Qui scénarise ton comics ?

Qui scénarise ton comics ?

Lorsque l'on se pose la question de savoir qui scénarise un comics, la réponse qui s'impose d'elle-même est bien évidemment le scénariste. Cependant, est-ce bien la seule personne aux commandes ? Est-ce qu'il n'y a qu'une seule personne qui a le destin d'un Peter Parker ou d'un Clark Kent entre les mains ? Non, bien évidemment. Les scénaristes qui peuvent se pointer chez Marvel ou DC, taper du poing sur la table et avoir la main mise sur un univers entier sans rendre de compte à personne se comptent sur les doigts de la main. Aujourd'hui, MDCU vous propose une petite présentation de tous les acteurs potentiels qui pourraient intervenir de près ou de loin sur le scénario de tes comics. Simple influence ou réel apport scénaristique, vous constaterez qu'il peut y avoir beaucoup de monde derrière une simple histoire.

 

Jerry Siegel et Joe Shuster, créateurs de Superman .

 

Comme son nom l'indique, il est l'acteur principal du scénario. À ce titre, il s'occupe au moins de la trame narrative et des dialogues. Bien que cela ne soit pas systématique, il est le plus souvent également en charge du découpage des différentes cases des planches. Pour expliquer ce point plus simplement, le scénariste met en place l'intrigue, explique qui fait quoi et dans quel but, tout en mettant en place un récit sur le plus ou moins long terme.

Cependant, et comme expliqué dans l'introduction, il est loin d'être le seul à être en charge de l'histoire. Avant de voir un peu plus en détails qui sont les autres intervenants, on peut présenter quelques scénaristes qui n'ont pas eu les mains liés (ou qui ont refusé de les avoir) pour s'occuper de leur histoire et surtout des personnages qui y sont présents :

  • Grant Morrison qui était d'accord pour s'occuper de Batman s'il faisait son arc Batman RIP, ce que DC a accordé. Dans le même ordre d'idée, il s'est occupé en intégralité du personnage de Damian Wayne, refusant toute intervention extérieure même de DC, répondant aux demandes récurrentes de ne pas faire mourir le personnage :  « Je l'ai créé. Il est à moi. Il mourra parce que c'est ce que j'ai toujours voulu pour mon histoire ». Bien que Damian soit réapparu depuis, Morrison n'aura jamais lâché l'affaire sur ce point lorsqu'il était aux commandes.

  • Frank Miller avec Daredevil . Auteur à la personnalité très forte, il est connu pour ne jamais apprécier un travail effectué sur quelque chose qu'il a créé. L'exemple le plus marquant est son travail sur Daredevil et notamment sur le personnage d'Elektra. Concernant cette dernière, Miller est l'unique responsable de sa création, de ce qu'elle est devenue et de sa mort. Depuis, il n'a de cesse de rabâcher, à chaque nouvelle apparition du personnage, qu'il n'est pas aux commandes et qu'en tant que tel, il est impossible que cela soit son Elektra et donc encore moins la véritable Elektra. Un discours que l'auteur a encore tenu lorsque le personnage est apparu dans la série TV Daredevil .

  • Geoff Johns qui, suite au succès fulgurant de son travail sur l'univers des Green Lantern , a eu carte blanche de la part de DC pour continuer son histoire comme il l'entendait.

   

De gauche à droite, Damian Wayne et Elektra, créations respectives de Grant Morrison et Frank Miller.


 

Concernant le principal collègue du scénariste, son degré d'implication dépend tout simplement du type de relation qu'entretiennent les deux individus. Ainsi, nous pouvons imaginer trois types de dessinateurs :

Le premier est celui qui n'intervient jamais au niveau du scénario. Le dessinateur reste à sa place et se contente de mettre en image les idées du scénariste. On peut penser à Salvador Larroca qui a déjà expliqué lors d'une interview qu'il n'aimait pas beaucoup que le scénariste lui dise comment dessiner et que donc, forcément, il se refusait à intervenir sur le scénario. (« Nous sommes partisans de la non-interférence. Lui, il s'occupe de ses oignons et moi des miens »).

Le deuxième type de dessinateur est celui qui travaille de pair avec le scénariste. Il peut s'agir de simples propositions de la part du dessinateur mais cela peut aller jusqu'à l'échange d'idées. On peut donc dire qu'il participe activement à l'évolution de l'histoire. Ceci est une possibilité mais il y en a une autre, plus répandue. En effet, le plus souvent, son intervention n'est pas vraiment sur le fond de l'histoire mais sur la forme. Ainsi, il peut très bien s'occuper intégralement du découpage des cases, du point de vue à adopter, de la pose des personnages... Dans ce cas, il participera également au scénario mais pas au niveau du contenu de l'histoire. Son intervention se fera plus ressentir pour tout ce qui a autour du récit comme l'ambiance générale ou la fluidité.

Le dernier type de dessinateur est celui qui s'occupe presque intégralement du scénario. On ne peut pas aller jusqu'à parler de ces auteurs qui sont à la fois scénariste et dessinateur (et que l'on nomme alors « auteur complet »), mais on s'en approche. Il s'agit d'une méthode de travail essentiellement utilisée par Stan Lee qui portait le nom de « Méthode Marvel » et qui avait un principe on ne peut plus simple : Stan Lee donnait l'idée générale, quelques indications concernant l'intrigue, un signalement rapide des personnages et... c'est tout. Le dessinateur faisait tout le reste et si le résultat était au goût de Stan Lee, il y ajoutait les dialogues pour finaliser le numéro. Si cette méthode de travail peu orthodoxe a fait les beaux jours de Marvel et la légende de Stan Lee, elle n'est, bien évidemment, plus du tout utilisée de nos jours. Quoiqu'il en soit, cette singulière répartition des tâches faisait que le dessinateur était pour beaucoup quant au scénario du comics.

On notera qu'il existe encore d'autres méthodes de travail mais plus anecdotiques. Si on quitte un instant Marvel et DC, on peut penser aux créateurs des Tortues Ninja, Peter Laird et Kevin Eastman, qui dessinaient une planche à tour de rôle, donnant une grande part de responsabilité à chacun des deux auteurs quant à l'avancé du récit.

   

Jack Kirby, souvent considéré à défaut comme le simple dessinateur de Stan Lee  /  Peter Laird et Kevin Eastman, créateurs des Tortues Ninja

 

 

Si le terme qui définit ce métier à tendance à changer, le rôle de cette personne au sein de l'entreprise, lui, ne change pas. Il est sans doute celui qui est le plus apte à intervenir directement sur un scénario (après le scénariste bien sûr) et pour cause, il pourrait être comparé à un chef d'orchestre. Sans exagérer, on peut dire que, la plupart du temps, c'est grâce à lui que l'on peut parler de continuité dans les comics. Alors que le scénariste va se pencher sur sa série, le responsable éditorial, à l'inverse, va avoir les yeux partout. Il doit être au courant de tout ce qui se passe dans les autres séries et, à ce titre, recadrer le scénariste lorsque quelque chose ne colle pas. C'est lui qui expliquera au scénariste quels sont les personnages disponibles, où ils en sont dans leur vie et si de gros changements les concernant sont à prévoir. Par exemple, si le scénariste est en charge de Daredevil et qu'il veut utiliser Hulk , cela sera au responsable éditorial de voir si c'est possible ou non. Il lui dira « oui, pas de problème » ou, au contraire «  non, non, pas possible, il va être envoyer sur une autre planète dans le prochain numéro. Tu dois en choisir un autre ». Dans le même ordre d'idée, c'est lui qui donnera des idées au scénariste pour renforcer le principe de l'univers partagé. Par exemple, si le scénariste veut que Daredevil rencontre cette fois Tony Stark , le responsable éditorial peut très bien lui dire « bonne idée mais attention, Stark vient tout juste de retomber dans l'alcool. N'hésite pas à le faire ressentir dans les dialogues et, pourquoi pas, à demander à ton dessinateur de dessiner une bouteille de Whisky vide quelque part ».

 

Il n'y a pas vraiment besoin d'expliquer ce point. L'éditeur étant celui qui paie le salaire du scénariste, c'est à lui que revient les plus grosses décisions scénaristiques notamment concernant la mort des personnages. Ainsi, selon la rumeur, Joshua Hale Fialkov aurait quitté le titre Green Lantern en 2013 parce que DC lui aurait imposé de tuer le Green Lantern Jon Stewart lors de son run. Contre cette décision, l'auteur aurait alors quitté l'aventure Green Lantern .

Si on ignore le degré de liberté des scénaristes par rapport aux éditeurs, il y a fort à parier que les scénaristes soient au moins soumis au soucis de la continuité et à la politique interne de l'éditeur.

   

Les logos des "Big Two", DC Comics et Marvel.

 

La volonté seule du scénariste ne suffit pas pour continuer à écrire une histoire. Il faut que les chiffres suivent autrement dit, que les numéros déjà publiés se soient bien vendus. Si ce n'est pas le cas, l'éditeur peut très bien demander au scénariste (et ce de manière plus qu'explicite) à ce que l'histoire s'achève rapidement. Ainsi, une histoire prévue pour 10 numéros peut très passer à 8 numéros si les ventes sont trop faiblardes. Dès lors, le scénariste devra modifier l'histoire, enlever des éléments, quelquefois bâcler son travail, pour terminer tant bien que mal son histoire.

A noter que l'inverse arrive aussi. Nombreuses sont les mini-séries qui se sont transformées en séries régulières suite aux très bonnes ventes des premiers numéros. Les scénaristes, qui avaient peut-être une fin déjà toute prête, doivent alors tenir compte du fait que cela va continuer et, au besoin, effectuer quelques changements dans l'histoire qu'ils avaient en tête initialement. Pour conclure cette partie, on peut aussi faire mention de plusieurs arcs qui ont été rallongées parce que le principe de base faisait vendre quitte à ce que cela devienne du grand n'importe quoi : La saga du clone pour Spider-Man ou Knightfall pour Batman .

Pour manipuler ses chiffres et les faire gonfler, les scénaristes ont plusieurs armes, la plus connue étant de faciliter au maximum l'identification du lecteur. Pour cela, on peut, par exemple, varier les nationalités des personnages pour dépasser les frontières de l'Amérique. Le cas le plus parlant est sans doute Len Wein avec le retour de la série X-Men en 1975. Ici, chaque membre des X-Men possédait une nationalité différente (irlandais, russe, allemand, japonais, canadien...).

X-Men #1 (1991) de Chris Claremont et Jim Lee, détient toujourd le record du plus grand nombre de copies, avec un peu plus de 8 millions.

 

Si le public est le premier responsable des chiffres de vente et donc, indirectement lié au scénario, il peut également l'être de manière bien plus directe et ce par plusieurs moyens.

Tout d'abord, il peut intervenir à la demande des éditeurs. On peut penser à DC qui, en 1988, à tout simplement demander aux lecteurs s'ils voulaient que Jason Todd (autrement dit le deuxième Robin ) soit tué. Ainsi, le scénariste était totalement soumis à un simple vote et ne pouvait en aucun cas faire ses propres choix. Cette fois, il se contentait du rôle d'exécutant.

Ensuite, il peut intervenir en répondant aux différents concours de popularité. Un personnage qui n'est pas apprécié sera délaissé (c'était le cas de Jason Todd d'ailleurs) tandis qu'à l'inverse, un personnage qui gagne en popularité aura plus tendance à être mis en avant voire à effectuer un retour (ce qui explique 9 fois sur 10 pourquoi un personnage mort ne le reste pas).

Lié au point tout juste développé, on peut également penser aux courriers des lecteurs. Pour rappel, Chris Claremont a créé Kitty Pryde en 1980 pour que les X-Men plaisent à un plus jeune public. Là encore, ce personnage a été « validé » par ce public puisque les plus jeunes commencèrent à envoyer des courriers à Marvel pour savoir comment il était possible de devenir le petit ami de Kitty . Attention, il n'est pas dit que Claremont l'aurait fait disparaître s'il n'avait pas eu ses courriers par contre, il est évident que tous ces écrits ont plus que confirmé l'utilité du personnage.

Enfin, le lecteur peut également prendre le pouvoir de force. Combien de fois Marvel, par le passé, a dû intervenir directement sur les scénarios des auteurs suite à l'avalanche de courriers de désaccords reçu ? Lorsqu'il n'y a que quelques lecteurs qui se plaignent, ce n'est pas bien grave. Lorsque la grande majorité des lecteurs envoie des lettres avec insultes voire menaces de mort, c'est une toute autre histoire. On peut penser aux fans de l'univers de Spider-Man qui firent exploser leur colère en découvrant la mort de Gwen Stacy . A cette époque, Stan Lee s'était fait allumer par des étudiants sur un campus et au moins encore une fois lors d'une conférence à Penn State. Lors de la première rencontre, totalement pris au dépourvu, il avait alors assuré qu'il n'était pas au courant et que c'était le scénariste, Gerry Conway, qui l'avait fait dans son dos tandis que, lors de la deuxième, Lee s'était presque vu obligé de promettre que Gwen Stacy allait revenir. Gerry Conway, de son côté, s'était senti comme « jeté au crocodiles » et ne manqua pas de préciser qu'il était devenu impossible pour lui d'aller dans une convention. Bref, à cette époque, deux-trois disparitions de personnages (presque à la suite) de l'écurie Marvel dont Gwen Stacy , firent réagir les foules, obligeant Stan Lee à demander à l'ensemble des scénaristes de changer leurs plans si de gros drames devaient survenir durant les prochaines semaines, et surtout de se calmer avec les morts des personnages.

En 2021, Marvel a demandé l'avis des lecteurs pour choisir la formation de sa prochaine équipe d'X-Men, parmi une liste de mutants prédéfinies. DC, de son côté, a organisé un tournoi pour choisir le meilleur pitch, sur seize possibles, qui deviendra une future série de l'éditeur.

   

La mort de Jason Todd décidée par les lecteurs  /  Le vote pour l'équipe des X-Men

 

 

Dans le monde des comics comme dans n'importe quel milieu, il est toujours important de savoir ce que font les rivaux. C'est de cette manière que les scénaristes de Marvel et DC n'ont eu de cesse de s'influencer les uns les autres. Par contre, dans d'autres cas, une bonne idée présente chez un rival ne laisse pas d'autre choix que de faire la même chose, dépassant le stade de la simple influence. On peut penser, par exemple, au fameux Flash #123 qui a ouvert les portes des univers parallèles. L'idée était tellement bonne et surtout tellement pratique scénaristiquement parlant, qu'il n'était pas vraiment possible pour Marvel de passer à côté. On peut noter d'autres situations comme celles-ci, plus cocasses. Ainsi, on peut rappeler que, selon la légende, l'ancien patron de DC, Jack Liebowitz, a eu une très mauvaise idée durant une partie de golf avec Martin Goodman, ancien patron de Marvel, en 1961. En effet, Liebowitz n'a pas pu s'empêcher de dévoiler à Goodman le succès incontestable que représentait la série qui rassemblait les plus grands super-héros de son écurie : The Justice League of America. Forcément, dès le lendemain, Martin Goodman charge Stan Lee de reprendre le même principe et de créer non pas un super-héros mais une équipe toute entière de super-héros. Quelques temps plus tard, les Quatre Fantastiques font leur apparition.

Couverture de Fantatic Four #1 (1961) par Jack Kirby et Dick Ayers

 

 

S'il y a bien une chose qui est intervenue sur nos comics de super-héros, c'est l'Histoire avec un grand H. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'à peu de choses près, c'est elle qui est à l'origine de la création du genre. Certes, Superman et Batman ont été créés respectivement en 1938 et en 1939 et n'avaient pas de rapport avec la guerre. Par contre, la création de Captain America en décembre 1940, elle, est bien liée à la guerre qui fait rage en Europe. De même, Superman a beau affronter des savants fous dans ses premières aventures, il ne tardera pas non plus à combattre les nazis à son tour. Un sujet d'actualité ? Une simple influence ? Un apport de réalisme ? Une volonté de vendre ? C'est un petit peu plus compliqué que cela. Si nous nous basons uniquement sur les points cités, cela sous-entend qu'il s'agit d'un choix de la part des scénaristes. Or, lorsque l'on connaît les différents auteurs, on se rend rapidement compte que leur volonté de mettre en avant un super-héros qui frappe du nazi dépasse la simple volonté. Pour Jack Kirby et Joe Simon (les créateurs de Captain America ) tout comme pour Jerry Siegel et Joe Shuster (les créateurs de Superman ), mettre en BD le combat contre Hitler n'était pas un choix. Il s'agissait avant tout d'un devoir. Il ne pouvait tout simplement pas en être autrement. Pour rappel, ces quatre hommes, tout comme beaucoup d'auteurs de BD à l'époque, étaient juifs. Autant dire qu'il était tout simplement inimaginable pour eux de ne pas soutenir la communauté juive qui était en train de se faire exterminer de l'autre côté de l'océan Atlantique Nord. Ces hommes, comme beaucoup d'autres, ont alors pris les armes, leurs armes, à savoir la bande dessinée. Montrer son soutien à l'Europe tout en expliquant aux plus jeunes américains que la situation est grave faisait plus office d'obligation, d'un impératif, que d'un simple choix scénaristique.

Couverture de Captain America #1 (1941) par Jack Kirby, le Captain affronte Adolf Hitler.

 

 

Concernant les médias, le cas que l'on retiendra est surtout celui du Comics Code Authority. Pour rappel, en 1954, le psychiatre Fredric Wertham publie Seduction of the Innocent, un livre qui accuse les comics d'être à l'origine de la délinquance chez les plus jeunes. Une attaque reprise par tous les médias qui parviennent à ébranler la confiance que le grand public éprouvait envers les comics. La situation est grave, les éditeurs doivent réagir rapidement. C'est ainsi qu'est créé le Comics Code Authority. Le but est d'imposer des règles aux comics (et donc, aux scénaristes) afin qu'ils puissent continuer à être lus par tous. Suite à cela, l'intégralité des auteurs se sont retrouvés avec les mains liées. Certains ont dû changer leur style d'écriture (ceux qui avaient tendance à ridiculiser les forces de l'ordre, à mettre en avant un surplus de violence ou encore à multiplier les connotations sexuelles dans les œuvres) tandis que d'autres se sont carrément retrouvés au chômage, notamment ceux qui étaient spécialisés dans le comics d'horreur.

 

Pour ce qui est de la société, il y a également énormément de choses à dire. C'est à tel point que cette partie mériterait un dossier à elle-seule. De manière générale, on peut commencer par dire que l'influence a fonctionné dans les deux sens. Les comics ont influencé la société tout comme la société a influencé les comics. Concernant ce dernier point, le débat qui revient sans doute le plus souvent sur la table, et qui fait encore rage de nos jours d'ailleurs, concernerait la mixité et la parité. Dans les premières années, c'était presque un défi perdu d'avance pour les scénaristes de s'éloigner de l'archétype du super-héros américain masculin blanc et hétérosexuel. De nos jours, ce type de personnage frôle le cliché à absolument éviter. C'est de cette manière que, depuis quelques années, le nombre de personnages homosexuels, musulmans ou hispaniques a explosé. Véritable création ou changement de profil d'un Ancien personnage du jour au lendemain, réel choix scénaristique ou simple volonté de suivre un mouvement très surveillé et facilement critiquable, les scénaristes se doivent, de plus en plus, de prôner un certain équilibre.

 

Il y a beaucoup d’autres éléments qui interfèrent sur le scénario des comics en dehors de l’industrie du comics elle-même. Le plus connu de ces éléments est sans doute le cinéma tant les exemples sont monnaie courante. On peut penser au film Supergirl de 1984 qui a été une telle déception que DC ne voulait plus en entendre parler, n'hésitant pas à imposer aux scénaristes de tuer le personnage dans les comics un an plus tard. Dans le même ordre d'idée, on peut également penser à Marvel qui, las de voir ce que la Fox faisait de l'univers des X-Men au cinéma, a presque entièrement fait disparaître les mutants de leurs comics.

Bien sûr, l'inverse marche également. En France, la sortie d'un film sur un personnage ou un univers précis est synonyme de sortie de comics. Nous l'avons vu encore dernièrement avec le film Suicide Squad qui a poussé Urban Comics à sortir pas mal d'anciennes histoires sur l'équipe de DC. Aux États-Unis, c'est la même chose sauf qu'on ne ressort pas de l'ancien comics mais du nouveau (forcément). On peut penser à Marvel qui a mis les bouchées doubles au moment de la sortie d'Avengers. Pour terminer ce point, on peut également penser à la scène post-générique du film Les Gardiens de la Galaxie, mettant en avant le personnage d'Howard le canard. Le succès de cette scène de trente secondes a été tel, que Marvel s'est souvenu de l'existence du personnage et a remis en chantier une série Howard.

   

Les films Supergirl (1984) et X-Men (2000)

 

Un éditeur digne de ce nom et possédant des univers aux possibilités illimitées ne peut qu'avoir des produits dérivés. Des produits dérivés qui peuvent être à l'origine de gros changements au niveau du scénario de ton comics. Le plus influent est sans doute l'industrie du jouet. Vous vous en doutez, cette partie du dossier est intimement liée à une partie rédigée un peu plus haut et qui traitait des chiffres.

Lorsque l'on y réfléchit, modifier le scénario d'un comics de super-héros frôle l'évidence si on veut gonfler à la fois le chiffre d'affaire de l'éditeur et celui du fabricant de jouet. Le fabricant a beau avoir tout un univers à portée de main, ce n'est pas pour cela que tout est parfait. On peut penser, par exemple, à la fameuse voiture de Spider-Man . Les scénaristes de comics (notamment Gerry Conway, en charge du titre Amazing Spider-Man à cette époque) avaient beau crier haut et fort qu'ils n'en voulaient pas et que c'était ridicule, le fabricant de jouets Azrak-Hamrey en voulait absolument une pour le tisseur. Or, comment mettre en avant une voiture qui n'est pas dans l'univers de base de Spidey  et parvenir à la vendre ? C'est simple, en agaçant les scénaristes. C'est de cette manière qu'un Gerry Conway blasé dessina la spidermobile dans Amazing Spider-Man #126. Dès lors, l'homme-araignée n'était plus sur un toit mais sur la route, au volant d'un véhicule dont le scénariste ne voulait pour rien au monde.

 

 

Voilà, nous avons fait le tour des principaux acteurs qui pourraient intervenir de près ou de loin sur le scénario de ton comics. Bien sûr, il y en aurait encore quelques autres mais plus anecdotiques. On peut penser aux droits d'auteurs et notamment à Stan Lee qui, en 1980, a mis sur pied à la va vite une série Savage She-Hulk afin de créer une version féminine de Hulk . Le seul intérêt de cette création, à l'époque, était de créer le personnage avant qu'Universal n'ait l'idée d'en faire une série TV. Cela aurait été dérangeant dans le sens où c'est alors Universal qui aurait eu les droits du personnage. La série, tout juste créée par Stan Lee, était alors récupérée par David Anthony Kraft sous la contrainte. Cependant, il s'agit cette fois encore de cas plus particuliers.

Couverture de Savage She-Hulk #1 (1980), par John Buscema et Irv Watanabe

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  • Boben
    Boben

    il y a 7 ans

    Article très intéressant, merci!