[Review VF] Alex + Ada 1

[Review VF] Alex + Ada 1

En nouveauté en cette fin d’année, Delcourt nous propose une série marquant une séparation : celle des frères Luna. Eh oui, des frangins à l’origine des séries Girls, Ultra ou The Sword, il ne reste ici que le dessinateur, Jonathan. Toute la question est de savoir comment il se débrouille sans son frère. Sa série se nomme Alex + Ada, et est un récit d’anticipation.

Jonathan Luna n’est pas totalement seul sur cette série puisqu’il est accompagné au scénario par Sarah Vaughn. On se situe dans un futur relativement proche, et on suit Alex dans son quotidien. Les différences avec aujourd’hui sont relativement discrètes, hormis la possibilité de contrôler certains gestes par la pensée, comme tirer la chasse des toilettes ou changer la chaîne de télé. Des robots sont aussi plus présents, et le récit se situe un an après qu’une IA soit devenue consciente, provoquant la mort de plusieurs personnes. La loi encadre désormais tout ça, et les entreprises mettent des restrictions pour éviter que les IA ne redeviennent conscientes. Le début de l’histoire se fait très simplement, à un rythme assez lent, mettant progressivement les éléments en place. Pas de bulle de narration, on suit juste Alex et ses proches, et leurs discussions. Cela donne un côté cinématographique très agréable. On pense notamment à Black Mirror, mais en plus optimiste.

Le récit démarre réellement lorsqu’Ada entre dans la vie d’Alex. La riche grand-mère de ce dernier, voyant la solitude de son petit-fils, décide de lui offrir un androïde. C’est bien entendu une femme, et même si ce n’est pas clairement dit, la raison est évidente. Il s’agit d’Ada, et comme elle est bridée pour ne pas développer une conscience, sa façon d’être et de discuter est très mécanique. Alex a beaucoup de mal à interagir avec elle, et hésite à la renvoyer. La grosse qualité du récit est d’être très crédible. Les auteurs ne décident pas de juger, ou de catégoriser les personnages, non, ils vont se poser des questions pour nous rendre l’histoire la plus réaliste possible. Et par là, ils vont bien sûr embrasser des thèmes importants sur la vie et la conscience de soi, mais ils vont le faire assez subtilement. On voit qu’ils ont bien réfléchi au sujet afin de ne pas bêtement ressortir les clichés du genre. Et ça fait plaisir de voir ce genre de travail dans une industrie du comics qui, aujourd’hui, ne se prend pas toujours la tête à nous pondre quelque chose de cohérent.

Alex va finalement décider de trouver un moyen de rendre Ada plus humaine. On va alors découvrir le côté plus underground des robots. Malgré une regrettable facilité scénaristique (il va accéder sans trop de problème à un forum illégal), il va choisir de rendre Ada consciente. Le titre de la série prend donc petit à petit son sens, puisqu’on se base sur la relation entre les deux personnages qui va se développer. C’est très bien fait, le scénario fourmille de petites idées bienvenues qui offrent une ambiance, et encore une fois, une crédibilité au récit. Ce n’est pas un conte philosophique, ou une dissertation, ça reste une histoire simple, mais qui pose des questions intéressantes sur ce que c’est qu’être. Là où Alex + Ada reste assez différent des autres comics, c’est, en tout cas pour le moment, le refus de l’action ou des évènements incroyables. Nous suivons juste un monsieur tout-le-monde qui se lance dans une histoire qu’il n’a peut-être pas été le seul à vivre.

Cette échelle humaine est merveilleusement accompagnée par les dessins de Jonathan Luna. C’est la première fois que l’artiste dessine directement en numérique, et c’est plutôt bien fait. Son style simple et épuré offre une douceur dans le récit très rafraîchissante. Cette série m’a beaucoup rappelé le film Her réalisé par Spike Jonze, tant dans l’ambiance que dans l’histoire et les thèmes abordés. Alors bien entendu, ce rythme assez posé et lent ne plaira pas à tout le monde, mais ça fait tout de même du bien de voir ce genre de récit dans le monde des comics. C’est aussi le genre de série qui devra absolument savoir s’arrêter, car l’histoire a le risque de s’essouffler si ça tire trop sur la longueur. Ça tombe bien, c’est prévu en seulement trois tomes. Pour le moment, l’ambiance de ce premier tome est très agréable, et on a hâte de voir l’évolution de la relation entre Alex et Ada.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

La simplicité du récit
Crédible
Un rythme posé…

LES POINTS FAIBLES

… et un peu lent

 

4

Rafraichissant !

Conclusion

Un premier tome enthousiasmant qui change un peu de la majorité de la production de comics.

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