Parmi les reproches à faire au monde du comics, il y a celui d’être un peu misogyne. Plus que la représentation douteuse des femmes dans certaines séries, les artistes féminines présentes dans l’industrie sont finalement peu nombreuses. Peut-être est-ce pour cela que trois femmes ont décidé de s’unir pour proposer la nouvelle série Image Pretty Deadly. Pourtant, même s’il est intéressant de noter que des femmes peuvent réussir dans ce métier, ça ne veut pas dire que ça aura une incidence sur la création. Peu importe le sexe, Pretty Deadly est une œuvre insolite, et très intéressante, dont le premier tome arrive chez Glénat ce mardi en librairie.
L’histoire de Pretty Deadly débute avec la mort d’un lapin. Celui-ci rencontre ensuite un papillon. Tous les deux vont discuter, et le lapin va raconter une histoire. Celles de Fox, un vieil aveugle, et de Sissy, une petite fille qui l’accompagne. Ensemble, eux-même racontent l’histoire d’une femme emprisonnée par son mari, qui demande à la Mort de la prendre. Mais cette dernière tombe amoureuse de la femme, et un enfant nait de cette union. On apprendra plus tard qu’il s’agit de Ginny qui aura une importance dans l’histoire. On découvrira ensuite d’autres personnages comme Big Alice qui veut empêcher la révélation d’un secret, et Johnny qui veut le contraire. Bref, nous avons affaire à plusieurs personnages assez hauts en couleur. Mais l’élément le plus marquant, c’est l’époque à laquelle se déroulent tous ces évènements : nous sommes en plein western.
Il y a quelques moins, j’avais eu l’occasion de lire le premier chapitre de Pretty Deadly, et je vous avais fait part de mon avis dans un article sur MDCU. Et bien que je fusse sensible au charme de l’univers, j’avais trouvé l’histoire assez confuse. Mais à la relecture, tout semble beaucoup plus clair. Le premier chapitre a la particularité d’introduire assez rapidement la dizaine de personnages que l’on suivra jusqu’à la fin de l’album. Du coup, on beaucoup de mal à discerner qui sont les gens que l’on voit, et surtout quelles sont les relations entre elles. Ce qui ne fait aucun doute, c’est que chaque membre de ce petit groupe se connaissent les uns et les autres, mais difficile de savoir les liens entre eux. Mais on y voit vite plus clair, car ce premier tome développe rapidement son histoire, et contient une vraie conclusion (d’ailleurs, aucune suite n’est encore sortie aux Etats-Unis).
Finalement, l’histoire proposée par Kelly Sue DeConnick mérite d’être lue d’un coup, et pas en chapitre. Et une deuxième lecture n’est pas du luxe. Les éléments révélés petit à petit permettre de redécouvrir plus clairement l’album. C’est un très beau conte, très travaillé sur ses thèmes, et ses métaphores. On sent que DeConnick y a beaucoup réfléchi, ça peut par exemple faire penser à ce que Neil Gaiman a fait sur Sandman (même si c’est incomparable). On se retrouve pris dans le jeu de personnages très puissants, voire divins. Et au-delà de cette histoire travaillée, c’est l’ambiance globale de la série qui est passionnante. Nous sommes dans un western avec tout ce que cela implique comme codes. Et bien sûr, le fantastique y montre vite le bout de son nez. De cet univers surnaturel et parfois onirique éclate une inventivité référencée accrocheuse.
Le dessin participe bien entendu énormément à cette ambiance. Le style d’Emma Rios peut rappeler celui de Paul Pope, mais tout en ayant sa propre identité. Sur la dizaine de personnages que l’on suit, pas un ne ressemble à un autre. Le style de chacun a son importance, et est très bien trouvé. Les personnages de Big Alice, de Ginny ou de Fox par exemple, ont une classe folle. Le trait fin de l’artiste est parfois imprécis, mais donne un côté esquisse très agréable à l’œil. Son style est idéal à l’histoire racontée. Aux couleurs, Jordie Bellaire fait des merveilles, faisant toujours des choix justes. Bref, l’album est artistiquement très cohérent, et si l’histoire pouvait sembler prétentieuse au premier abord, elle finit par retomber sur ses pieds, et boucle la boucle avec une très belle conclusion. L’album se termine d’ailleurs sur un magnifique cahier graphique, et une note très sympa de DeConnick.
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