[Review VF] Judge Dredd : Origines

[Review VF] Judge Dredd : Origines

Judge Dredd est de retour en France ! Vous connaissez le personnage au moins pour les films qui ont été tirés de ses aventures, et si vous avez envie de savoir sa véritable histoire, celle des comics, c’est le moment idéal pour se jeter dans le bain. En effet, l’éditeur Délirium a pris en main les publications Judge Dredd en France, et nous promet de très belles choses. Ici, nous nous intéressons à l’album Judge Dredd  : Origines sorti la semaine dernière. Cependant, Délirium prévoit déjà de sortir Les Liens du Sang en septembre 2016, mais aussi et surtout Affaire Classées 01 pour novembre 2016. Il s’agit des Case Files qui reprennent les toutes premières histoires du héros, réédités l’année dernière outre-manche dans une magnifique édition pour les 10 ans de cette intégrale. Soleil avait déjà commencé à proposer cette collection, mais n’était pas allé jusqu’au bout. Délirium repartira du début, proposera une nouvelle traduction, et devrait se baser sur la nouvelle édition. En gros, du bonheur pour les amateurs du juge, et de comics tout simplement ! Mais trêve de bavardage, que vaut ce Judge Dredd  : Origines ?

L’univers de Judge Dredd est riche, et sa publication est tellement disparate en France qu’il faut faire un peu le point pour bien situer l’album. Il s’agit de la série phare du magazine anglais 2000 AD. La première apparition de Judge Dredd date de 1977, et il a été créé par John Wagner et Carlos Ezquerra. Si ces noms vous disent quelque chose, c’est peut-être parce qu’on retrouve la même équipe sur l’album de Délirium. Il s’agit pourtant d’une histoire bien plus récente puisqu’elle a été éditée en Angleterre en 2006/2007. Les auteurs originels revenaient afin de faire le point sur l’histoire de cet univers, et en cela, c’est un excellent point de départ pour découvrir le monde de la Justice immédiate. L’album débute sur un prologue avec Kev Walker au dessin. Son style, et la couleur utilisée, peuvent rappeler Mike Mignola. Ensuite, lorsque l’histoire démarre véritablement, c’est Ezquerra qui se retrouve aux dessins. C’est un style à l’ancienne, avec des couleurs qu’on sent parfois faites à l’ordinateur, mais c’est efficace, ça fait le job, et on s’y habitue très vite.

Le récit est écrit par Wagner tout du long, et nous raconte une demande de rançon. Des mutants s’introduisent dans Mega City One pour délivrer un message. Ils prétendent détenir le Juge Fargo, le fondateur de la Justice immédiate et des Juges, que tout le monde considère comme mort. Ils proposent de l’échanger, et de garder le Silence sur le mensonge de son décès, contre une énorme somme d’argent que des Juges, en groupe réduit, vont aller livrer dans la Terre Maudite. Bien sûr, le Juge Dredd est de la partie. Bien que cette histoire contienne son lot de rebondissements, et propose des choses très intéressantes, elle n’est qu’un prétexte. Son début n’est pas très clair pour la personne qui n’a jamais lu un Judge Dredd de sa vie, mais lorsqu’on arrive au cœur du récit, les choses sérieuses commencent. Dredd va se confier à son équipe, et va raconter toute l’histoire depuis le moment où cet univers s’est détaché du nôtre. On va alors tout comprendre, du début de l’album à ce que sont les Juges et la Justice immédiate. Telles des chroniques d’un temps révolu, on va apprendre beaucoup de choses, et ça va être tout simplement passionnant. On va aussi voir les origines mêmes de Dredd.

Je ne vais pas rentrer dans les détails de cette histoire, mais sachez qu’on se situe dans un avenir proche. Par exemple, les Juges ont été créés en 2051. Malgré de nombreuses idées qui datent de la création du personnage, il est troublant de voir les liens avec l’actualité. La lenteur de l’administration et de la Justice pousse les Etats-Unis à donner les pouvoirs de juge aux flics de rue, comme un miroir de ce qu’on peut voir en France, notamment à cause de l’état d’urgence. Et surtout, Judge Dredd nous conte la fin et l’échec de la démocratie, à partir de la prise de pouvoir d’un président américain trop extrême, mais soutenu par la population. Si on pouvait y voir une critique de Bush à l’époque, on trouve un étrange écho aujourd’hui avec Donald Trump. Bref, c’est donc un récit loin d’être innocent que nous propose Wagner qui n’hésite pas à aller dans le subversif. Bien sûr, notre monde ne deviendra jamais celui de Judge Dredd , mais il est très amusant de faire quelques parallèles bien trouvés.

On ne s’ennuie pas une seule seconde à lire cet album. Les phases de récits sont entrecoupées de grosses scènes d’action. Il ne faut pas oublier que ça reste un comics ! D’ailleurs, la force de Judge Dredd a toujours été dans son extraordinaire ambiance sombre et violente : on nous montre un monde dévasté par les armes nucléaires, des mutants difformes, des gens vivants dans la peur… Et pour ceux qui se posent la question, l’histoire se suffit en elle-même. Tout ce qui est raconté n’est pas anodin, et à la fin, la boucle est bouclée. Il y a tout de même quelques points qui sous-entendent des évènements passés, comme le frère jumeaux de Dredd, mais ce sont d’autres histoires que l’on pourra découvrir bientôt. Ça ne gêne en rien la lecture, bien au contraire, ça rajoute de la profondeur à l’univers et à sa mythologie. En résumé, on a une excellente histoire de Judge Dredd , un superbe point d’entrée, mais aussi un récit complet. A la fin, quelques bonus sont présents, notamment des couvertures et un carnet de croquis. Enfin, l’album est juste magnifique, que ce soit au niveau du cartonné que des pages intérieures. Du beau boulot de Délirium, et on a hâte de découvrir le reste de l’univers de Judge Dredd dans leur collection !

Dredd : Origines">

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Bon point d’entrée
Récit complet
Pas naïf
L’ambiance

LES POINTS FAIBLES

Couleurs inégales

 

4.5

La Loi !

Conclusion

Si vous voulez tenter l’expérience Judge Dredd en comics, c’est l’occasion parfaite pour le faire. Et ça vaut le coup !

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Une belle édition

  • Anti-Vie
    Anti-Vie

    il y a 8 ans

    Pas encore terminé, mais pour l'instant c'est parfait. Effectivement, c'est un très bon run pour débuter Judge Dredd. Dommage que Kev Walker (effectivement très proche de Mignola) ne signe pas tout l'album, mais ça reste quand même très bon. A lire !

  • Harvey.Kent
    Harvey.Kent

    il y a 8 ans

    Justement ça fait un bail que j'ai envie de me lancer dans du Dredd !