Non content de nous proposer quelques nouvelles séries, Glénat Comics nous ressort de vieilles vedettes du placard. Ceux qui lisent des comics depuis un certain temps ont probablement déjà croisé le personnage de Ghost, que ce soit dans sa propre série ou avec un autre personnage connu. Cependant, l’album que nous propose Glénat est totalement inédit et a relancé le personnage aux Etats-Unis. L’occasion de redécouvrir un genre de super-héroïne assez atypique.

Le personnage de Ghost nous vient de l’éditeur américain Dark Horse. Il apparaît pour la première fois en 1993, et a un certain succès que l’éditeur va bien-sûr exploiter. Il va d’ailleurs traverser l’Atlantique, et une série à son nom existera en kiosque chez Sémic en 1999-2000. Bref, si ce personnage et son look vous dit quelque chose, ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait normal. Après une belle pause sans apparition de Ghost dans un comics, une nouvelle série à son nom est publiée aux Etats-Unis en 2012 dans le but de relancer le personnage. Et c’est ce nouveau départ que nous propose Glénat avec Kelly Sue DeConnick au scénario et Phil Noto au dessin. Je vous raconte tout ça, mais l’album fait ça encore mieux, et resitue très bien la série, que ce soit dans l’introduction, ou à la fin du livre.

Le contenu maintenant : l’histoire commence alors qu’on suit deux chasseurs de fantômes, voulant en capturer un avec leur caméra. Et ils ne vont pas être déçus, puisque grâce à un étrange cube, ils vont invoquer Ghost. Il s’agit bien de la femme-fantôme que l’on connaît bien, enveloppée dans sa grande robe blanche. En revanche, elle est totalement amnésique. Le trio va alors enquêter pour essayer d’en savoir plus. Alors que le mystère plane autour de Ghost, DeConnick va introduire petit à petit d’autres personnages. L’histoire n’avance malheureusement pas très vite, et bien que les connexions se fassent et qu’on comprend facilement où elle  veut en venir, certaines maladresses ne pardonnent pas.

Il y a tout d’abord un problème de rythme dans cette histoire à 5 chapitres, et on a du mal à se passionner pour ce récit au final très classique. Les personnages sont superficiels, et bien que le travail soit un peu plus poussé sur un des chasseurs de fantômes, c’est bien insuffisant pour créer une quelconque empathie. Ce qui est dommage aussi, c’est le manque de précision de l’histoire. Le cube ouvre une autre dimension, mais on ne comprend pas bien ce qui se passe par exemple. Autre souci, la traduction en rajoute une couche en étant assez médiocre. Les tournures sont maladroites, et même parfois grammaticalement incorrectes.

Malheureusement, Phil Noto ne rattrape pas ces défauts. Ses dessins sont très irréguliers, parfois proches de l’amateur, parfois très chouettes. Les personnages se ressemblent beaucoup, ce qui rajoute à la confusion, les décors sont quasi-inexistants, et le storytelling est basique, quand il n’est pas mauvais. La dernière grosse scène de l’album, où tout se joue, est à la limite de l’incompréhensible. Je ne sais pas si c’est le dessin ou le scénario le principal responsable, mais les deux ont un rôle. Heureusement, l'histoire est tellement cousu de fil blanc qu’on comprend toujours grosso modo là où on va.

Bref, malgré tous ces défauts, le personnage de Ghost peut avoir un potentiel intéressant. D'ailleurs, ce qui peut sauver l’album, c’est le petit numéro 1 situé sur la tranche du livre. En effet, ça appelle à une suite, et à la publication par Glénat de la série suivante, qui, espérons-le, sera meilleure. Ce sera toujours DeConnick au scénario, mais elle est capable de mieux, la preuve avec Pretty Deadly publié aussi chez Glénat en France. Pour revenir à ce premier tome, l’album est en lui-même une belle édition, avec une couverture toute douce (si, si, vous pouvez vérifier) et de jolies pin-up en bonus.