans l’ordre au fil des ans en évitant les arcs bouche-trous. Et surtout, ne pas se concentrer que sur Batman !!! Il y a pleins de personnages géniaux dans cet univers, ce serait dommage de ne pas les faire découvrir aux lecteurs. A la différence de Brightest Day…




Il est temps d’aborder ce qui a nourrit le feu des critiques : Brightest Day. Je vous préviens, je ne suis pas du tout objectif avec cette MERDE, je suis le seul dans ce cas dans le staff à ma connaissance. Oui, je pèse mes mots, Brightest Day est une bouse infâme, un truc sans nom, un moyen de poursuivre un succès (Blackest Night) sans avoir d’histoire. C’est cela mon problème avec Brightest Day, il n’y a pas de fil conducteur ou alors il a été oublié en cours de route. Quand au final, il est pitoyable, pas pris en compte par le reboot et sans aucun rapport avec le reste de l’histoire. Certes, il offre le retour d’un Ancien personnage culte mais c’est tellement précipité et sans saveur qu’on se demande pourquoi cela a autant duré. Brightest Day n’a pas le charme ou la qualité de 52. Dans ce cas, pourquoi hurler au scandale quand on apprend que ce ne sera pas traduit ? Tant mieux, on gagne de l’argent ! En revanche, Urban aurait pu (mais pas dû) publier cette histoire comme elle le fait avec Flash (en reprenant la suite) mais ce sera surement, si ça sort un jour, en version album qu’on pourra lire en France Brightest Day.

Comment critiquer une œuvre sans pouvoir aborder ses défauts par peur de spoiler ? Ah mais c’est bon, vous lirez jamais ça ! Alors je me lance (MEGA SPOIL ALERT POUR CEUX QUI ONT ENCORE L'ESPOIR FOU DE LIRE BRIGHTEST DAY AVANT 2 à 3 ans) : à la fin de Blackest Night, plusieurs personnages reviennent à la vie. Dans Brightest Day, les auteurs présentent la nouvelle vie de ces personnages avec comme thème central « qui sera le nouveau White Lantern ? ». Or tout au long de la série, on passe de scènes en scènes, c’est trop long, certains personnages sont peu mis en avant, un gars comme Deadman ne fait rien au final si on analyse bien ce qu’il lui arrive (genre il rencontre Batman et se demande si c’est l’élu, c’était juste pour justifier la cover de l’épisode). Aquaman (il découvre un secret sur sa femme et Aquawar se résume à 4 plans pour une bataille d’eau douce) et Martian Manhunter (se fait manipuler par la dernière Martienne Verte) font du surplace mais Hawkman (qui brise sa malédiction) voit sa situation énormément évoluée. Cependant, c’est inutile vu que le reboot l’ignore !!! Le seul à qui on aurait pu accorder un intérêt dans l’optique du reboot c’est Firestorm mais là encore le reboot invalide le tout, on reprend juste le concept. Bref, cette histoire est une perte de temps et d’argent mais je comprends que ceux qui ont commencé avec Panini veulent connaître la fin. Pas besoin, vous devez juste savoir que le White Lantern est en fait…Swamp Thing. Eh oui, le personnage sort de nulle part 2 numéros avant la fin alors que les autres héros partent dans un trip « les 4 éléments ». Voilà, vous n’avez rien loupé et je me suis fait chier.




Il est temps de jouer au jeu des scénarios. Il y a 3 choses qui vont avoir un impact sur la réussite de la prise en main du catalogue DC par Urban.

Tout d’abord, les annonces des magazines kiosques. Si Urban délaisse vraiment le kiosque avec 2 ou 3 magazines uniquement à l’occasion du reboot comme je le pense, de nombreux lecteurs actuels ne voudront pas attendre 4 à 6 mois pour lire leur série. Ils vont se tourner vers la VO (comme c’est en partie le cas) ou pire, le téléchargement illégal. Si le prix reste aussi élevé, cela va décourager les nouveaux lecteurs qui veulent se mettre à DC. Ils pourront cependant tout de même acheter les séries quand elles sortiront en librairie mais ce ne sera que des achats ponctuels, pas comme en kiosque quand on fait péter son budget pour rien louper. Ce sera des consommateurs plus avertis qui ne choisiront que les sorties majeures, donc tchao les petites séries.

Au rayon de la librairie, il sera important d’avoir des sorties régulières, pas trop espacées et avec un prix pas trop élevé. Une sortie librairie permet au lecteur de maîtriser son budget car il n’a pas à se précipiter pour acheter l’album dans le mois (sauf si l’on conserve la politique des impressions limitées qui a donné un forte spéculation). Il semble que Urban prépare des sorties quasi-simultanées à la VO, ce qui est une bonne chose car on préfère tous la VF quand c’est bien traduit, non ?

Le reboot est le 3ème facteur à prendre en compte. Pour l’instant, tout va bien. Qui nous dit que dans un an la situation ne va pas se détériorer ? L’univers DC est connu pour sa facilité à se complexifier en un rien de temps et à accumuler les erreurs éditoriales. DC a pour l’instant une politique stricte à l’égard des retards mais il va falloir répondre à de nombreuses questions en terme de continuité, ce qui pourrait poser problème. Enfin, en l’absence d’un crossover DC dans les 2 à 3 ans à venir, ce sera dur commercialement d’attirer les lecteurs quand l’effet reboot sera passé. Les séries DC du reboot ne sont pas forcément meilleures qu’avant, ni pire, mais c’est pour l’instant facile pour tous. Urban reste donc tributaire de DC et par le passé Panini a souffert de nombreuses décisions de l’éditeur américain.

Cela nous amènes aux 3 scénarios suivantes :

- Urban réussit son pari, attire de nouveaux lecteurs et parvient à fédérer une communauté autour d’elle. Chemin faisant, les publications se multiplient et qui sait, un jour DC pourrait battre Marvel en France en envisageant même pleins de magazines kiosques.

- Urban subit l’échec du reboot aux USA combiné au refus de nombreux lecteurs de payer plus cher en kiosque et attendre plusieurs mois en librairie pour les grosses séries. On reviendrait alors à une époque similaire à celle qu’a connu Panini après Infinite Crisis en France, c'est-à-dire la merde.

- Urban et le reboot tiennent bon, ont une politique cohérente, des bonnes histoires mais les lecteurs n’adhèrent pas au pari de l’éditeur français pour des raisons commerciales surtout. On a alors des très bonnes ventes pour les grosses séries en album avec les spécialistes et les fans qui soutiennent la traduction car ils préfèrent ces albums VF à ceux VO sortis au même moment. Panini/Marvel garde la main mise sur le gros du lectorat, surtout avec le film Avengers mais DC est synonyme de qualité et est consommée ponctuellement par de plus en plus de lecteurs focalisés sur 5-6 séries librairies. Urban est alors un acteur important mais en retrait par rapport à Panini.

Voilà, je ne suis pas un devin mais le défi d’Urban est passionnant. On va sûrement encore longtemps critiquer les choix d’Urban comme tout bon français mais on ne peut pas nier qu’il se dégage une certaine cohérence dans les premières annonces. Quand on discute avec les responsables du label, on sent à la fois une passion des comics mais aussi une certaine lucidité économique. Je préfère mille fois un éditeur réaliste qui va tranquillement bâtir de nouvelles fondations à l’occasion du reboot qu’un éditeur qui sort tout et n’importe quoi juste pour capitaliser sur la licence et couillonner les batfans. Urban aurait pu sortir 3 albums inédits de Batman en février 2012, je suis sur qu’ils auraient été sold-out mais ce n’est pas le cas. Panini a su à la fin de son exploitation redonner des couleurs à DC en France en cherchant le bon équilibre pour chaque franchise. Urban ne part pas de zéro et va essayer de capitaliser sur le film de Nolan, sur celui de Snyder, sur le reboot, sur toutes les béquilles possibles...A nous, lecteurs, d’être là pour prouver qu’il y a un public pour des séries comme Secret Six, REBELS, Resurrection Man, Demon Knight, DC Universe Presents, etc…Il ne faut pas oublier que c’est un business, Dargaud a repris la licence pour faire des bénéfices mais c’est aussi notre intérêt, plus ils gagneront, plus ils seront gourmands et augmenteront les nombre de publications. Bien sûr on ne doit pas leur donner un chèque en blanc, ils vont faire des erreurs (c’est normal, sauf miracle, donc ne crions pas au loup à la première bourde, Urban semble à l’écoute des commentaires sur le net) mais ils ont tout intérêt à faire de DC un bastion des comics en France. Bonne chance Urban Comics, on vous attend tous avec des Batarangs au tournant, on compte sur vous.




PS : si vous aimez les TPAMC et les mangas (ouais, le mix est possible), voici la rubrique jumelle, TOUCHE PAS A MES MANGAS, sur le site S2M, le petit frère de MDCU animé par l'équipe de Scarercrow (Khesistos, Setsu, Iréelle...). Ca parle de quoi ? Bah j'y parle des mangas bien sûr !



Iron Man : Reboot en mode sans échec

Dark Reign : Allume la lumière

Young Avengers : Papa est en haut, maman est en bas

Wonder Woman : Autopsie d'une icône à l'abandon

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  • Codi
    Codi

    il y a 13 ans

    Bon ben reste plus qu'à espérer que tout ce passera bien, et que la première des trois éventualités sera la bonne :p

  • Guillaume
    Guillaume

    il y a 13 ans

    Tout à fait d'accord avec cette analyse. J'ai bien rigolé avec BD. Vu le rythme annoncé par dc pour les sorties de leur tpb jattendrais de voir l'offre d'urban...

  • Leto
    Leto - Rédacteur de l'article

    il y a 13 ans

    C'est le TPAMC qui a fait sauté le serveur !

  • alecs
    alecs

    il y a 13 ans

    @Leto : Ou pas :p

  • rlock
    rlock

    il y a 13 ans

    Perso tout ce que je constate c est que jusqu alors les maisons d edition qui reprenaient un catalogue le faisait de maniere logique et respectueuse du lecteur ... quand marvel france devenu plus tard panini a pris la suite de semic ils ont repris exactement les series là ou semic s etait arrete en respectant le format preexistant ( un mag xmen un mag spidey etc..), quand panini a repris les titres vertigo de semic , idem (là aussi en respectant le format de l ancien, cf :y le dernier homme par exemple... ou les republications des 2 premiers tomes ont eu lieu une fois la serie finie) , pareil egalement pour Delcourt avec Spawn... jusqu a l arret du kiosque... Seul "Dargaud/Urban je m en tape je suis dieu " ne fait pas ca et procede de facon anarchique car ca ne leur semble pas judicieux... ok...c est plus judicieux de rerererepublier watchmen... quand panini use de ce principe on leur tombe(a raison) dessus quand c est urban ca choque pas.(car quand on voit le previsionnel y a pas mal de trucs qui seront des republications... y compris dans leur meilleure idee: les collections par artiste)..Alors je risque encore de passer pour un fanboy extreme lol mais je tente juste de faire passer mon extreme deception face a leur annonce... en l etat actuel des choses je ne me vois pas (sauf exceptionnel) prendre quoi que ce soit chez urban... et je pense ne pas etre le seul :) .. vive la vo ;)

  • Grayson'son
    Grayson'son

    il y a 13 ans

    Superbe article, par contre vous êtes sur de vos chiffres!on a en france, 98% de ce que fait marvel?ca me parait beaucoup!

  • Julien
    Julien Staff MDCU

    il y a 13 ans

    Leto exagère toujours quand il s'agit de Marvel^^ C'est effectivement pas le chiffre exact, il essayait plus de donner un ordre de grandeur.

  • Grayson'son
    Grayson'son

    il y a 13 ans

    Ok merci je comprend mieux.d ailleurs se serait sympas de connaitre le vrai pourcentage sur l année 2011 c possible?

  • Manu-el
    Manu-el

    il y a 13 ans

    est ce qu un jour on aura droit nous aussi aux comics de supergirl et superboy en vf?

  • rlock
    rlock

    il y a 13 ans

    Comme dit le proverbe on peut jamais dire jamais mais vu la frilosite d'annonces qui font passer Mr Freeze pour un été ensoleillé.... et l absolue non popularité de ces personnages en France , je serai tenté de te dire tu peux te brosser....

  • Bee
    Bee

    il y a 13 ans

    Que de stress : l .

  • Hunabku
    Hunabku

    il y a 13 ans

    Haaaaaaaaaaaaaa, j'ai de nouveau un TPAMC à manger pour mon lundi soir !! MERCI ! Et effectivement, j'ai bien peur que DC en kiosque tombera dans l'oublie, si Urban ne s'en donne pas les moyens .... mais en ont ils la volonté?