[Review VF] Jupiter's Legacy 1

[Review VF] Jupiter's Legacy 1

Mark Millar est un auteur de comics assez singulier. Chez Marvel ou DC, il a su créer des histoires chocs dont on se souvient encore aujourd’hui (par exemple, Civil War, c’est lui!), mais il a aussi réussi à se créer un nom dans le monde de l’indépendant, notamment grâce aux adaptations de ses récits en films. Tout ça lui a permis de mettre en place une ligne de comics appelée Millarworld. Elle est composée de différentes séries publiées chez différents éditeurs comme Kick-Ass chez Marvel ou Wanted chez Top Cow. La série qui nous intéresse ici est Jupiter’s Legacy, faisant partie de cette ligne, et publiée chez Image aux Etats-Unis. En France, c’est Panini qui nous propose le premier tome.

Le récit commence en 1932 quand un groupe d’aventurier part à la recherche d’une île, qu’un des membres a vue en rêve. Ils vont y trouver une source de superpouvoirs. On se situe dans l’Amérique post-krach de 29, et un nouvel âge démarre : celui des super-héros. Nous faisons ensuite un bond dans le temps, et on arrive à notre période. Malgré la présence des super-héros, ce monde ressemble beaucoup au nôtre. Le capitalisme s’essouffle, le monde est en crise, et les inégalités se creusent. Les super-héros sont plus âgés, et sont efficaces dans leurs actions, mais elles restent superficielles : sauver les gens en danger et arrêter les super-vilains. Utopian, celui qui est à leur tête, a une vision historique du super-héros : il faut une identité secrète, et ne pas interférer avec la politique par exemple. Il y a aussi une nouvelle génération, des enfants de super-héros, nés avec leurs pouvoirs. Ils ne sentent pas concernés par les combats de leurs parents, et ne pensent qu’à faire la fête, avec le culte l’apparence.

Millar propose dans cette histoire ce qu’il sait faire de mieux. Il utilise les codes du comics afin de construire une parabole de notre monde. Il suffit de lire le premier chapitre pour s’en rendre compte. La génération précédente s’est battue pour construire le monde que l’on connaît, pour que leurs enfants n’aient pas à connaître la misère. Et c’est plutôt réussi puisque la génération actuelle est née dans le confort, et du coup, a perdu beaucoup de repères. Leur vie n’est plus guidée par un idéal à atteindre, mais par la volonté d’être célèbre. Le paraître a devancé l’être. Donc Jupiter’s Legacy, un comics de vieux con ? Ce n’est pas si simple. Un des super-héros originels décide de prendre les choses en main pour résoudre les problèmes notamment économiques du monde. Il va bien se planter, et ça va être aux jeunes de réparer ses erreurs. Millar est en grande forme sur cet album, et nous propose une réflexion sur notre monde, et sur la condition humaine. C’est plutôt pertinent, et assez intelligent.

N’allez cependant pas croire que l’on a un récit ennuyeux, pompeux ou pédant. Même si Millar nous offre une vision peut-être plus réaliste, en tout cas moins fantasmée du super-héros, il n’oublie pas de rendre hommage aux comics, et même plus largement à la culture populaire. Par exemple, le début de l’histoire s’inspire de l’Age d’Or des comics, mais aussi de King Kong. On a de nombreuses scènes d’action, parfois très violentes, et des mystères qui ne sont toujours pas dévoilés à la fin de l’album. Et n’oublions pas que le dessinateur attitré de la série n’est autre que le grand Frank Quitely. Il y a quelque chose d’apaisant et de très agréable dans son trait fin et subtile. Pourtant, certaines scènes dégagent une violence inouïe. C’est à un régal à lire, et à contempler. Surtout que la couleur de Peter Doherty offre une réelle valeur ajoutée. Ses tons pastel donnent une ambiance toute particulière, et participe de beaucoup au plaisir de lecture. L’album est graphiquement splendide.

Le fait que cet univers appartienne totalement à son créateur est un plus, puisqu’il lui permet de remettre en cause les super-héros. Aujourd’hui, les super-héros ne peuvent plus être aussi manichéens qu’ils ne l’étaient auparavant. Ici, soyons clair, les héros n’existent pas : tous les personnages ont des choses à se reprocher. Bref, c’est un récit riche que nous propose Millar, soutenu par un très bon dessin. Cependant, l’histoire n’est pas finie. Prévu en une dizaine de chapitres, nous n’avons ici que les cinq premiers… et la suite n’est toujours pas sortie aux Etats-Unis ! Pire, outre-Atlantique, un spin-off est en cours de publication. Appelé Jupiter’s Circle, il s’intéresse à l’équipe de super-héros dans les années 50 et 60. Le deuxième album de 6 chapitres sortira en juin. On imagine que Panini a prévu de les publier en attendant la suite de Jupiter’s Legacy qui arrivera sûrement un jour, mais on ne sait pas quand !

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

La profondeur du récit
Les références
Les dessins et couleurs

LES POINTS FAIBLES

La suite qui va mettre du temps à arriver

 

4.5

Transgénérationnel !

Conclusion

Loin de nous proposer un récit facile et gratuit, Millar se sert des super-héros pour nous proposer une parabole de notre monde, mais aussi et surtout nous divertir. Un excellent comics, dont on espère que la suite ne tardera pas trop à arriver !

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Un programme chargé

  • DrCox
    DrCox

    il y a 8 ans

    Travaillant dans une structure où il y a des dvd, de la papeterie mais aussi une librairie (vu que Virgin n'existe plus, je ne peux pas la citer sinon il me manquera une autre marque), quand je m'ennuie ferme, je prends un comics pour le lire. Là j'ai pris le comics, j'ai lu les 5 premières pages. J'ai refermé. Je finis le soir, je passe en caisse avec mon Jupiter Legacy. My god, quelle gifle. Il y avait longtemps qu'un comics ne m'avait pas scotché par son histoire, son graphisme, sa violence, son intelligence.
    10 sur 5