[Review VF] Sidekick 01. Descente aux Enfers

[Review VF] Sidekick 01. Descente aux Enfers

J. Michael Straczynski est un grand amateur de comics, et prend un plaisir à en écrire dès qu’il le peut. En 1998, il fonde son propre label au sein d’Image Comics, plus précisément chez Top Cow. Il se donne une liberté d’écriture, et crée deux séries marquantes : Rising Stars et Midnight Nation, récemment rééditées par Delcourt. Puis, Stracz, comme on aime l’appeler, se retrouve à travailler chez Marvel et DC délaissant son label. Pourtant en 2013, il décide de le relancer, cette fois directement sous Image, et de créer de nouvelles séries. La première à être publiée est Ten Grand aussi édité en France par Delcourt. Sidekick est la deuxième proposée par le même éditeur chez nous.

Cette fois-ci, ce sera un pur comics de super-héros. Et comme on ne perturbe pas ce genre très exploité aux Etats-Unis, on retrouve les principaux codes et clichés, mais aussi des inspirations de héros connus. Red Cowl est le super-héros de Sol City. Il est accompagné par un sidekick du nom de Flyboy. Ensemble, ils veillent sur la ville, et sont adulés par ses habitants. Cependant, Stracz va très vite rajouter des éléments très contemporains. En effet, s’il nous montre en flashback une scène classique de super-héros au début, dans la pure tradition de l’Age d’or, avec une naïveté excessive, c’est pour mieux contraster avec le présent où l’on voit un Flyboy assez misérable. Puis il nous explique les raisons : lors d’une parade, Red Cowl, son mentor, se fait assassiner. Sans lui, Flyboy est perdu, et devient la risée des autres héros et de la ville. On le voit user de son pouvoir maladroitement, et illégalement, pour faire croire au monde qu’il est un super-héros. Il est juste minable. Dès la fin du premier chapitre, des pistes sont lancées, avec notamment l’apparition d’une femme mystérieuse, et surtout le fait que Red Cowl ne soit finalement pas mort.

Cette série n’est pas tout public, on le découvre dès les premières pages. Stracz a décidé d’être dur avec son personnage principal. Et la violence de certaines scènes renforce ce sentiment qu’on n’est pas dans un comics bon enfant. Les têtes explosent, et Flyboy n’hésite pas à menacer de dénoncer une prostituée pour profiter d’une petite fellation dans un coin de ruelle. Tout l’album est centré sur Flyboy, et une grosse partie sur sa chute en enfer. Le personnage aime tellement jouer les super-héros qu’il fait tout pour en redevenir un. Un détail marrant que j’ai aimé pour sa contemporanéité, c’est qu’il lance un financement participatif pour pouvoir avoir les moyens de s’équiper. Il va essayer plusieurs fois au cours de l’album de revenir sur le devant de la scène, mais comme tout ce qu’il entreprend, il échoue et se ridiculise. La déchéance du héros est en cours, et ira assez loin, suffisamment pour qu’il pense au suicide.

Cette désacralisation du super-héros a déjà été exploitée dans d’autres comics. Par exemple, Alan Moore a quasiment lancé la chose avec Marvelman (Miracleman aujourd’hui). On part du principe que ces demi-dieux ne sont finalement que des humains. Mais Stracz étant un fan de comics, on a du mal à lui reprocher de rendre hommage, et de faire sa propre histoire. Surtout que ce n’est pas mal fait, et baser son point du vue sur un sidekick qui a perdu son mentor est plutôt bien trouvé. En revanche, les dessins de Tom Mandrake ne sont malheureusement pas des plus raffinés. C’est du pur comics de super-héros des années 90, c’est un peu basique, et parfois vulgaire, mais on s’y fait. L’histoire suit bien ce style aussi. Le comics reste tout de même bien écrit, on en apprend de plus en plus sur les personnages, et on s’attache à Flyboy. Ou plutôt, on a envie de savoir ce qui va lui arriver, parce qu’on est quand même assez affligé par les choix qu’il fait.

Le chapitre 5, sur un livre qui en compte 6, va chambouler toute l’histoire. Flyboy rencontre la femme mystérieuse du début, et nous allons avoir une grosse révélation, ainsi qu’une nouvelle intrigue très intéressante. Ça va totalement changer la série. Le caractère de Flyboy et son état d’esprit change du tout au tout, et l’intérêt est relancé, si bien que lorsqu’on arrive à la fin de l’album, on a vraiment envie de lire la suite. C’est l’avantage de faire sa propre série, non liée à un univers connu, tout peut arriver. D’ailleurs l’histoire complète est prévue en 2 tomes, donc Stracz a surement un plan bien précis pour toute la série. Enfin, sachez que ce tome 1 se finit sur une galerie de couvertures alternatives. Encore une fois, le boulot de Delcourt est irréprochable malgré quelques coquilles dans le texte de certains dialogues.

En Résumé

 

LES POINT FORTS

- Le personnage de Flyboy sans concession
- Les idées scénaristiques de sa déchéance
- Le rebondissement à la fin

LES POINT FAIBLES

- Un peu déjà vu
- Les dessins parfois limite

 

3.5

Pas mal

Conclusion

Au fil des pages de ce premier tome de Sidekick, on suit la longue déchéance de Flyboy, avec des idées scénaristiques bien trouvées. Et puis, à la fin, le héros part dans une nouvelle direction très intéressante. L’écriture est correcte, le dessin passable, et on est curieux de voir comment tout cela va finir.

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  • Pixy
    Pixy

    il y a 9 ans

    Merci pour la review !

    Je viens de le terminer justement, j'ai beaucoup apprecié. J'ai senti en effet une petite ressemble avec Miracleman au niveau "héros perdu qu'on ne veut plus et qui sombre", mais c'est plutôt bien écrit, ça se lit très bien et rapidement, et ce n'est qu'en deux tomes, une petite série qui change du Marvel/DC pour se changer les idées.