Rachel Rising de Terry Moore fait partie des bonnes surprises de 2012 et arrive enfin en France. C'est bien entendu Delcourt qui a fait l'acquisition de cette série publiée au pays de l'Oncle Sam par son auteur en personne, à travers Abstract Studios. Il faut dire que cette œuvre a parfaitement sa place dans sa collection.
 
Reconnu dans la profession pour Strangers In Paradise et Echo, Terry Moore ne fait pas partie de ces auteurs très prolifiques, mais ce qui lui manque en quantité de publications, il le compense très largement par leur qualité. Ainsi, la première des deux œuvres précédemment citées est un modèle de narration, un véritable soap opera au format comics publié de 1993 à 2007. Echo a en commun avec cette série un fort ancrage dans le réel.
   
Rachel Rising est dans un genre très différent puisqu’il s’agit d’un récit d’horreur, mais on retrouve encore une fois le réalisme caractéristique de l’auteur. Rachel est une jeune femme laissée pour morte revenue à la vie, et la série va forcément s’intéresser en premier lieu à cette condition très particulière. Contrairement à une grande majorité d'artistes représentant les mort-vivants comme des humains en décomposition, plus tous les effets visuels qui vont avec, Terry Moore donne à son personnage un regard étrange – une pupille claire sur un globe oculaire probablement rouge sang -  et la trace de la strangulation ayant amené sa mort. Cette dernière n’a ainsi pas vraiment conscience de son état et l’enjeu de cette mise en route sera justement de suivre son cheminement vers l’acceptation de ce dernier.
 
L’auteur n’oublie pas de développer des personnages secondaires, mais le casting est pour ainsi dire très resserré avec deux proches, et deux assimilés antagonistes. On se sent rapidement proche de Rachel et il est intéressant de la voir évoluer dans cette Amérique profonde, qui évoque aisément l’occulte. L’auteur a opté pour un dessin intégralement en noir et blanc du plus bel effet, donnant à cet environnement une ambiance plutôt inquiétante très en phase avec le genre.

Avec ces six numéros, Terry Moore nous montre toute l’étendue de son talent, et on se rend compte que ce dernier a totalement intégré les règles du genre et en joue dès cette introduction. Malheureusement, le rythme est plutôt lent et on a parfois l’impression qu’il étire volontairement en longueur son propos. Rachel Rising aurait très bien pu être une nouvelle en quatre numéros, mais le fait que cette série soit régulière – elle est actuellement toujours en cours de publication aux Etats-Unis où elle a atteint son 19e numéro – fait que son propos se retrouve parfois dilué.
Moore reste quoi qu’il en soit un artiste touche-à-tout atypique qui s’en sort avec les honneurs avec un comic book dans un genre qu’il n’avait pas encore vraiment abordé. Ses dessins sont très efficaces et il excelle dans la représentation des visages. On aimerait cependant plus de plans éloignés, qui nous permettraient de mieux ressentir l’atmosphère des lieux.
   
Malgré une évolution un peu lente, Terry Moore nous propose une vision intéressante du genre horrifique en l’ancrant lourdement dans le réel. Ses lignes épurées sont un régal et l’ambiance générale de ce comic book est un plus indéniable qui mériterait cependant d’être accentué. Des personnages bien développés, caractéristiques de l’auteur, sont bien entendu de la partie, et on apprécie fortement les pistes qu’il lance pour la suite des événements.
 
[conclusion=3,5][/conclusion][onaime]- Le réalisme
- Une bonne vieille histoire d'horreur
- Un style visuel très personnel[/onaime][onaimepas]- Quelques longueurs
- Une atmosphère qui demande à être accentuée[/onaimepas]